Les défis du système éducatif au Burkina Faso

 

Rédigé par Ruth Lakica

Traduit par Iasmina Stoian

Introduction

Le Burkina Faso est un pays enclavé d’Afrique de l’Ouest. Le pays occupe un vaste plateau et sa géographie est caractérisée par une savane herbeuse au nord qui cède progressivement la place à des forêts clairsemées au sud. Ancienne colonie française, il a accédé à l’indépendance sous le nom de Haute-Volta en 1960. Le nom de Burkina Faso, qui signifie « Pays des Incorruptibles », a été adopté en 1984.

Des écoliers au Burkina Faso – Photo par Anadolu Agency.

Caractéristiques de l’éducation au Burkina Faso

Le taux de scolarisation est l’un des plus faibles d’Afrique, bien que le gouvernement consacre une part importante du budget national à l’éducation. Le français est la langue d’enseignement dans le primaire et le secondaire.

L’éducation au Burkina Faso a une structure très similaire à celle du reste du monde, avec des écoles primaires, des écoles secondaires et des établissements d’enseignement supérieur. L’année scolaire au Burkina Faso s’étend d’octobre à juillet. La loi sur l’éducation stipule que l’école est obligatoire de 6 à 15 ans, mais malheureusement, cette obligation n’est pas toujours respectée. Le système éducatif est basé sur le modèle français et la langue d’enseignement dans toutes les écoles du Burkina Faso est le français. Selon la Banque Mondiale, il est notable qu’environ 56% des jeunes n’ont pas d’éducation formelle, et 16% des jeunes ont atteint au plus une éducation primaire incomplète, ce qui signifie qu’au total 72% des jeunes âgés de 15 à 24 ans n’ont pas achevé l’éducation primaire au Burkina Faso.

L’effet du Covid-19 sur l’éducation

Comme dans tous les pays du monde, le système éducatif du Burkina Faso a également été touché par le Covid-19. Toutes les écoles du Burkina Faso ont été fermées pendant neuf semaines à partir de mars 2020. Après cette période, les écoles ont rouvert dans certaines régions, et toutes les activités scolaires ont repris au bout de 14 semaines (UNESCO, 2020). La fermeture des écoles a touché plus de 20 000 établissements d’enseignement et perturbé l’éducation de plus de 4,7 millions d’élèves.
L’impact de la Covid-19 a forcé la fermeture d’écoles dans tout le pays, exposant les enfants les plus marginalisés au risque d’être privés d’apprentissage et de ne pas retourner en classe.

Broken Chalk félicite le Burkina Faso d’avoir adopté l’étude à distance pendant les fermetures d’écoles, avec du matériel d’apprentissage fourni par la télévision, la radio et l’internet pour les écoles primaires et secondaires (Institut de statistique de l’UNESCO, UNICEF et Banque mondiale, 2020). Cependant, 84 % des élèves n’ont pas accès à l’internet, 81 % n’ont pas d’appareils numériques et 81 % ont des difficultés à distribuer des copies papier du matériel d’apprentissage. Ces étudiants défavorisés, incapables d’accéder aux études à distance, ont pris du retard et d’autres ont abandonné leurs études.

L’accès à la technologie est un autre obstacle à l’enseignement à distance. Le projet MILO (Monitoring Impacts on Learning Outcomes) indique que le soutien dont de nombreuses écoles ont le plus besoin concerne l’accès à la technologie, plutôt que le capital humain.

Des groupes armés attaquent des enseignants, des élèves et des écoles au Burkina Faso

Le système éducatif du Burkina Faso est confronté à des attaques récurrentes et croissantes de la part de groupes armés. Des écoles ont été attaquées, des enseignants agressés et tués, et des ressources éducatives détruites. À un moment donné, toutes les écoles ont été fermées, ce qui a perturbé le calendrier scolaire. Les élèves et le personnel ont été renvoyés chez eux.

Le Burkina Faso est confronté à une crise de l’éducation, avec une grave détérioration de l’accès à l’éducation en raison de la violence armée au cours des dernières années. Les indicateurs de l’éducation sont en baisse depuis 2018, le taux brut de scolarisation au niveau primaire passant de 90,7% à 86,1% et au niveau post-primaire de 52% à 47,3%, soit une perte de 5 points en trois ans. Par exemple, dans la région du Sahel, partiellement touchée par l’insécurité, le taux brut de scolarisation au niveau primaire est passé de 53,4 % en 2018 à 20,3 % en 2021. Ainsi, seul un enfant sur quatre est scolarisé dans la région du Sahel en 2021.

Les attaques des groupes armés ont entraîné la fermeture de nombreuses écoles au Burkina Faso. Au 31 mai 2022, plus de 4 000 écoles étaient fermées pour cause d’insécurité, soit 17% des écoles du pays, interrompant l’éducation de plus de 700 000 enfants. On estime que 2,6 millions d’enfants et d’adolescents âgés de 6 à 17 ans ne sont pas scolarisés, ce qui représente plus de la moitié des enfants en âge d’être scolarisés (51,4%).

Les fermetures d’écoles se multiplient en raison des menaces des groupes armés – Photo de l’UNICEF

Accès à l’eau, à l’assainissement et à l’hygiène

54% de la population du Burkina Faso a accès à des sources d’eau potable améliorées tandis que seulement 23% a accès à des installations sanitaires améliorées. En ce qui concerne l’eau et les installations sanitaires dans les écoles, le Burkina Faso est confronté à des défis. Pauline W. Somlare, 14 ans, est en 6e année à l’école primaire de Mouni, située à 13 km de Niou, dans la région centrale des plateaux. Ouverte depuis octobre 1979, ce n’est qu’en 2001 que l’école a reçu sa première pompe à eau. Malgré l’installation de l’eau, tout ne se passe pas comme prévu. Il y a quelques semaines, l’école était à nouveau confrontée à un problème crucial d’eau entraînant la soif, le manque d’hygiène, les retards dans les cours et le déjeuner souvent servi en retard. La dernière panne de 2019 a pu être réparée. En décembre 2019, grâce à l’intervention de l’UNICEF suite à une demande du ministère en charge de l’éducation, la pompe à eau a été réhabilitée en janvier 2020.

La qualité de l’éducation

Malgré la gestion de la qualité du système éducatif burkinabé et ses nombreuses stratégies éducatives : La Loi d’orientation, le Plan de développement du secteur de l’éducation de base, le Plan sectoriel de l’éducation, la Stratégie intégrée de renforcement de l’encadrement pédagogique, la Stratégie intégrée de formation continue des enseignants et des cadres pédagogiques, ou encore son Cadre de référence de la qualité de l’éducation de base. Le Burkina Faso n’est pas encore tout à fait « premier de la classe ». Définir des stratégies ne suffit pas à garantir le succès.

La rareté des ressources financières est un fait, accentué par le transfert de compétences de l’État vers les collectivités locales. Et si les moyens financiers manquent, le diagnostic met aussi en évidence que les ressources humaines sont également limitées. Dans un système qui tend à se décentraliser davantage et qui confie de nombreuses responsabilités aux acteurs les plus proches du terrain, l’accompagnement de ces nouvelles responsabilités (notamment administratives et financières) n’est pas toujours à la hauteur des enjeux.

Des ressources qui ne correspondent pas toujours aux besoins. Peu formés et peu soutenus, les enseignants des zones concentrées semblent avoir du mal à jouer pleinement leur rôle. Souvent accablés par une lourde charge administrative, ils peinent à suivre le rythme et ralentissent ainsi les actions d’amélioration de la qualité de l’enseignement.

Conséquences négatives pour les élèves, les enseignants et la société.

Les attaques contre les écoles et les perturbations des cours ont réduit la qualité de l’enseignement dispensé aux élèves et ont fait prendre du retard à de nombreux étudiants. Selon Human Rights Watch, une étudiante a déclaré qu’elle avait échoué à son examen final après qu’une attaque ait forcé son école à fermer pendant des semaines, la laissant dans l’impossibilité de se préparer. Une autre a déclaré : « Cela me rend malheureuse de ne pas pouvoir terminer, de devoir reprendre des cours, de ne même pas avoir de documents prouvant que vous avez suivi le cours.

Absence de soutien psychosocial et matériel aux victimes d’attaques du groupe d’hommes armés.

Human Rights Watch a identifié le manque de soutien cohérent et opportun aux victimes d’attaques liées à l’éducation comme un autre problème majeur. De nombreux enseignants attaqués ou menacés ont déclaré n’avoir jamais reçu de soutien psychosocial de la part du gouvernement. D’autres ont déclaré que le soutien qu’ils avaient reçu était superficiel et terriblement inadéquat, sans aucun suivi à long terme. Nombre d’entre eux sont encore aux prises avec des problèmes émotionnels ou psychologiques. Les enseignants ont déclaré qu’ils se sentaient abandonnés et sous-estimés, et qu’ils s’attendaient à reprendre le travail après les redéploiements, malgré l’absence du soutien psychosocial, financier ou matériel nécessaire.

Conclusion

Malgré les défis auxquels est confronté le système éducatif au Burkina Faso, le gouvernement du Burkina Faso et d’autres organisations non gouvernementales tentent d’améliorer l’éducation au Burkina Faso. Près d’un million d’élèves n’ont plus accès à l’éducation. En réponse à cette situation, l’UNICEF, le ministère de l’Éducation nationale, de l’Alphabétisation et de la Promotion des langues nationales (MENA) et ses partenaires, tels que le King Salman Humanitarian Aid and Relief Center (KSrelief), ont développé le Programme d’éducation par radio en 2018. Ce programme assure la continuité de l’apprentissage pour les enfants affectés, qui ont fui leurs maisons en raison des attaques contre leurs écoles.

 

Références:

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Claude, T. (2021, February 10). Tackling schools’ access to safe water challenges-UNICEF. https://www.unicef.org/burkinafaso/en/stories/tackling-schools-access-safe-water-challenges-case-Mouni-primary-school

Quality of education in Burkina Faso: Limited policy impact due to poor Understanding of the problems on the ground. UNESCO. (2022, September 9). https://dakar.iiep.unesco.org/en/news/quality-education-burkina-faso-limited-policy-impact-due-Poor-understanding-problems-ground

Lauren, S. (2022, June). Education under attack 2022. https://eua2022.protectingeducation.org/

Jean, F. (2021, July 14). Covid-19 accelerating education Inequality in Burkina Faso. https://ideas4development.org/en/covid-19-accelerating-education-inequalities-in-burkina-faso/

Nick, R and Boubacar, B. ( 2022, November 21). Burkina Faso schoolchildren pay double price in ongoing conflict. https://www.aljazeera.com/features/2022/11/21/burkina-faso-schoolchildren-pay-double-price-in-Ongoing-conflict

Myron, E. (2022, December 16). Burkina Faso. https://www.hrw.org/africa/burkina-faso

HUMAN RIGHTS WATCH (2020, MAY). Armed forces and groups, Children affected by armed conflict, Education. https://resourcecentre.savethechildren.net/document/their-war-against-education-armed-group-attacks-teachers-students-and-schools-burkina-faso/

Educational Challenges in Congo

 

by Daniel Ordoñez

Translated by Laura Goubran

 

Introduction :

Le système éducatif de la République du Congo (Congo Brazzaville) est un kaléidoscope de réalités, de lacunes et de conséquences du colonialisme. En même temps, il possède un potentiel incroyable pour offrir aux nouvelles générations des opportunités de développement, de durabilité et de nouveaux défis sociopolitiques et culturels.

Cet article présentera divers aspects du système éducatif en République du Congo, en explorant ses caractéristiques, les contextes historiques, les défis actuels, les initiatives internationales et internes pour améliorer et développer l’éducation dans le pays. En outre, il sera impératif d’analyser le travail académique présenté par Dzanvoula Cheri Thibaut Gael, intitulé “Promouvoir la rétention des enseignants en République du Congo : Etude de cas des écoles primaires” (2019).

En outre, il est essentiel de noter la connexion du développement du système éducatif au fil des ans avec les différents pays d’Afrique équatoriale, liés par la forte influence de la France sur la région, marquant également la langue nationale avec des systèmes administratifs liés à un passé colonial, quelque chose qui nuirait à l’avenir du Congo et de ses pays voisins.

Cet article s’attachera à présenter une vision objective et complète des défis et des opportunités du système éducatif congolais. Une analyse approfondie mettra en lumière les efforts et les progrès réalisés par le pays, ainsi que les domaines dans lesquels un travail et une attention sont encore nécessaires pour parvenir à un système éducatif plus inclusif et plus efficace.

Contexte du pays :

La République du Congo présente différents contextes qui influencent directement le développement du système éducatif. Ces contextes sont politiques, sociaux, économiques et, surtout, son passé colonial.

  • Contexte historique (avec le passé colonial) :

School lunches in the Republic of Congo | Blog | Global Partnership for EducationDavid E. Gardinier affirme que la colonisation française de l’Afrique équatoriale a fortement influencé la structure éducative actuelle du Congo. Du milieu du 19e au 20e siècle, les missions protestantes et catholiques ont joué un rôle essentiel dans le lancement de l’éducation le long de l’estuaire du Gabon. Ces centres visaient à préparer le clergé, les catéchistes et les enseignants dans un cadre religieux.

Students from Brazzaville. Photo by Fdsm.

Le gouvernement colonial français a promu la langue et la culture françaises tout en freinant la montée d’une intelligentsia à l’éducation libérale, susceptible de déclencher des mouvements anticoloniaux. Au lieu de cela, l’administration a donné la priorité à la formation de diplômés de l’enseignement primaire pratiquement formés, destinés à servir d’auxiliaires et d’intermédiaires européens.

Text BoxPendant ce temps, le bassin du Congo a connu plusieurs politiques d’exploitation des ressources naturelles, qui ont eu de graves répercussions sur l’environnement et la société. Après la décolonisation de la Seconde Guerre mondiale, le Congo s’est retrouvé avec une économie de base fortement dépendante de l’agriculture. Le français est resté la principale langue d’enseignement, et l’éducation était intensément axée sur la culture française, les progrès éducatifs ultérieurs étant considérés comme inaccessibles.

En 1934, le Congo consacrait moins de 1 % de son budget à l’éducation, ce qui se traduisait par des écoles sous-équipées. L’indépendance a été obtenue en 1960, mais le Congo a continué à dépendre de la France pour les progrès de l’enseignement supérieur. Vers la fin du XXe siècle, le Congo a réussi à mettre en place un système d’enseignement primaire universel, mais celui-ci était étroitement lié au système français. Les établissements d’enseignement supérieur se trouvaient principalement en France. Après l’indépendance, le Congo a été confronté à des infrastructures éducatives inadaptées, à des classes surchargées et à un taux de déperdition important parmi les étudiants et les enseignants.

  • Contexte sociopolitique :

Depuis 2021, Anatole Collinet a été élu démocratiquement comme nouveau premier ministre, et ses politiques se concentrent sur la promotion et la croissance institutionnelle, économique, sociale et éducative. Le Congo a un indice de capital humain de 0,42%. Depuis des décennies, le pays est très loin d’avoir progressé dans les domaines de la santé et de l’éducation. Les statistiques montrent que seuls 30 % des enfants fréquentent l’école primaire et que seuls 40 % d’entre eux atteignent un niveau de compétence élevé en mathématiques et en français. Le pays traverse également une grave crise en ce qui concerne la mortalité infantile, avec plus de 33 décès pour 1 000 naissances. De même, l’infrastructure des services publics, comme l’électricité, n’est que de 66 % dans les zones urbaines et de 15 % dans les zones rurales. D’autre part, l’accès à l’eau propre et potable est inférieur à 74 % dans les zones urbaines et à 46 % dans les zones rurales, ce qui le place en dessous de son potentiel hydrologique.

  • Contexte économique :

Selon les rapports de la Banque Mondiale pour la République du Congo, le pays présente une extrême pauvreté, avec 52% de la population en 2021, avec une contraction économique entre 2020 et 2021. Ces indicateurs montrent une dépendance économique aux prix du pétrole, qui ont fortement chuté lors de la pandémie de Covid-19. Le pays a également un taux d’inflation stable de 2% en 2021 et de 3,2% en 2022. La croissance économique du GTP est estimée à 4,% en 2023 et 2024, directement liée aux risques de variations des prix internationaux du pétrole. Ceci pourrait affecter positivement ou négativement le développement et la mise en œuvre des politiques éducatives.

Éducation de la République du Congo :

An estimated 3.5 million children in the Democratic Republic of Congo do not attend primary school — one of the highest absentee rates in the world.Le système éducatif du pays, structuré après son indépendance en tant que colonie française, a connu plusieurs changements et approches au cours des décennies. Actuellement, la République du Congo dispose d’un système d’enseignement gratuit et obligatoire pour les jeunes de 6 à 16 ans. Il est classé en deux niveaux : l’enseignement primaire commence à l’âge de 6 ans et dure six ans. Pendant cette période, les jeunes apprennent les techniques agricoles, les sciences domestiques et les techniques manuelles. L’enseignement secondaire, quant à lui, comporte deux cycles, de quatre et trois ans, et propose des cours de formation professionnelle, de formation académique et technique, d’enseignement général et de formation des enseignants.

Text BoxIl est important de noter que le pays a consolidé les institutions d’enseignement supérieur au fil des décennies. L’université qui se distingue le plus est l’université Marien Ngouabi, qui a également réussi à structurer des collèges et des centres de formation spécialisée et technique.

Young students at the Mugosi Primary School, Kitschoro. Photo by M. Hofer, UNESCO.

Les défis :

Au cours des dernières décennies de développement socio-économique, politique et culturel de la République du Congo, le pays a présenté des défis dans son système éducatif, qui sont restés constants jusqu’à aujourd’hui.

Dans le rapport présenté par l’UNICEF pour la période 2020-2022, l’un des problèmes les plus urgents auxquels le pays est confronté est le sous-développement des possibilités d’éducation pré-primaire. Ce problème a des répercussions considérables sur l’environnement éducatif du pays et sur les perspectives des habitants. La qualité de l’enseignement primaire est également insuffisante, de sorte que seuls 60 % des enfants fréquentent l’enseignement secondaire, et ce pourcentage est encore plus élevé dans l’enseignement supérieur. D’autre part, le pays connaît un taux de redoublement par classe très élevé dans les écoles primaires. En ce qui concerne l’enseignement professionnel, il faut en faire davantage pour satisfaire les besoins du marché et de l’économie du pays. Un autre défi majeur est la longue liste d’inégalités qui subsistent dans les régions du pays, en fonction de la géographie ou de l’appartenance ethnique.

L’épuisement des enseignants:

Malgré ces défis, une situation menace l’avenir et la capacité de développement du système éducatif. Il s’agit de la rétention des enseignants dans les écoles primaires, qui constituent l’un des piliers fondamentaux du système éducatif et de la préparation académique des enfants.

Selon une étude présentée en 2019 sous le titre “Promouvoir la rétention des enseignants en République du Congo : Case Study of Primary Schools” par la Zhejiang Normal University of China, la plupart des enseignants du pays le deviennent par accident plutôt que par vocation, avec un taux très élevé d’enseignants démissionnant de leur poste dans les écoles primaires. Dans le cadre de l’étude, les enseignants qui ont participé aux enquêtes avaient tous échoué à leur examen d’entrée dans l’enseignement secondaire, ce qui montre que plusieurs facteurs encouragent les changements de carrière et les démissions. On estime que le pays compte environ 23 000 enseignants et que pour atteindre une couverture satisfaisante du secteur de l’éducation, 48 000 enseignants seraient nécessaires, l’enseignement primaire étant le secteur le plus touché. Selon un rapport de l’UNICEF de 2015, le Congo compte plus de 529 000 élèves pour 15 000 enseignants, ce qui signifie que la charge de travail et la qualité de l’enseignement sont très faibles.

L’étude menée par l’Université normale de Zhejiang en Chine a révélé que les éléments de motivation influencent les enseignants à entrer et à rester dans le secteur de l’enseignement primaire. La plupart des enseignants sont entrés dans ce secteur en raison de l’absence d’autres possibilités d’emploi après avoir obtenu leur diplôme universitaire et échoué au test d’admission dans les instituts de formation des enseignants du secondaire. Bien que certains enseignants considèrent l’enseignement comme une passion, la plupart d’entre eux ont noté un manque d’éléments motivants pour rester dans le secteur de l’enseignement primaire pendant une longue période.

De mauvaises conditions de travail, une rémunération insuffisante et un manque de ressources ont conduit à une faible satisfaction au travail, ce qui a entraîné une rotation importante des enseignants. Selon les résultats, les variables intrinsèques telles que la valeur personnelle, le respect et la réputation sont plus importantes que les critères extrinsèques tels que l’argent et les promotions pour déterminer la rotation et l’attrition des enseignants. Enfin, les variables intrinsèques et extrinsèques influencent la rotation et l’attrition des enseignants dans le secteur de l’enseignement primaire.

Ambitions, attentes et projets :

Selon l’UNICEF, dans son rapport présenté pour 2020-2022, la République du Congo cherche à utiliser l’éducation comme levier pour développer l’avenir de l’économie, la diversifier et l’intégrer dans l’économie mondiale. Son objectif principal est de former et d’éduquer sa population pour en faire une main-d’œuvre hautement qualifiée et compétitive. Le rapport détaille les stratégies dont le pays se dotera entre 2015 et 2025, élaborées avec la pleine participation des trois ministères en charge du système éducatif du pays. Il fixe trois points essentiels, en se concentrant sur les actions du système éducatif.

Les stratégies :

Le premier point de cette stratégie est de fournir et de garantir une éducation de 10 ans à tous les enfants congolais. Cette stratégie se concentre sur l’enseignement primaire, avec les compétences essentielles, et inclut un premier niveau d’enseignement secondaire, avec toutes les options professionnelles et techniques. En outre, comme alternative à l’enseignement général, la création d’écoles techniques pour fournir des emplois plus significatifs et des opportunités économiques pour les zones rurales ou défavorisées de suivre une éducation formelle. De même, cette stratégie vise à offrir des programmes d’alphabétisation non formels aux enfants ou aux jeunes adultes qui ont abandonné l’école.

L’enseignement des sciences pour développer une culture mathématique et scientifique. La deuxième stratégie vise à assurer une bonne adéquation entre l’éducation et les besoins économiques du pays en développant des programmes d’enseignement secondaire qui préparent les étudiants à des exigences plus élevées en matière d’études et de travail professionnel. D’autre part, elle vise à ce que les lycées techniques produisent et génèrent des compétences adaptées aux besoins économiques de la République du Congo. En outre, l’éducation devrait être axée sur le développement social.

Dans le cadre de la troisième stratégie, la République du Congo cherche à renforcer et à permettre le développement du secteur de l’éducation par le biais de deux programmes, “Information et pilotage” et “Gestion”. Ceux-ci visent à permettre au gouvernement de disposer de bons outils pour mettre en œuvre les différentes stratégies.

Pour le développement et le soutien de ces stratégies, le gouvernement dispose d’un budget d’environ 10 millions de dollars US, qui lui permettra également d’établir les principales composantes de ces stratégies, qui sont structurées en trois sections.

Le premier volet du programme vise à accroître l’équité dans l’enseignement primaire par le biais d’un ensemble d’activités destinées à améliorer les conditions des écoles de la Cuvette-Ouest et du Plateau. Dans ces localités, le pourcentage de redoublement des élèves est élevé et le taux de fréquentation par sexe des élèves est plus faible pour les filles que dans les autres régions et départements du pays. Selon le rapport de l’UNICEF, le programme soutiendra la construction de salles de classe, de matériel pédagogique, d’infrastructures d’eau potable et d’assainissement, ainsi que le développement de programmes d’alimentation scolaire et la distribution de kits scolaires.

Le deuxième volet du programme vise à améliorer la qualité de l’apprentissage grâce à la formation continue des enseignants volontaires et à la distribution de matériel pédagogique, notamment de livres et d’exercices. Les activités du programme compléteront les efforts couverts par d’autres sources de financement dans le plan du secteur de l’éducation, y compris les programmes financés par l’IDA, et aideront les instructeurs volontaires au niveau national.

Le troisième volet vise à accroître l’efficacité par des mesures qui contribuent à réduire les taux de redoublement. L’initiative financera une enquête sur les raisons du redoublement et la modification des politiques gouvernementales qui contrôlent la façon dont les écoles choisissent la promotion et le redoublement. Une assistance technique sera offerte pour faciliter l’organisation et l’administration de la mise à jour des programmes scolaires, ce qui comprend l’incorporation de l’enseignement pré-primaire, l’examen et l’identification des méthodes éducatives qui peuvent être développées, l’amélioration de l’alignement entre l’enseignement fondamental et la formation professionnelle ou technique, ainsi que la mise en œuvre d’une période d’enseignement fondamental de 10 ans. Ce dernier volet comprend également un appui au renouvellement du système de gestion des bases de données qui soutiennent les annuaires.

Rapport de la Banque mondiale

Par ailleurs, dans un rapport présenté en janvier 2022 par la Banque mondiale, le gouvernement de la République du Congo a élaboré un nouveau plan national de développement pour la période 2022-2026. Ce plan met l’accent sur la diversification économique afin de réduire les vulnérabilités et d’orienter la nation vers une croissance robuste, résiliente et globale. Il établit également un partenariat entre la Banque mondiale et le Congo jusqu’en 2025, appelé Cadre de partenariat pays (CPF). Conformément aux objectifs du gouvernement, le CPF cherche à aider le pays à améliorer la gouvernance économique, à favoriser un climat des affaires qui encourage la diversification économique, à renforcer ses ressources humaines et à améliorer la prestation des services publics essentiels, en particulier dans les domaines de la santé, de l’éducation et de la protection sociale. À la date du 2 septembre 2022, le portefeuille de la Banque mondiale comprenait 14 projets nationaux et deux projets régionaux pour un total de 788,96 millions de dollars d’engagements soutenus par l’IDA, la BIRD et les fonds fiduciaires.

 

References:

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Congo (Brazzaville) – Education – Country Dashboard – All. (n.d.). Retrieved March 27, 2023, from https://idea.usaid.gov/cd/congo%20(brazzaville)/education

Congo Education ~ Education in the Congo ~ Congo Brazzaville Education. (n.d.). Retrieved March 29, 2023, from http://www.african-volunteer.net/republic_of_congo_education.html

Congo, Republic of the Education System. (n.d.). Retrieved March 27, 2023, from https://www.scholaro.com/db/Countries/Republic-of-the-Congo/Education-System

Education in Republic of Congo | Global Partnership for Education. (n.d.). Retrieved March 27, 2023, from https://www.globalpartnership.org/where-we-work/republic-congo

Gael, D. C. T. (2019). Promoting Teacher Retention in the Republic of the Congo: Case Study of Primary Schools. Journal of Educational System.

Gardinier, D. E. (1974). Schooling in the States of Equatorial Africa. Canadian Journal of African Studies/La Revue Canadienne Des Études Africaines, 8(3), 517–538. https://doi.org/10.1080/00083968.1974.10804447

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Les défis de l’éducation au Bénin

 

Rédigé par Faith Galgalo

Traduit par Iasmina Stoian

Le profil du pays

Monument d’inauguration des Dévoués. Photo de la Présidence de la République du Bénin sur Flickr.

Située en Afrique de l’Ouest, sur la côte de l’océan Atlantique, la République du Bénin a obtenu son indépendance en 1960. Le Bénin fait partie des 15 États membres de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), un bloc régional visant à promouvoir la coopération économique entre les États membres, à élever le niveau de vie et à promouvoir le développement économique.

Système éducatif au Bénin

Le système éducatif béninois suit le modèle français, à savoir six années de primaire, quatre années de collège, trois années de lycée et trois années d’université, ce qui constitue le système 6-4-3-3 (UNESCO, 2023). Au Bénin, l’enseignement est gratuit depuis 17 ans. La disposition de la constitution relative aux droits et devoirs de l’individu, article 13, stipule que l’enseignement primaire est obligatoire et que le gouvernement doit progressivement offrir un enseignement gratuit à ses écoles (Constitution du Bénin (COB), 1990).

Problèmes de l’éducation au Bénin

La stratégie du Bénin visant à augmenter le nombre d’élèves en introduisant la gratuité de l’enseignement primaire a permis d’accroître le taux de scolarisation, qui est passé d’un taux net de 82 % en 2005, avant la gratuité de l’enseignement primaire, à 97 % en 2018, 12 ans après l’introduction de la gratuité de l’enseignement primaire (Banque mondiale, 2018).

L’augmentation rapide du nombre d’élèves au niveau de l’enseignement de base, due à la gratuité de l’enseignement, ne s’est toutefois pas traduite dans les niveaux progressifs de l’enseignement secondaire et universitaire. Selon les données de la Banque mondiale, 54 % des enfants béninois inscrits enpremière année d’école primaire atteignent finalement la dernière année d’enseignement primaire. Le faible nombre d’élèves qui accèdent à l’enseignement secondaire et universitaire a été attribué de manière significative au travail des enfants, aux mariages et grossesses précoces et à la pauvreté.

Le faible taux d’alphabétisation, qui s’élève actuellement à 46 %, est bien inférieur à celui des pays voisins, le Nigéria (62 %) et le Togo (67 %) (Banque mondiale, 2021). En 2018, le Bénin faisait partie des 10 pays les moins alphabétisés au monde (42,36). Le taux élevé d’abandon à d’autres niveaux d’éducation a entraîné une réduction du revenu national et du PIB global du pays, car les emplois occupés par des personnes moins qualifiées se traduisent par des emplois à faible revenu à l’avenir, ce qui réduit l’accès à l’innovation et le PIB. Les personnes ayant un faible niveau d’alphabétisation sont plus susceptibles d’avoir de moins bonnes opportunités d’emploi, de moins bons résultats et un revenu plus faible, car elles sont confrontées à la dépendance à l’égard de l’aide sociale et à des niveaux élevés de pauvreté dans le pays (World Literacy Foundation, 2018).

Écarts entre les sexes

Léandre Benon, enseignant, et Mariam, étudiante, au tableau. Photo par GPE/Chantal Rigaud sur Flickr.

Les taux élevés d’abandon scolaire sont particulièrement évidents pour les disparités entre les sexes au Bénin, où les filles sont plus nombreuses à abandonner leurs études que les garçons. Au Bénin, les écarts entre les femmes et les hommes découlent de disparités sociales structurelles qui commencent plus tôt dans la vie. Selon la Banque mondiale (Nathalie, 2022), le taux d’alphabétisation des hommes âgés de 15 à 24 ans est d’environ 55 %, tandis que le taux d’alphabétisation des femmes de la même tranche d’âge est d’environ 30 %. Seule une fille sur dix âgée de 21 à 24 ans a terminé l’école secondaire. En outre, un tiers des 20-24 ans sont mariés à l’âge de 18 ans, et 15 % sont déjà mères à l’âge de 15-19 ans (Nathalie, 2022).

En outre, le nombre moyen d’années de scolarisation au Bénin est de 3,8 ans, ce qui est inférieur à celui des pays membres de la CEDEAO, qui est de 4,2 ans en 2019 (Réseau des solutions pour le développement durable des Nations unies, 2022).

Depuis 2015, le Bénin n’a pas encore comblé cet écart. De même, la baisse du taux d’achèvement du premier cycle du secondaire, qui est passé de 45 % en 2015 à 33 % en 2020 (Réseau des solutions pour le développement durable des Nations unies, 2022), fait écho à la nécessité de se concentrer sur la poursuite de l’éducation et d’assurer une transition à 100 % d’un niveau d’éducation à l’autre, pour les deux sexes.

Ces écarts entre les sexes se sont répercutés sur l’ensemble de la communauté, puisque l’indice de parité entre les sexes, qui mesure les progrès accomplis par un pays vers la parité entre les sexes en matière de participation et/ou d’opportunités éducatives pour les femmes, est faible, à 0,79 % (Banque mondiale, 2022). Les jeunes filles béninoises risquent de ne pas terminer leurs études en raison des normes sociétales qui réduisent automatiquement la participation des femmes au secteur formel du Bénin. Le gouvernement a redoublé d’efforts pour veiller à ce que l’éducation des filles soit prise en compte, le Bénin ayant accepté d’introduire la Campagne de l’UA pour mettre fin au mariage des enfants en Afrique, qui fait partie de l’Agenda 2030 pour le développement durable des enfants en Afrique (Forwerk, 2017).

Le travail des enfants

Au Bénin, les enfants sont soumis aux pires formes de travail des enfants, notamment dans la production de coton et de granit broyé. Les enfants effectuent également des tâches dangereuses dans le cadre du travail domestique et de la vente dans la rue. Selon l’Organisation internationale du travail (OIT, 2021), 20 % des enfants de moins de 14 ans sont victimes du travail des enfants.

Les enfants sont victimes de trafic, principalement à l’intérieur du Bénin, mais aussi vers les pays voisins tels que le Gabon, le Nigeria et la République du Congo, pour le travail domestique et l’exploitation sexuelle commerciale, et pour travailler dans la vente, l’agriculture et l’extraction de pierres (OIT, 2021). Les enfants vivant dans les régions septentrionales du Bénin sont les plus vulnérables à la traite, car il s’agit d’une zone rurale. Selon l’Organisation internationale du travail, une pratique connue localement sous le nom de vidomégon (placement d’enfants) consiste à envoyer des enfants, principalement des filles, vivre dans d’autres familles pour effectuer des travaux domestiques en échange d’opportunités éducatives, ce qui, dans la plupart des cas, conduit de nombreux enfants à devenir victimes d’exploitation au travail et d’abus sexuels.

En 2013, le gouvernement a mis en œuvre une campagne nationale de sensibilisation à la lutte contre le travail des enfants et a signé un accord bipartite avec une association de travailleurs béninois pour réduire le travail des enfants grâce à une collaboration accrue (Refworld, 2021). Cette année-là, les représentants du gouvernement ont traité 62 cas de traite d’enfants et 11 cas d’exploitation du travail des enfants, ont renvoyé 23 suspects devant le système judiciaire pour des accusations de travail et de traite d’enfants, et ont fourni un abri à 173 victimes de la traite (OIT, 2021). Dans le cadre d’un autre effort visant à mettre fin au travail des enfants, le gouvernement du Bénin, par l’intermédiaire de son service des affaires sociales, a retiré 400 enfants du travail des enfants à la suite d’une inspection des services sociaux (OIT, 2021).

Absence de documentation officielle

Une classe de mathématiques de terminale au Collège d’enseignement général de Sô-Ava. Photo par GPE/Chantal Rigaud sur Flickr.

Le gouvernement béninois offre l’enregistrement gratuit d’un nouveau-né avant 10 jours, après quoi le parent ou le tuteur doit payer 30 dollars (OIT, 2021). Les pratiques culturelles telles que l’attribution d’un nom à un bébé prennent 10 jours après la naissance, ce qui laisse peu de temps aux parents pour enregistrer leur enfant et obtenir un certificat de naissance. Dans d’autres ménages, deux enfants béninois sur dix naissent à la maison, ce qui leur donne peu ou pas d’espoir d’obtenir des documents officiels (OIT, 2021).

L’absence de documents officiels, quel que soit le pays, constitue un obstacle à l’exercice des droits fondamentaux tels que l’accès à la santé et à l’éducation. Au Bénin, 4 enfants sur 10 ne sont pas enregistrés à la naissance et ne reçoivent pas d’acte de naissance. Par conséquent, ils se voient souvent refuser le droit à l’éducation et n’ont pas accès à d’autres services essentiels, ce qui entraîne une augmentation du secteur informel et du travail des enfants.

Depuis janvier 2012, l’UNICEF a participé à la distribution de plus de 140 000 actes de naissance qui ont été retirés dans les centres d’enregistrement de l’état civil. Grâce à cette initiative, les enfants ont accès aux services auxquels ils ont droit, tels que la santé et l’éducation. Selon le HCR, un forum national sur l’état civil vise à résoudre les problèmes qui empêchent l’accès universel à l’enregistrement des naissances au Bénin (UNICEF, 2012).

Conclusion

Le Bénin est un pays avec une économie en croissance, dont les efforts tels que la gratuité de l’enseignement primaire, l’augmentation du nombre d’enseignants et des équipements, ont montré une légère augmentation, mais il est encore nécessaire que le gouvernement augmente ses efforts pour assurer une transition de 100% à tous les niveaux de l’éducation dans les deux sexes, ce qui augmentera le taux d’alphabétisation, et éventuellement la situation économique pour améliorer la vie du peuple béninois.

Quelques recommandations seraient d’augmenter les dépenses du gouvernement dans le secteur de l’éducation, en particulier en suivant le plan quinquennal du gouvernement à travers son programme d’action qui a commencé en 2021-2026, qui vise à accroître le développement dans divers secteurs du gouvernement tels que les défis de l’éducation, les défis du développement et les défis économiques. Le gouvernement doit également redoubler d’efforts pour s’assurer qu’aucun enfant n’est laissé pour compte en raison du manque d’identification, du travail des enfants et des mariages précoces. Le gouvernement et les acteurs de l’éducation doivent encourager les communautés, en particulier dans les zones rurales, à considérer l’éducation comme un atout et, grâce à elle, toute une communauté bénéficie de nouvelles idées, de leaders et d’un niveau de vie plus élevé. Grâce à cela, le taux d’alphabétisation du Bénin augmentera, ce qui permettra à la main-d’œuvre béninoise, qui dépend essentiellement de l’agriculture, de s’étendre à d’autres secteurs tels que la technologie et les services professionnels et commerciaux, et donc d’augmenter le PIB du Bénin. 

 

Références:

Les défis du système éducatif au Mali

 

By Ruth Lakica
Translated by: Laura Goubran

 

Introduction

L’éducation est un droit fondamental pour tout être humain dans le monde. Quel que soit le statut économique ou social d’une personne, elle devrait pouvoir accéder à l’éducation. Même si cela semble évident et connu de tous, ce n’est pas la réalité pour de nombreux Maliens. Néanmoins, le gouvernement a fait et continue de faire des efforts significatifs pour lutter contre l’analphabétisme. Par exemple, le gouvernement a divisé l’enseignement primaire en deux cycles, ce qui a permis aux étudiants maliens de passer des examens pour être admis dans l’enseignement secondaire, tertiaire ou supérieur. Cependant, le Mali est toujours confronté à une crise sécuritaire depuis plusieurs années, qui a gravement compromis l’accès à l’éducation de milliers d’enfants en âge scolaire, en particulier dans le nord du pays.

Les menaces contre les écoles et la destruction des infrastructures et des équipements scolaires ont entraîné une pénurie d’enseignants dans les zones touchées et une rupture du système d’appui pédagogique en raison des déplacements massifs de populationi.

Conflits et insécurité

Rokia Abdoulaye est une élève de l’école primaire à Ménaka, au Mali. “L’école représente beaucoup pour moi. Parce que l’école, c’est notre avenir “, dit-elle. Photo par Itunu Kuku/NRC.

 

Le pays enregistre de plus en plus de graves violations des droits de l’homme et du droit humanitaire international. Les attaques violentes des groupes armés touchent désormais les civils dans la majeure partie du pays.

Les menaces des groupes armés restent le principal facteur à l’origine de la fermeture de 1700 écoles au Mali aujourd’huiii. Depuis deux ans, le pays fait partie des trois pays africains dont les écoles sont le plus attaquées, avec le Nigéria et la République démocratique du Congo, selon la Coalition mondiale pour la protection de l’éducation contre les attaques (GCPEA).

Outre l’insécurité, l’éducation d’urgence dans les zones de conflit manque cruellement de fonds. Depuis le début de l’année 2022, une école sur dix est restée fermée au Mali en raison du manque d’infrastructures et de matériel scolaire. Le budget national du Mali ne peut pas couvrir les besoins et l’éducation est l’un des secteurs les moins financés dans la réponse humanitaire, représentant seulement 2 % des fonds reçus en 2022.

Pour les écoles situées dans les zones de conflit qui luttent pour rester ouvertes, il est vital de disposer de fonds pour construire et réhabiliter les infrastructures scolaires. Selon l’article du Conseil norvégien pour les réfugiés sur l’insécurité au Mali, “dans certaines écoles de la région, une seule salle de classe peut souvent accueillir jusqu’à 300 enfants en raison du manque d’infrastructures”, a déclaré Ibrahim Ag Bijangoum, directeur par intérim de l’Académie de l’éducation de Ménaka. Il est impossible pour les élèves et étudiants scolarisés d’avoir le goût d’apprendre dans de telles conditions.

Pauvreté des ménages

Source: UNICEF/UN0430942/Keïta

 

L’accès à l’école et la réussite scolaire sont inéquitables, les filles et les enfants des familles les plus pauvres étant les plus exposés au risque d’abandon scolaire : Selon l’UNICEF, en 2020, seulement 73,8 % des filles sont inscrites dans l’enseignement primaire de base, contre 85,8 % des garçons. Lorsqu’elles atteignent l’enseignement secondaire, la proportion de filles scolarisées n’est que de 15 %, contre 21 % pour les garçonsiii.

Parmi les enfants qui vont à l’école au Mali, l’absence d’enseignants qualifiés, de manuels scolaires et la mauvaise qualité de l’environnement scolaire ont un impact négatif sur les résultats de l’apprentissage : la plupart des élèves de cinquième année au Mali ne sont pas en mesure de maîtriser les compétences de base en mathématiques et en lecture.

Impact de la Covid-19

Les fermetures d’écoles et la perte de revenus des ménages, en particulier dans les zones rurales, ont restreint l’accès à l’éducation des enfants en âge d’être scolarisés. De nombreux élèves ont abandonné définitivement l’école en raison de la perte de revenus de leurs parents. Les filles n’ont pas réintégré l’école et ont été exposées à des mariages et des grossesses précoces. Selon la Banque mondiale, à Bamako en août 2021, un économiste principal spécialiste de la pauvreté à la Banque mondiale et co-auteur du rapport, ajoute que les enfants en âge d’aller à l’école risquent aujourd’hui de voir leurs revenus diminuer au cours de leur vie à cause de la pandémieiv.

Eau, assainissement et hygiène

L’accès à l’eau potable, à l’assainissement et à l’hygiène protège les enfants contre les maladies hydriques courantes telles que la diarrhée et réduit les retards de croissance, qui touchent plus de 26 % des enfants au Mali.

Selon l’UNICEF en 2015, au Mali, seulement la moitié des écoles disposent d’un point d’eau amélioré, et moins de 20 % des écoles ont des toilettes fonctionnelles et séparées pour les garçons et les filles. En outre, plus d’un million de personnes au Mali pratiquent encore la défécation à l’air libre, ce qui a un impact direct sur la santé et la sécurité des communautés. Si 80 % de la population malienne a désormais accès à des sources améliorées d’eau potable, ce chiffre diminue considérablement dans les zones rurales, où il n’est que de 70 %v. Les déplacements dans les régions du Mali touchées par les conflits ont encore limité l’accès des familles en mouvement à l’eau potable et à l’assainissement.

Conclusion

En conclusion, malgré les défis auxquels est confronté le système éducatif au Mali, le gouvernement du Mali et d’autres organisations ont travaillé dur pour améliorer l’éducation. L’UNICEF au Mali et d’autres partenaires ont travaillé dans les communautés, les écoles et les centres de santé pour améliorer l’accès à l’eau potable, à l’hygiène et à l’assainissement dans tous les domaines de la vie des enfants.

Selon les opérations européennes de protection civile et d’aide humanitaire, l’UE a fourni plus de 472 millions d’euros d’aide humanitaire au Mali depuis le début de la crise en 2012. Elle est actuellement l’un des principaux donateurs d’aide dans le pays.vi.

 

Références

[i]Global Partnership for Education. (2021). Education in Mali. Retrieved from: https://www.globalpartnership.org/where-we-work/mali.

[ii]Norwegiann Refugee Council. (2022). Mali: Insecurity and lack of funding force over half a million children out of school.  Retrieved from: https://www.nrc.no/news/2022/june/mali-insecurity-and-lack-of-funding-force-over-half-a-million-children-out-of-school/

[iii] UNICEF (2020). Harnessing children’s potential through quality education for every child. Retrieved from:https://www.unicef.org/mali/en/education

[iii] UNICEF (2020). Harnessing children’s potential through quality education for every child. Retrieved from:https://www.unicef.org/mali/en/education

[iv]The World Bank. (2021). Mali: Understand COVID-19’s impacts for better actions. Retrieved from: https://www.worldbank.org/en/news/feature/2021/08/11/mali-understand-covid-19-s-impacts-for-better-actions

[v]UNICEF. (2023) Water, sanitation, and hygiene: Improving children’s lives through clean water and clean environments. Retrieved from: https://www.unicef.org/mali/en/water-sanitation-and-hygiene

[vi]European Commission. (2023). European Civil Protection and Humanitarian Aid Operations: Mali. Retrieved from: https://civil-protection-humanitarian-aid.ec.europa.eu/where/africa/mali_en

Communiqué de presse : Briser les Conventions. L’appel de Broken Chalk pour un cessez-le-feu immédiat et pour le droit à l’autodétermination palestinienne en cette journée internationale de solidarité avec le peuple palestinien

Le 29 novembre 2023.

Alors que nous reflétons sur ce jour historique du 29 novembre, marquant les 76 ans depuis le plan de partage de l’ONU, le monde doit se tenir uni en solidarité avec le peuple palestinien, reconnaissant leur droit inhérent à résister à l’occupation et à atteindre l’autodétermination. En cette journée internationale déchirante de solidarité avec le peuple palestinien, Broken Chalk plaide pour l’union du peuple palestinien sous un territoire souverain unique et pour une résolution pacifique du conflit israélo-palestinien qui dure depuis déjà 75 ans. En ce jour en 1947, l’ONU a adopté le plan de partage, visant la création d’un état juif et d’un état palestinien, avec Jérusalem comme zone internationale et neutre, un “corpus separatum“. Cette Résolution a fondé les bases pour une solution à deux États, basée sur les principes d’égalité des droits et d’autodétermination en accord avec l’article 1(2) de la Charte des Nations Unies.1

À la suite des événements récents, Broken Chalk fait écho à l’affirmation du Secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, selon laquelle les attaques du 7 octobre par le Hamas “ne se sont pas produites dans le vide” et sont liées à la lutte de 75 ans pour l’autodétermination et la résistance à l’occupation israélienne.2 Depuis l’attaque récente du Hamas du 7 octobre 2023, plus de 12 000 civils ont été tués dans la bande de Gaza, dont plus de 5 000 enfants3 “Gaza est devenue un cimetière pour enfants”, déclare le Secrétaire général de l’ONU.4

Broken Chalk affirme l’importance de favoriser un dialogue politique pour parvenir à une solution durable au conflit israélo-palestinien. Reconnaissant l’urgence d’une solution à deux États, nous soulignons que le chemin vers un véritable droit à l’autodétermination pour les palestiniens doit s’initier à la racine. Il est impératif que la société civile bénéficie d’une autonomie totale pour façonner et forger ses propres États, libres d’impositions externes. Alors que nous contemplons les aspirations à long terme pour l’autodétermination palestinienne, il devient clair qu’une étape essentielle de ce processus est de reconnaître que les Palestiniens ont la capacité de construire un modèle pour leur propre État indépendamment, libre des contraintes externes imposées par Israël ou la communauté internationale.

En ce jour du 29 novembre, il est indispensable de réaffirmer la nécessité immédiate du respect de l’engagement envers une solution à deux États, favorisant un environnement où Palestiniens et Israéliens prospèrent avec autonomie et souveraineté. Une réunion des palestiniens résidant à la fois en Cisjordanie et à Gaza doit transcender la simple considération ; elle exige une reconnaissance comme solution durable intégrée aux engagements politiques d’Israël et à la conscience collective de la communauté internationale. Cette division géographique parmi les palestiniens non seulement entrave la réalisation de l’autodétermination palestinienne mais perpétue également les défis posés par les implantations illégales en Cisjordanie et l’apparente stagnation de l’Autorité palestinienne (AP).

Tout en reconnaissant le droit légitime d’Israël à se défendre contre une organisation terroriste totalement engagée dans le démantèlement de l’État juif, Broken Chalk souligne l’importance primordiale du respect inébranlable du droit international, en mettant particulièrement l’accent sur le maintien de la proportionnalité en réponse aux menaces sécuritaires5 En condamnant l’attaque universellement déplorable du Hamas, il est crucial de mettre en lumière la disparité dans l’approche israélienne. Les palestiniens à Gaza subissent une punition collective pour les actions du Hamas, soulevant des questions sur la légalité de la proportionnalité de la réponse israélienne. Les méthodes employées par les Forces de défense israéliennes semblent incongrues avec les objectifs visés, le ratio alarmant des pertes révèle un déséquilibre flagrant – pour chaque civil israélien perdu, 10 palestiniens ont perdu la vie.6 Alors que nous naviguons dans ce paysage extrêmement complexe, Broken Chalk plaide en faveur d’une approche mesurée et proportionnée qui respecte les principes du droit international tout en respectant les droits et les vies de tous ceux affectés par le conflit.

Les récentes attaques ont porté un coup significatif aux perspectives d’une solution à deux États, avec des rapports suggérant que les Palestiniens de Gaza font face à un déplacement vers le Sinaï, en Égypte, au milieu de négociations en cours7 Il est crucial de mettre en lumière les défis auxquels Gaza est confronté, où un contrôle limité sur son territoire, ses frontières et son économie entrave sa capacité à exercer une pleine autonomie. Broken Chalk condamne le déplacement signalé des Palestiniens vers le sud de Gaza et exige tous parties impliquées à prioriser la préservation des droits de l’homme et du droit international.8

Conformément à la mission principale de Broken Chalk qui est de rendre l’éducation universelle, nous considérons l’attaque cataclysmique contre l’école al-Fakhoora, exploitée par l’UNRWA, comme extrêmement déplorable. 9 Cibler les institutions éducatives enfreins le droit fondamental à l’éducation pour tous, et entrave les perspectives d’un avenir meilleur pour les Palestiniens. Comme les enfants sont l’avenir de notre monde, la communauté internationale doit faire tout ce qui est nécessaire pour empêcher les attaques contre les camps de réfugiés et les écoles et pour éviter de nouvelles pertes d’innocents. Nous appelons à une collaboration potentielle avec d’autres ONG pour lancer une campagne de collecte de fonds en tant qu’aide d’urgence pour ceux qui ont été touchés à Gaza.

Alors que nous sommes solidaires avec les Palestiniens en ce jour important, Broken Chalk en appelle à la communauté internationale pour renouveler son engagement envers une résolution juste et durable qui respecte les droits et les aspirations des Palestiniens et des Israéliens. Nous demandons un cessez-le-feu immédiat et une révision du plan de partage de l’ONU dans lequel les deux parties jouissent du droit à l’autodétermination.

Broken Chalk l’annonce au public avec tout le respect dû.

Signé,

Broken Chalk


Traduction de ce communiqué de presse en français par Laraib Ahmed, Gauthier Schoufs et Rein Daphné.

References

1 https://www.un.org/securitycouncil/content/purposes-and-principles-un-chapter-i-un-charter#rel1

2 https://www.politico.eu/article/israel-united-nations-antonio-guterres-hamas-attack-vacuum-comments/

3 https://www.aljazeera.com/news/2023/11/18/israeli-air-strikes-kill-28-palestinians-in-southern-gaza#:~:text=Since October 7, more than,to about 2.3 million people.

4 https://www.dci-palestine.org/4237_palestinian_children_killed_as_gaza_becomes_graveyard_for_children

5 https://guide-humanitarian-law.org/content/article/3/proportionality/

6 https://www.youtube.com/watch?v=9jsJYHuGPms

7 https://www.timesofisrael.com/intelligence-ministry-concept-paper-proposes-transferring-gazans-to-egypts-sinai/

8 https://edition.cnn.com/2023/11/08/world/palestinians-fleeing-south-gaza-city-unbearable-situation/index.html

9 https://www.wionews.com/world/at-least-50-killed-in-israeli-airstrikes-on-al-fakhoora-school-in-gazas-jabalia-refugee-camp-660179

Journée internationale de solidarité avec le peuple palestinien ~ 29 novembre 2023

Protesters march with free Palestine signs

Ecrit par Benjamin Koponen, Caren Thomas & Zina Sabbagh et traduit en français par Laraib Ahmed

Photo par Luke White sur Unsplash

Le Paysage Éducatif en Palestine

Au milieu des récentes escalades à Gaza, Bisan Owda, une journaliste de la région, commence la plupart de ses interviews en reconnaissant sa survie. Ses mots résonnent avec la réalité saisissante.

“Il n’y a pas d’endroit sûr à Gaza.”wizard_bisan1, Instagram, 2023.

L’impact dévastateur sur les institutions éducatives souligne cette vérité criante. Plus de 200 écoles ont été cruellement endommagées, bombardées, ou entièrement rasées dans cette petite région géographique. De manière choquante, cela représente près de 40 % du nombre total d’écoles dans la bande de Gaza.

Les installations et écoles de l’UNRWA (Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient), considérées comme des établissements protégés par le droit international et la communauté mondiale, ne bénéficient plus de la garantie de sécurité. La réalité est devenue douloureusement évidente avec le bombardement de l’école Al Fakhoura de l’UNRWA, un établissement largement reconnu dans le nord de Gaza, le 19 novembre. À ce moment-là, plus de 7 000 personnes, dont des enseignants, des étudiants, des familles et des personnes âgées, cherchaient refuge derrière ses murs. En un instant, ce sanctuaire, un institut éducatif qui a aidé à réaliser des rêves et des espoirs, a été détruit.

Approfondir les défis des Palestiniens dans le domaine éducatif offre un tableau plus clair de leurs luttes. L’éducation secondaire palestinienne comprend trois secteurs principaux : les écoles privées, les écoles publiques et les écoles de l’UNRWA spécialement établies pour les réfugiés palestiniens. Ces institutions adhèrent au programme d’études palestinien normalisé établi par le gouvernement palestinien. Un aspect intrigant à noter est le contrôle et la censure continus imposés par le gouvernement israélien sur le programme d’études palestinien normalisé. Les autorités israéliennes restreignent les informations détaillées sur le patrimoine, la culture et l’histoire palestiniens.

De plus, la simple représentation d’une carte délimitant les frontières de la Palestine est régulièrement interdite. Cela force le programme d’études palestinien à être extrêmement flexible car des changements continus s’y opèrent. De plus, les élèves et les enseignants font face à de nombreux obstacles pour accéder aux écoles. Dans toute la Cisjordanie, les checkpoints constituent un obstacle majeur, entravant le déplacement des individus vers les établissements éducatifs. De même, à Gaza, les bombardements fréquents augmentent davantage les défis auxquels font face les étudiants et les éducateurs dans leur quête d’éducation.

Un autre obstacle auquel le secteur de l’éducation secondaire est confronté est le financement. Un rapport de la Coalition mondiale pour la protection de l’éducation contre les attaques (GCPEA) a mentionné qu’environ 3,55 millions de dollars seraient nécessaires pour réparer les dommages causés aux installations scolaires lors de l’agression de mai 2021. En raison de l’occupation militaire israélienne, l’économie de l’Autorité palestinienne est gravement entravée. Ainsi, le secteur éducatif dépend fortement des dons et de l’aide de la communauté internationale, principalement de l’ONU. Cependant, depuis 2016, l’aide aux écoles de l’UNRWA diminue radicalement en raison des changements dans le domaine politique.

Les écoles de Gaza se composent de 284 établissements de l’UNRWA sur 561 écoles en raison du nombre élevé de réfugiés des villages voisins détruits. Par conséquent, bon nombre de ces écoles manquent d’infrastructures, de salles de classe et de matériel pour fonctionner correctement ; cependant, elles prospèrent toujours et utilisent autant de matériel que possible pour fonctionner au mieux de leurs capacités. Même lorsque les étudiants surmontent tous ces défis difficiles, s’ils veulent poursuivre des études supérieures en dehors de Gaza, ils se voient refuser des permis par Israël, les confinant ainsi à Gaza. En ce qui concerne l’éducation, de nombreuses tactiques employées par l’occupation israélienne exacerbent ces difficultés. Même s’il y avait une fin à la destruction et à la guerre contre Gaza, le traumatisme et le SSPT (syndrome de stress post-traumatique) auxquels sont confrontés les étudiants, les enseignants et d’autres individus prendront des générations pour être traités, guéris et totalement récupérés.

Santé mentale des enfants palestiniens

Photo par Austin Crick sur Unsplash

La santé mentale est un prisme délicat à travers lequel les êtres humains se comprennent eux-mêmes et le monde qui les entoure. Ce prisme est symbolisé par la capacité des gens à gérer le stress, à développer leurs talents, à apprendre/travailler efficacement et à soutenir leur communauté. Ces stratégies de résilience ne sont pas des mécanismes de survie face au traumatisme mais permettent aux individus de surmonter les revers et de grandir en tant qu’individus. Cependant, les incidents traumatiques de l’enfance, tels que la guerre, peuvent induire des niveaux de stress qui dépassent l’efficacité des mécanismes de survie sains. Les bombardements continus, le déplacement et l’occupation de Gaza/Cisjordanie ont accru l’anxiété, la dépression et le SSPT parmi les enfants palestiniens locaux.

Depuis le 7 octobre, les forces de défense israéliennes ont tué environ 11 320 civils palestiniens. Parmi eux, 4 650 enfants et 3 145 femmes ont été tués, laissant 29 200 blessés et 3 600 non comptabilisés (dont 1 755 enfants). Il y a douze ans, Dimitry a trouvé que “les expériences traumatiques liées au conflit sont positivement corrélées à la prévalence des problèmes mentaux, comportementaux et émotionnels”.

Dès 2011, environ 23 % à 70 % des enfants auraient souffert de SSPT. Le SSPT est une réponse mentale/physiologique prolongée à des expériences extrêmement stressantes. Pour les enfants palestiniens, l’exposition aux attaques terroristes, le déplacement de leur domicile, les abus violents et le fait de témoigner quotidiennement de l’humiliation les poussent en mode survie.

Maintenir une routine quotidienne est essentiel pour assurer la santé mentale des enfants. Cependant, la destruction des écoles, des maisons et les déplacements réguliers créent un environnement imprévisible. On a remarqué que la nature persistante de l’occupation israélienne prive les civils (en particulier les enfants) d’un moment pour guérir. En conséquence, ils sont plongés dans un état constant de stress traumatique. En 2022, 90 % des enfants ressentent de l’anxiété de séparation par rapport à leurs parents, plus de 50 % ont envisagé le suicide, et 59 % présentent un mutisme réactif. De plus, le Guardian a rapporté que les enfants rencontrent également des difficultés à dormir. Cependant, les enfants ont développé des stratégies pour faire face à ces symptômes post-traumatiques de différentes manières. Cela inclut l’exposition active à des événements traumatiques et la résistance politique en tant que réponse au traumatisme causé par la violence politique.

Les jeunes Palestiniens, souvent des jeunes hommes et garçons, sont connus pour respecter leurs pairs battus/emprisonnés. De cette manière, ils transforment la peur de la persécution en courage. En revanche, les jeunes femmes et filles palestiniennes sont plus susceptibles de manifester des symptômes de SSPT par l’anxiété et la dépression. Ces caractéristiques correspondent aux attentes de genre des garçons/filles au Moyen-Orient. Sans surprise, les jeunes hommes et garçons qui adoptent ces comportements manifestent plus de symptômes de SSPT que leurs homologues féminins. L’exposition active au traumatisme est profondément liée à la résistance en tant que réponse au traumatisme.

Wispelwey & Jamei démontrent que l’activisme politique, en particulier la Grande Marche du Retour (GMR), peut avoir “un impact positif sur la santé mentale de la communauté via un sentiment d’agence, d’espoir”. La GMR, une série de manifestations initiée en mars 2018, était censée symboliser le droit des Palestiniens à retourner dans leur patrie (consacré par la résolution 194 de l’ONU). La GMR a adopté une atmosphère culturelle/festive remplie de danse, de nourriture et de chants. Les manifestants ont rencontré la réponse militariste de l’IDF – distribuant du gaz lacrymogène et tirant sur la foule – avec un sentiment ancré d’agence pour façonner leur réalité politique.

L’état désespéré de la santé mentale des enfants en Palestine est lié à la réalité de l’occupation israélienne. L’anxiété n’est pas une réponse irrationnelle à la guerre. La dépression n’est pas une réponse irrationnelle à un manque d’opportunités. Ce sont des symptômes psychologiques de décisions prises par des dirigeants politiques. Dans une lettre publiée par Save The Children, 6 enfants palestiniens – Salma, Niveen, Zain, Samer, Khaled et Amal – ont exposé leurs souhaits ; “La première chose que nous souhaitons, c’est que la guerre se termine… Nous espérons que tous les bâtiments détruits seront dégagés et que quelque chose de mieux et de plus beau viendra à leur place”. Les soins médicaux, l’infrastructure et le soutien communautaire seront essentiels pour la guérison. Un cessez-le-feu est la première étape de ce processus de guérison.

Déprivation des ressources pour les étudiants en Palestine

Au début de l’année 2023, les Nations unies ont enregistré au moins 423 incidents impactant les enfants palestiniens et leur éducation. Cela inclut les tirs des forces israéliennes sur les écoles et les enfants, les opérations et les démolitions d’écoles. Le Ministère de l’Éducation de Gaza a suspendu l’année scolaire 2023-2024. En raison des bombardements indiscriminés de Gaza, les écoles de la bande servent de “lieux sûrs” pour les Palestiniens. Cependant, même les écoles ont été visées par les bombardements israéliens.

Actuellement, les écoles gérées par l’UNRWA – l’Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient – ont été ciblées à de nombreuses reprises par des attaques israéliennes. Ces écoles sont censées être considérées comme des zones sécurisées pendant un conflit armé. Cependant, ce que nous constatons à Gaza, c’est le ciblage délibéré de civils innocents, en particulier d’enfants. Ce ciblage de ceux qui cherchent refuge dans les écoles entraîne finalement la mort et les blessures de nombreux civils. Cela conduit à la perturbation de l’éducation en raison de la perte de ressources lorsqu’un conflit armé cible les écoles et d’autres institutions éducatives.

Défense des Enfants International – Palestine, lauréate du Prix Rafto 2023, dans leur rapport “Enfant en Guerre, 2022”, a mentionné que les enfants palestiniens ont exprimé qu’ils ne veulent pas d’aide financière de la communauté internationale. Au lieu de cela, les enfants aimeraient être protégés des fouilles qui ont lieu aux checkpoints et des attaques qui se produisent à l’école. De plus, les défenseurs des droits de l’enfant de Palestine ont eu l’opportunité de participer à des réunions avec des organes internationaux de défense des droits de l’homme, mais aucune attention n’a été accordée pour répondre aux besoins des enfants. La réalité sur le terrain reste la même.

 Photo par Gayatri Malhotra sur Unsplash

La bande de Gaza continue de subir des conflits armés, causant des dommages colossaux aux infrastructures et aux ressources éducatives. Un enfant est censé être à l’école pour apprendre, mais maintenant, il se rend à l’école avec sa famille pour se protéger des bombardements. Le nombre d’écoles endommagées s’élève à au moins 300 écoles et 183 enseignants ont été tués. De plus, le blocus d’Israël sur l’eau, la nourriture, les fournitures médicales, l’électricité et le carburant impose de graves risques pour l’accès aux ressources de ces enfants.

Une lacune dans l’éducation de l’enfant qui survient en raison du conflit, associée à l’absence de soutien psychosocial, peut laisser de nombreux enfants se sentir désespérément en retard. La situation à Gaza nécessite que les habitants reconstruisent leurs écoles, leur assainissement et d’autres ressources éducatives. Les habitants doivent trouver des moyens d’adapter des espaces d’apprentissage temporaires, obtenir le soutien de la communauté internationale pour reconstruire leurs systèmes éducatifs et, surtout, trouver des enseignants équipés pour comprendre l’environnement brisé de ces jeunes esprits. L’éducation est extrêmement cruciale dans cet environnement déchirant, car elle offre l’épine dorsale et la liberté potentielle pour surmonter certaines des difficultés rencontrées par ces enfants palestiniens.

Alors que d’innombrables lois et mécanismes internationaux sont en place, les faire respecter a été un processus inefficace principalement en raison d’une intervention internationale minimale. Il est manifestement évident que les attaques israéliennes contre la Palestine se moquent du droit international humanitaire.

Nous laissons nos lecteurs avec ces questions :

Quand l’éducation, un droit fondamental de l’homme consacré dans la Déclaration universelle des droits de l’homme, cesse-t-elle d’être un luxe lointain pour les enfants de Palestine ?

Quand un enfant de Palestine cesse-t-il d’être un “enfant de guerre” et adopte-t-il une vie d’apprentissage, de croissance et de bonheur positifs ?”


References

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Communiqué de presse – S’attaquer à la crise silencieuse : Broken Chalk appelle à la reconnaissance de la violence à l’égard des femmes et des filles et de son impact sur l’éducation.

25 Novembre 2023

Dans un monde où une femme sur trois a subi des violences physiques ou sexuelles, où chaque heure cinq femmes sont tuées par un membre de leur propre famille et où il est prouvé que le harcèlement sexuel se répand de façon alarmante, il est d’importance primordiale que la communauté internationale se mobilise. Broken Chalk reconnaît qu’il est urgent de s’attaquer au problème omniprésent de la Violence Basée sur le Genre (VBG) ; violence qui est également présente dans le contexte de l’éducation des enfants dans le monde. Dans les écoles, le harcèlement sexuel et les intimidations psychologiques sont la triste réalité. Beaucoup de filles se retrouvent empêchées de suivre leur éducation en raison de mariages forcés, ou en raison de violences dans leur propre foyer, ou encore de harcèlement et violence ayant lieu sur le chemin de l’école.

Exacerbée par les effets de la pandémie du COVID-19, le changement climatique, les crises économiques et l’instabilité politique de certains pays, cette violence impact directement leur éducation, ce qui les empêche de jouir de leurs droits fondamentaux et de leurs droits humains. Les risques de violence découragent les parents d’envoyer leurs filles à l’école, en particulier en zone de conflit, où elles risquent d’être agressées ou enlevées sur le chemin de l’école. Il est empiriquement prouvé que les victimes de violence ont des taux beaucoup plus élevés d’abandon scolaire et de difficultés d’apprentissage. Ceci constitue une menace sérieuse pour l’égalité des genres et pour l’émancipation des générations de femmes à venir.

Dans ce contexte, il est triste de constater que seulement 0,2% de l’aide publique au développement mondial est consacré à la prévention de la Violence Basée sur le Genre. Broken Chalk reconnaît donc que l’impact de la Violence Faite aux Femmes (VFF) est profondément sérieux et va au-delà des dommages physiques, en affectant les fondements mêmes de la société, entravant l’égalité, le développement et la paix.

La VFF pénalise la société et l’éducation des filles en particulier, c’est pour cela qu’elle reste une priorité en matière d’éducation. Premièrement, l’exposition à la violence causée par le partenaire intime, ou à des violences domestiques, a des répercussions négatives sur les résultats scolaires et le comportement des enfants. L’UNICEF signale que ces violences sont l’une des causes directes d’un faible vocabulaire et de compétences en calcul plus faibles entre l’âge de 5 et 8 ans chez l’enfant. Deuxièmement, la violence à l’égard des femmes est l’un des facteurs qui empêche les filles d’accéder à l’éducation. En effet, dans le monde, pas moins de 129 millions de filles ne sont pas scolarisées. Le sentiment d’insécurité à l’école, la stigmatisation, et la honte ressentie après avoir subi des violences sexuelles expliquent en partie cette situation. Les femmes et filles victimes de violences psychologiques peuvent être contraintes de ne pas aller à l’école en raison de la coercition dont elles font l’objet.

Broken Chalk reconnaît également l’omniprésence du harcèlement en tant que forme de violence à l’égard des femmes. Dans l’Union européenne, 45 à 55 % des femmes ont été victimes de harcèlement sexuel depuis l’âge de 15 ans. En Angleterre et au Pays de Galles, une enquête menée en 2021 a révélé que 92% des étudiantes affirmaient avoir reçu des injures sexistes de la part de leurs camarades de classe. Et 61% des étudiantes ont rapportés avoir été victimes de harcèlement sexuel par des camarades au sein de leur établissement scolaire ou universitaire. La menace potentielle d’avoir à subir des violences au sein de l’établissement scolaire ou sur le chemin de l’école peut donc dissuader les filles de suivre un enseignement scolaire. Afin d’apporter une réponse à ce problème, plusieurs pays comme le Ghana et l’Inde ont expérimenté des programmes qui fournissent des bicyclettes aux filles afin de leur offrir un moyen de transport plus sûr pour se rendre à l’école.

Bien que des efforts aient été déployés pour éliminer la violence à l’égard des femmes, les faits mentionnés ci-dessus prouvent qu’il reste encore beaucoup de chemin à faire. Broken Chalk estime que l’éducation est cruciale pour l’élimination de la VFF, car de nombreuses études ont montré que c’est précisément dans l’environnement éducatif que les enfants sont exposés à la violence et qu’on la leur enseigne. Par conséquent, l’éducation doit être considérée comme un outil qui a le pouvoir de changer la culture qui jusqu’ici perpétrait les Violences Basée sur le Genre, et l’éducation peut être utilisée pour apprendre aux jeunes esprits à se comporter à l’égard des femmes de manière respectueuse, sereine et sur le même pied d’égalité. De plus, l’éducation peut être utilisée pour sensibiliser les filles dans le monde à ce que constitue le terme de « violence », ce que de nombreuses filles ne parviennent même pas à appréhender dû à leur jeune âge. Ainsi, la violence à l’égard des femmes est tellement normalisée dans le monde que les victimes ne se rendent parfois même pas compte que leurs droits ont été violés, ce qui explique que moins de 40 % des femmes victimes de violence cherchent à obtenir une aide quelconque ou à porter plainte et à obtenir justice.

C’est pourquoi Broken Chalk s’associe aux 16 jours d’activisme contre les Violences Basée sur le Genre, une campagne internationale annuelle qui débute le 25 novembre, Journée Internationale pour l’élimination de la Violence à l’égard des Femmes, et se poursuit jusqu’à la Journée des Droits Humains, le 10 décembre. Le thème de la campagne de cette année est “TOUS-UNIS ! Investir pour prévenir la violence à l’égard des femmes et des filles”, et Broken Chalk se joint au mouvement et appelle à des investissements urgents pour prévenir la violence à l’égard des femmes, en mettant l’accent sur l’éducation pour y parvenir. De plus, Broken Chalk appelle à adopter une perspective intersectionnelle dans le travail d’éradication de la violence à l’égard des femmes, en particulier pour comprendre les difficultés supplémentaires et les attaques auxquelles les femmes racisées et les femmes LGTBQ+ sont confrontées, tant dans leur éducation que dans leur vie quotidienne.

Broken Chalk le communique au public avec toute la considération requise.

Signé,

Broken Chalk


Traduction de ce communiqué de presse en français par Gauthier Schoufs et Daphné Rein.

*Upon request, the article may be translated into other languages. Please use the comments section below*

Communiqué de presse : Broken Chalk fait appel à Israël et à la Communauté Internationale pour un cessez-le-feu immédiat après la dernière crise à l’hôpital Al-Ahli.

18 Octobre 2023

Le 7 octobre, le Hamas a lancé une attaque importante sur le territoire israélien lors d’un festival qui se déroulait juste en dehors des murs de la bande de Gaza. Cette attaque a provoqué la mort tragique de plus de 250 civils israéliens, avec en complément des otages retenus prisonniers dans l’enclave de Gaza.  En réponse, Israël a amorcé un conflit total contre Hamas, à travers des raids aériens sur la bande de Gaza et un siège sans réserve à la frontière. Le conflit a eu des conséquences dévastatrices : environ 3 000 victimes palestiniennes et 1 300 victimes civiles israéliennes, ces dernières sont attribuées aux attaques effectuées par le Hamas. Cela a déclenché une crise humanitaire désastreuse pour plus de 2 millions de Palestiniens à Gaza, une des villes la plus densément peuplée au monde.

En analysant les pertes humaines, il est navrant de constater que plus de 1 000 enfants sont morts depuis le début de la guerre, selon les estimations du ministère de la Santé de Gaza. La moitié de la population de Gaza, composée de 2.3 millions d’habitants, est âgée de moins de 18 ans. Il est donc important que les Nations Unies et la communauté internationale redoublent d’efforts pour encourager un cessez-le-feu immédiat, et pour exiger le respect du droit international par les deux parties concernées. Le Secrétaire général des Nations Unies, Monsieur Antonio Guterres a demandé un cessez-le-feu humanitaire immédiat, en déclarant que « Les attaques de Hamas ne peuvent pas justifier la punition collective du people Palestinien. »

Les discussions en cours impliquent les États-Unis, l’Union Européenne, Israël et l’Égypte, mais ces discussions s’avèrent difficiles. Le but principal de ces discussions est l’entrée d’aide humanitaire par l’Égypte dans le territoire de la bande de Gaza, à travers l’ouverture du passage de Rafah ; malheureusement, ces négociations sont très compliquées, car Israël a ciblé quatre fois le passage de Rafah avec des raids aériens depuis le début du conflit le 7 octobre.  Des centaines de camions humanitaires égyptiens sont bloqués au passage de Rafah, pendant que le gouvernement Égyptien fait pression sur Israël et les Etats-Unis pour qu’ils soutiennent un cessez-le-feu, de manière à ce que l’aide humanitaire puisse aider les enfants, femmes et hommes blessés.

Le 17 octobre, une lourde explosion a ébranlé l’hôpital Al-Ahili à Gaza où les médecins et les infirmiers venaient en aide aux Palestiniens blessés, parmi lesquels des femmes et des enfants, et où d’autres palestiniens se réfugiaient.  Cet incident est l’événement le plus meurtrier ayant  eu lieu depuis le début du conflit, car cette explosion a causé la mort de 500 victimes, selon les autorités palestiniennes de la Santé. Les acteurs militaires principaux du conflit, le Hamas et les forces de défense israéliennes, se rejettent la responsabilité de cette explosion.  Puisque ce conflit a entraîné une crise humanitaire sans précédent, avec environ 2.2 millions de Palestiniens privés de l’accès aux besoins essentiels comme la nourriture, l’eau et l’électricité, Broken Chalk lance un appel à une action immédiate afin d’arrêter immédiatement les multiples transgressions des droits de l’Homme en cours et pour apporter une stabilité dans cette région et dans le monde entier. Nous faisons appel au gouvernement israélien et à la communauté internationale pour soutenir de toute urgence un cessez-le-feu et pour permettre à l’aide humanitaire d’accéder au passage de Rafah, pour subvenir aux besoins essentiels de nombreux Palestiniens réfugiés et affectés dans la région Sud de Gaza. Nous demandons au gouvernement israélien de respecter rigoureusement les normes du droit international qui concernent la protection des hôpitaux, des journalistes et des civils. Nous pensons que la communauté internationale doit exercer un suivi plus rigoureux du gouvernement d’Israël pour assurer le respect des droits de l’Homme. Il est urgent qu’Israël lève le siège mis en place sur la bande de Gaza afin de permettre l’afflux d’eau, nourriture, électricité et combustibles aux hôpitaux Palestiniens.

Broken Chalk fait cette annonce au public concerné avec le respect qui leur est dû.  

Signé par

Broken Chalk.

Traduction en français par Eliana Riggi et Daphné Rein de l’article en anglais : https://brokenchalk.org/press-release-broken-chalk-calls-on-the-immediate-ceasefire-by-israel-and-the-international-community-following-the-latest-crisis-at-al-ahli-baptist-hospital/

La vie de Halime Gulsu : l’enseignant céleste assassiné en prison

Halime Gülsu – Le système carcéral turc défaillant a entraîné la mort tragique d’une âme unique. Compte rendu de la vie de Halime Gülsu : L’enseignante céleste assassinée en prison (2022)

Écrit par Vivien Kretz

Traduit par Laura Goubran

How can prisoners not be sentenced to death but still be murdered?

How do civilians pay for their lives? Questions like this arise when thinking about the fate of Halime Gülsu.

Written by Zeynep Kayadelen and published by the US human rights organization Advocates of Silenced Turkey (AST), the book, titled “Halime Gülsu: The Heavenly Teacher Murdered in Prison,” is based on the accounts of Gülsu’s cellmates who witnessed her final moments as well as friends and family. She died as an inmate in a prison ward in the Mersin province in Turkey due to insufficient access to medical aid.

Halime Gülsu’s story was now reconstructed by Advocates of Silenced Turkey (AST), a Turkish NGO. Author Zeynep Kayadelen incites her work with a preface: “We have died many times” (Kayadelen 2022, 9). The hopelessness peaks through her words. She dedicates this work of literature to those who have died from painful deaths fighting for a cause they cared about.

In her heartfelt novel, Kayadelen touches on the saddening fate of Halime Gülsu, a dedicated teacher who taught in Turkey and was a part of the Hizmet movement. This movement is influenced by the ideas and goals of scholar Fethullah Gulen. The Hizmet movement is dedicated towards a freer, more equal, and more sustainable Turkey.

Gülsu was a highly devoted teacher. She taught her students during her working hours and supported them when many of them were persecuted by the Turkish regime.

Turkey’s regime worked against those affiliated with Hizmet and those who were part of the movement. Gülsu and most of her friends were in a difficult situation. She felt watched for her every step. She knew that the regime was after her and that they did not mean well to her. Kayadelen described it as: “If their oppression was a fire, their animosity was the wind raging it up”. However, Gülsu refused to give in and declined the opportunity to leave the country. Much of her family lived in Canada, so she often could go abroad to see her family. However, she was a very proud Turkish citizen and chose to stay to defend herself against the regime. It is stressed multiple times throughout the book that she saw herself as a citizen of Turkey and decided to fight for a promising future for her country. However, the leaders of the regime disagreed with this.

Comment des prisonniers peuvent-ils ne pas être condamnés à mort mais être tout de même assassinés ?

Comment les civils paient-ils pour leur vie ? C’est ce genre de questions que l’on se pose lorsqu’on réfléchit au sort de Halime Gülsu.

Écrit par Zeynep Kayadelen et publié par l’organisation américaine de défense des droits de l’homme Advocates of Silenced Turkey (AST), le livre intitulé “Halime Gülsu : The Heavenly Teacher Murdered in Prison” (Halime Gülsu, l’enseignante céleste assassinée en prison) est basé sur les récits des compagnons de cellule de Gülsu qui ont assisté à ses derniers instants, ainsi que sur les récits d’amis et de membres de sa famille. Elle est décédée alors qu’elle était détenue dans une prison de la province de Mersin, en Turquie, faute d’accès suffisant à l’aide médicale.

L’histoire de Halime Gülsu a été reconstituée par Advocates of Silenced Turkey (AST), une ONG turque. L’auteure Zeynep Kayadelen commence son travail par une préface : “Nous sommes morts plusieurs fois” (Kayadelen 2022, 9). Le désespoir transparaît dans ses mots. Elle dédie cette œuvre littéraire à ceux qui sont morts d’une mort douloureuse en se battant pour une cause qui leur tenait à cœur.

Dans ce roman sincère, Kayadelen évoque le triste sort d’Halime Gülsu, une enseignante dévouée qui enseignait en Turquie et faisait partie du mouvement Hizmet. Ce mouvement est imprégné des idées et des objectifs de l’érudit Fethullah Gulen. Le mouvement Hizmet se consacre à une Turquie plus libre, plus égalitaire et plus durable.

Gülsu était une enseignante très dévouée. Elle enseignait ses élèves pendant ses heures de travail et les soutenait lorsque nombre d’entre eux étaient persécutés par le régime turc.

Le régime turc s’est attaqué à ceux qui étaient affiliés à Hizmet et à ceux qui faisaient partie du mouvement. Gülsu et la plupart de ses amis se trouvaient dans une situation difficile. Elle se sentait surveillée à chaque instant. Elle savait que le régime était à sa poursuite et qu’il ne lui voulait pas du bien. Kayadelen l’a décrit comme suit : “Si leur oppression était un feu, leur animosité était le vent qui l’attisait”. Cependant, Gülsu a refusé de céder et a décliné l’opportunité de quitter le pays. Une grande partie de sa famille vivant au Canada, elle pouvait souvent se rendre à l’étranger pour voir sa famille. Cependant, elle était très fière d’être une citoyenne turque et a choisi de rester pour se défendre contre le régime. Tout au long du livre, il est souligné à plusieurs reprises qu’elle se considérait comme une citoyenne turque et qu’elle avait décidé de se battre pour assurer un avenir prometteur à son pays. Cependant, les dirigeants du régime n’étaient pas d’accord avec elle.

Le 20 février 2018, Gülsu a été arrêtée pour son appartenance au mouvement Hizmet. Son arrestation l’a prise par surprise. Gülsu savait qu’elle était surveillée mais ne s’attendait pas à être arrêtée et incarcérée.

Après que l’équipe des forces spéciales antiterroristes de Mersin ait fouillé son appartement et tout démonté, ils l’ont menottée et emmenée à la prison de Tarsus.

Gülsu n’était pas en bonne santé. Elle souffrait d’un lupus érythémateux chronique, une maladie auto-immune, et devait prendre des médicaments tous les jours et toutes les semaines pour traiter sa maladie.

Lorsque les forces turques ont arraché l’enseignante de son domicile, elle s’est empressée de prendre ses médicaments quotidiens et son dossier médical pour les emporter avec elle. Malheureusement, Gülsu a oublié de prendre ses médicaments hebdomadaires lors de son arrestation.

Une fois arrivée à la prison, Gülsu a demandé ses documents médicaux, qui indiquaient qu’elle était malade et avait besoin de ses médicaments hebdomadaires et d’une aide médicale, mais ses dossiers médicaux étaient introuvables. Gülsu s’est retrouvée dans une situation terrifiante qui mettait sa vie en danger.

Elle a été placée dans une cellule surpeuplée avec d’autres femmes. La cellule était prévue pour dix personnes avec dix lits, et lorsqu’elle y est entrée, elle était déjà au double de sa capacité.

Certaines prisonnières avaient des bébés, mais on les leur a retirés. Les détenues étaient obligées de renvoyer leurs jeunes enfants chez elles parce qu’elles ne pouvaient pas s’en occuper en prison.

Gülsu a tout vécu : la routine, les incertitudes et les histoires des autres prisonnières, mais pas pour longtemps. Trois mois après son arrestation, Gülsu est décédée des suites d’une négligence médicale.

Gülsu n’a pas eu accès à ses médicaments hebdomadaires et n’a jamais reçu de traitement médical pour sa maladie chronique, le lupus. Son état s’est aggravé et elle a développé des excroissances et des masses – elle souffrait terriblement.

Gülsu s’affaiblit de jour en jour. Lorsque son frère a enfin pu lui remettre les médicaments, il était déjà trop tard. Gülsu ne pouvait plus supporter la douleur et la maladie agressive avait trop progressé. Selon les récits des détenus et de la famille, Gülsu était consciente de ses derniers jours.

Après des semaines de souffrance, Gülsu a finalement été autorisée à se rendre à l’hôpital, mais il était trop tard. Après son retour à la prison, ses codétenues, qui étaient devenues des amies attentionnées, ont dû la porter car elle était trop faible pour marcher – elles se sont occupées d’elle, l’ont nourrie et ont prié pour elle.

Malheureusement, en avril 2018, à 3h10, elle est morte seule dans un couloir de prison. “Comme un cocon vide, son corps desséché a été laissé derrière elle, allongé là”, écrit Kayadelenin dans son livre.

L’auteur Kayadelen écrit son livre à la première personne, ce qui permet au lecteur de mieux comprendre ce que l’enseignante a dû endurer pendant son séjour difficile en prison.

Le livre de Kayadelen est une belle expérience de lecture qui donne un aperçu personnel de ce que Gülsu a vécu pendant ses derniers jours. Grâce à de nombreux entretiens avec des personnes travaillant à la prison et des proches de Gülsu, l’organisation a recueilli les récits de son séjour en prison et a créé une base solide pour une histoire racontée avec cœur.

Le travail de Kayadelen est une voix forte contre toutes les violations des droits de l’homme dans les prisons turques. L’organisation Advocates of Silenced Turkey a fait un excellent travail en donnant un petit morceau de justice à Halime Gülsu, “l’enseignante céleste”.

L’ouvrage peut être acheté ici:

https://www.amazon.com/Life-Halime-Gulsu-Heavenly-Murdered/dp/B0BMY9HXYW

L’histoire de Neslihan Ozcan Sahin : Après toutes ses difficultés, une enseignante réfugiée recommence à enseigner.

Écrit par Georgette Schönberger

Neslihan est une réfugiée de Turquie qui est venue aux Pays-Bas pour construire une nouvelle vie avec son mari et ses deux enfants.

En août 2018, Neslihan a laissé derrière elle sa vie en Turquie et s’est réfugiée en Grèce. Elle y a passé trois mois avant de venir aux Pays-Bas. Elle a vécu avec sa famille dans un logement social à Amstelveen pendant quelques années. Elle a vécu avec sa famille pendant 19 mois dans différents centres d’hébergement d’urgence (AZC) à travers les Pays-Bas. “Je connais les Pays-Bas mieux qu’un Néerlandais ordinaire”, affirme Neslihan.

En Turquie, Neslihan a longtemps travaillé comme professeur de chimie, de physique et de biologie. Elle était impatiente de recommencer à enseigner lorsqu’elle est arrivée aux Pays-Bas. Heureusement, il n’a pas été difficile de trouver un emploi. Grâce au projet “Statushouders voor de Klas”, elle a appris le fonctionnement du système scolaire néerlandais, ce qui lui a permis de décrocher un stage. En outre, Neslihan a travaillé comme bénévole dans une école. Elle a travaillé comme assistante technique au lycée Apollo d’Amsterdam. Dans cette même école, elle a pu évoluer et, après un certain temps, elle a été autorisée à enseigner deux jours par semaine. L’année suivante, elle ne travaillera plus qu’en tant qu’assistante, mais en tant qu’enseignante.

Pourquoi avez-vous décidé de devenir enseignante à l’époque ?

“J’aime enseigner ; je ne vois pas cela comme un travail, car c’est une passion pour moi.” Cela fait maintenant 18 ans qu’elle enseigne et elle aime toujours autant son métier. Après avoir terminé ses études, elle a tout de suite commencé à enseigner. Elle a choisi d’enseigner la chimie, la physique et la biologie parce qu’elle avait les meilleures notes dans ces trois matières et qu’elle les trouvait amusantes.

Pourquoi avez-vous décidé de venir aux Pays-Bas ?

“Nous avons lu sur Internet et dans les journaux et nous avons souvent entendu dire qu’aux Pays-Bas, les gens sont libres et peuvent partager leurs opinions ou leurs idées. Malheureusement, ce n’est pas le cas en Turquie, où l’on n’est pas libre et où l’on ne peut pas dire ce que l’on veut. Même les enfants vont souvent en prison pour avoir révélé leurs opinions”. Pour cette raison, le frère et la sœur de Neslihan sont également venus aux Pays-Bas avec leur famille. Neslihan voit sa famille chaque semaine.

Quelles difficultés avez-vous rencontrées en arrivant aux Pays-Bas ?

Neslihan est une réfugiée politique et elle était considérée comme une terroriste dans son propre pays en raison de ses opinions. Avec toute sa famille, elle a dû fuir la Turquie par bateau. Le voyage jusqu’aux Pays-Bas a été éprouvant. Elle a dû payer beaucoup d’argent et négocier avec des passeurs, ce qui peut être très dangereux.

En outre, Neslihan voulait apprendre le néerlandais, ce qui s’est avéré assez difficile au début. Comme elle n’était pas obligée de s’intégrer à l’époque, elle n’a pas pu suivre de cours de néerlandais gratuits pendant son séjour à l’AZC. Elle a toutefois appris quelques notions de néerlandais grâce à des amis et des bénévoles de l’AZC. Elle en est très reconnaissante. Neslihan voulait s’intégrer et s’assimiler, et sa compréhension de la langue était donc fondamentale. Après une longue lutte, elle a finalement réussi à emprunter de l’argent, ce qui lui a permis de participer à un cours.

De temps en temps, elle a encore des difficultés avec la langue néerlandaise, en particulier avec le “er” et les différentes prépositions qu’elle trouve difficiles. En outre, elle ne comprend pas encore certaines expressions néerlandaises, mais elle pense que cela finira par s’arranger.

Quelles sont les différences entre les systèmes scolaires turc et néerlandais ?

“À mon avis, il n’y a pas tant de différences. Bien sûr, certaines choses sont assez similaires. Par exemple, les adolescents ne sont que des adolescents et se comportent de la même manière à certains égards, mais aux Pays-Bas, les élèves ont toujours la possibilité de passer à un autre niveau grâce aux différents niveaux scolaires. Par conséquent, le système néerlandais est mieux, car cette opportunité leur est offerte”.

Neslihan explique qu’en Turquie, il n’y a qu’un seul niveau et que chaque élève doit apprendre les mêmes matières et passer le même examen. Si le niveau est trop élevé, il n’y a pas d’autre possibilité de continuer à étudier, ce qui explique pourquoi de nombreux jeunes abandonnent l’école.

Une autre grande différence est qu’il y a peu de hiérarchie aux Pays-Bas. “Mon directeur et mon chef d’équipe sont simplement mes collègues. Nous sommes considérés et traités de la même manière. Je peux les appeler par leur nom. En Turquie, il faut s’adresser à tout le monde par monsieur ou madame. Je ne veux plus de hiérarchie en Turquie ; j’aimerais que cela change”.

Y a-t-il quelque chose que vous aimeriez partager ?

“J’aimerais dire que nous sommes tous des personnes qui peuvent vivre ensemble ; il suffit de se respecter les uns les autres. Il faut traiter tout le monde avec respect et créer une atmosphère sûre et plaisante. Nous sommes venus ici pour notre liberté et la Hollande nous a donné de nombreux droits. Par conséquent, vous devez faire quelque chose pour les Pays-Bas ; vous devez utiliser vos compétences pour aider le pays et vous intégrer. Le premier pas est facile à faire : dire bonjour à ses voisins, par exemple, ou simplement discuter avec quelqu’un et être gentil.”

Neslihan tient également à rappeler que de nombreuses personnes sont encore menacées en Turquie ou oubliées en prison. Vous pouvez toujours faire quelque chose pour eux, par exemple en partageant quelque chose sur Twitter ou en en parlant.

 

Traduit par Laura Goubran

Translated form the original Story of Neslihan Ozcan Sahin: After all her struggle, a refugee teacher begins to teach again.