Les défis du système éducatif au Mali

 

By Ruth Lakica
Translated by: Laura Goubran

 

Introduction

L’éducation est un droit fondamental pour tout être humain dans le monde. Quel que soit le statut économique ou social d’une personne, elle devrait pouvoir accéder à l’éducation. Même si cela semble évident et connu de tous, ce n’est pas la réalité pour de nombreux Maliens. Néanmoins, le gouvernement a fait et continue de faire des efforts significatifs pour lutter contre l’analphabétisme. Par exemple, le gouvernement a divisé l’enseignement primaire en deux cycles, ce qui a permis aux étudiants maliens de passer des examens pour être admis dans l’enseignement secondaire, tertiaire ou supérieur. Cependant, le Mali est toujours confronté à une crise sécuritaire depuis plusieurs années, qui a gravement compromis l’accès à l’éducation de milliers d’enfants en âge scolaire, en particulier dans le nord du pays.

Les menaces contre les écoles et la destruction des infrastructures et des équipements scolaires ont entraîné une pénurie d’enseignants dans les zones touchées et une rupture du système d’appui pédagogique en raison des déplacements massifs de populationi.

Conflits et insécurité

Rokia Abdoulaye est une élève de l’école primaire à Ménaka, au Mali. “L’école représente beaucoup pour moi. Parce que l’école, c’est notre avenir “, dit-elle. Photo par Itunu Kuku/NRC.

 

Le pays enregistre de plus en plus de graves violations des droits de l’homme et du droit humanitaire international. Les attaques violentes des groupes armés touchent désormais les civils dans la majeure partie du pays.

Les menaces des groupes armés restent le principal facteur à l’origine de la fermeture de 1700 écoles au Mali aujourd’huiii. Depuis deux ans, le pays fait partie des trois pays africains dont les écoles sont le plus attaquées, avec le Nigéria et la République démocratique du Congo, selon la Coalition mondiale pour la protection de l’éducation contre les attaques (GCPEA).

Outre l’insécurité, l’éducation d’urgence dans les zones de conflit manque cruellement de fonds. Depuis le début de l’année 2022, une école sur dix est restée fermée au Mali en raison du manque d’infrastructures et de matériel scolaire. Le budget national du Mali ne peut pas couvrir les besoins et l’éducation est l’un des secteurs les moins financés dans la réponse humanitaire, représentant seulement 2 % des fonds reçus en 2022.

Pour les écoles situées dans les zones de conflit qui luttent pour rester ouvertes, il est vital de disposer de fonds pour construire et réhabiliter les infrastructures scolaires. Selon l’article du Conseil norvégien pour les réfugiés sur l’insécurité au Mali, “dans certaines écoles de la région, une seule salle de classe peut souvent accueillir jusqu’à 300 enfants en raison du manque d’infrastructures”, a déclaré Ibrahim Ag Bijangoum, directeur par intérim de l’Académie de l’éducation de Ménaka. Il est impossible pour les élèves et étudiants scolarisés d’avoir le goût d’apprendre dans de telles conditions.

Pauvreté des ménages

Source: UNICEF/UN0430942/Keïta

 

L’accès à l’école et la réussite scolaire sont inéquitables, les filles et les enfants des familles les plus pauvres étant les plus exposés au risque d’abandon scolaire : Selon l’UNICEF, en 2020, seulement 73,8 % des filles sont inscrites dans l’enseignement primaire de base, contre 85,8 % des garçons. Lorsqu’elles atteignent l’enseignement secondaire, la proportion de filles scolarisées n’est que de 15 %, contre 21 % pour les garçonsiii.

Parmi les enfants qui vont à l’école au Mali, l’absence d’enseignants qualifiés, de manuels scolaires et la mauvaise qualité de l’environnement scolaire ont un impact négatif sur les résultats de l’apprentissage : la plupart des élèves de cinquième année au Mali ne sont pas en mesure de maîtriser les compétences de base en mathématiques et en lecture.

Impact de la Covid-19

Les fermetures d’écoles et la perte de revenus des ménages, en particulier dans les zones rurales, ont restreint l’accès à l’éducation des enfants en âge d’être scolarisés. De nombreux élèves ont abandonné définitivement l’école en raison de la perte de revenus de leurs parents. Les filles n’ont pas réintégré l’école et ont été exposées à des mariages et des grossesses précoces. Selon la Banque mondiale, à Bamako en août 2021, un économiste principal spécialiste de la pauvreté à la Banque mondiale et co-auteur du rapport, ajoute que les enfants en âge d’aller à l’école risquent aujourd’hui de voir leurs revenus diminuer au cours de leur vie à cause de la pandémieiv.

Eau, assainissement et hygiène

L’accès à l’eau potable, à l’assainissement et à l’hygiène protège les enfants contre les maladies hydriques courantes telles que la diarrhée et réduit les retards de croissance, qui touchent plus de 26 % des enfants au Mali.

Selon l’UNICEF en 2015, au Mali, seulement la moitié des écoles disposent d’un point d’eau amélioré, et moins de 20 % des écoles ont des toilettes fonctionnelles et séparées pour les garçons et les filles. En outre, plus d’un million de personnes au Mali pratiquent encore la défécation à l’air libre, ce qui a un impact direct sur la santé et la sécurité des communautés. Si 80 % de la population malienne a désormais accès à des sources améliorées d’eau potable, ce chiffre diminue considérablement dans les zones rurales, où il n’est que de 70 %v. Les déplacements dans les régions du Mali touchées par les conflits ont encore limité l’accès des familles en mouvement à l’eau potable et à l’assainissement.

Conclusion

En conclusion, malgré les défis auxquels est confronté le système éducatif au Mali, le gouvernement du Mali et d’autres organisations ont travaillé dur pour améliorer l’éducation. L’UNICEF au Mali et d’autres partenaires ont travaillé dans les communautés, les écoles et les centres de santé pour améliorer l’accès à l’eau potable, à l’hygiène et à l’assainissement dans tous les domaines de la vie des enfants.

Selon les opérations européennes de protection civile et d’aide humanitaire, l’UE a fourni plus de 472 millions d’euros d’aide humanitaire au Mali depuis le début de la crise en 2012. Elle est actuellement l’un des principaux donateurs d’aide dans le pays.vi.

 

Références

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[ii]Norwegiann Refugee Council. (2022). Mali: Insecurity and lack of funding force over half a million children out of school.  Retrieved from: https://www.nrc.no/news/2022/june/mali-insecurity-and-lack-of-funding-force-over-half-a-million-children-out-of-school/

[iii] UNICEF (2020). Harnessing children’s potential through quality education for every child. Retrieved from:https://www.unicef.org/mali/en/education

[iii] UNICEF (2020). Harnessing children’s potential through quality education for every child. Retrieved from:https://www.unicef.org/mali/en/education

[iv]The World Bank. (2021). Mali: Understand COVID-19’s impacts for better actions. Retrieved from: https://www.worldbank.org/en/news/feature/2021/08/11/mali-understand-covid-19-s-impacts-for-better-actions

[v]UNICEF. (2023) Water, sanitation, and hygiene: Improving children’s lives through clean water and clean environments. Retrieved from: https://www.unicef.org/mali/en/water-sanitation-and-hygiene

[vi]European Commission. (2023). European Civil Protection and Humanitarian Aid Operations: Mali. Retrieved from: https://civil-protection-humanitarian-aid.ec.europa.eu/where/africa/mali_en

Communiqué de presse : Briser les Conventions. L’appel de Broken Chalk pour un cessez-le-feu immédiat et pour le droit à l’autodétermination palestinienne en cette journée internationale de solidarité avec le peuple palestinien

Le 29 novembre 2023.

Alors que nous reflétons sur ce jour historique du 29 novembre, marquant les 76 ans depuis le plan de partage de l’ONU, le monde doit se tenir uni en solidarité avec le peuple palestinien, reconnaissant leur droit inhérent à résister à l’occupation et à atteindre l’autodétermination. En cette journée internationale déchirante de solidarité avec le peuple palestinien, Broken Chalk plaide pour l’union du peuple palestinien sous un territoire souverain unique et pour une résolution pacifique du conflit israélo-palestinien qui dure depuis déjà 75 ans. En ce jour en 1947, l’ONU a adopté le plan de partage, visant la création d’un état juif et d’un état palestinien, avec Jérusalem comme zone internationale et neutre, un “corpus separatum“. Cette Résolution a fondé les bases pour une solution à deux États, basée sur les principes d’égalité des droits et d’autodétermination en accord avec l’article 1(2) de la Charte des Nations Unies.1

À la suite des événements récents, Broken Chalk fait écho à l’affirmation du Secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, selon laquelle les attaques du 7 octobre par le Hamas “ne se sont pas produites dans le vide” et sont liées à la lutte de 75 ans pour l’autodétermination et la résistance à l’occupation israélienne.2 Depuis l’attaque récente du Hamas du 7 octobre 2023, plus de 12 000 civils ont été tués dans la bande de Gaza, dont plus de 5 000 enfants3 “Gaza est devenue un cimetière pour enfants”, déclare le Secrétaire général de l’ONU.4

Broken Chalk affirme l’importance de favoriser un dialogue politique pour parvenir à une solution durable au conflit israélo-palestinien. Reconnaissant l’urgence d’une solution à deux États, nous soulignons que le chemin vers un véritable droit à l’autodétermination pour les palestiniens doit s’initier à la racine. Il est impératif que la société civile bénéficie d’une autonomie totale pour façonner et forger ses propres États, libres d’impositions externes. Alors que nous contemplons les aspirations à long terme pour l’autodétermination palestinienne, il devient clair qu’une étape essentielle de ce processus est de reconnaître que les Palestiniens ont la capacité de construire un modèle pour leur propre État indépendamment, libre des contraintes externes imposées par Israël ou la communauté internationale.

En ce jour du 29 novembre, il est indispensable de réaffirmer la nécessité immédiate du respect de l’engagement envers une solution à deux États, favorisant un environnement où Palestiniens et Israéliens prospèrent avec autonomie et souveraineté. Une réunion des palestiniens résidant à la fois en Cisjordanie et à Gaza doit transcender la simple considération ; elle exige une reconnaissance comme solution durable intégrée aux engagements politiques d’Israël et à la conscience collective de la communauté internationale. Cette division géographique parmi les palestiniens non seulement entrave la réalisation de l’autodétermination palestinienne mais perpétue également les défis posés par les implantations illégales en Cisjordanie et l’apparente stagnation de l’Autorité palestinienne (AP).

Tout en reconnaissant le droit légitime d’Israël à se défendre contre une organisation terroriste totalement engagée dans le démantèlement de l’État juif, Broken Chalk souligne l’importance primordiale du respect inébranlable du droit international, en mettant particulièrement l’accent sur le maintien de la proportionnalité en réponse aux menaces sécuritaires5 En condamnant l’attaque universellement déplorable du Hamas, il est crucial de mettre en lumière la disparité dans l’approche israélienne. Les palestiniens à Gaza subissent une punition collective pour les actions du Hamas, soulevant des questions sur la légalité de la proportionnalité de la réponse israélienne. Les méthodes employées par les Forces de défense israéliennes semblent incongrues avec les objectifs visés, le ratio alarmant des pertes révèle un déséquilibre flagrant – pour chaque civil israélien perdu, 10 palestiniens ont perdu la vie.6 Alors que nous naviguons dans ce paysage extrêmement complexe, Broken Chalk plaide en faveur d’une approche mesurée et proportionnée qui respecte les principes du droit international tout en respectant les droits et les vies de tous ceux affectés par le conflit.

Les récentes attaques ont porté un coup significatif aux perspectives d’une solution à deux États, avec des rapports suggérant que les Palestiniens de Gaza font face à un déplacement vers le Sinaï, en Égypte, au milieu de négociations en cours7 Il est crucial de mettre en lumière les défis auxquels Gaza est confronté, où un contrôle limité sur son territoire, ses frontières et son économie entrave sa capacité à exercer une pleine autonomie. Broken Chalk condamne le déplacement signalé des Palestiniens vers le sud de Gaza et exige tous parties impliquées à prioriser la préservation des droits de l’homme et du droit international.8

Conformément à la mission principale de Broken Chalk qui est de rendre l’éducation universelle, nous considérons l’attaque cataclysmique contre l’école al-Fakhoora, exploitée par l’UNRWA, comme extrêmement déplorable. 9 Cibler les institutions éducatives enfreins le droit fondamental à l’éducation pour tous, et entrave les perspectives d’un avenir meilleur pour les Palestiniens. Comme les enfants sont l’avenir de notre monde, la communauté internationale doit faire tout ce qui est nécessaire pour empêcher les attaques contre les camps de réfugiés et les écoles et pour éviter de nouvelles pertes d’innocents. Nous appelons à une collaboration potentielle avec d’autres ONG pour lancer une campagne de collecte de fonds en tant qu’aide d’urgence pour ceux qui ont été touchés à Gaza.

Alors que nous sommes solidaires avec les Palestiniens en ce jour important, Broken Chalk en appelle à la communauté internationale pour renouveler son engagement envers une résolution juste et durable qui respecte les droits et les aspirations des Palestiniens et des Israéliens. Nous demandons un cessez-le-feu immédiat et une révision du plan de partage de l’ONU dans lequel les deux parties jouissent du droit à l’autodétermination.

Broken Chalk l’annonce au public avec tout le respect dû.

Signé,

Broken Chalk


Traduction de ce communiqué de presse en français par Laraib Ahmed, Gauthier Schoufs et Rein Daphné.

References

1 https://www.un.org/securitycouncil/content/purposes-and-principles-un-chapter-i-un-charter#rel1

2 https://www.politico.eu/article/israel-united-nations-antonio-guterres-hamas-attack-vacuum-comments/

3 https://www.aljazeera.com/news/2023/11/18/israeli-air-strikes-kill-28-palestinians-in-southern-gaza#:~:text=Since October 7, more than,to about 2.3 million people.

4 https://www.dci-palestine.org/4237_palestinian_children_killed_as_gaza_becomes_graveyard_for_children

5 https://guide-humanitarian-law.org/content/article/3/proportionality/

6 https://www.youtube.com/watch?v=9jsJYHuGPms

7 https://www.timesofisrael.com/intelligence-ministry-concept-paper-proposes-transferring-gazans-to-egypts-sinai/

8 https://edition.cnn.com/2023/11/08/world/palestinians-fleeing-south-gaza-city-unbearable-situation/index.html

9 https://www.wionews.com/world/at-least-50-killed-in-israeli-airstrikes-on-al-fakhoora-school-in-gazas-jabalia-refugee-camp-660179

Journée internationale de solidarité avec le peuple palestinien ~ 29 novembre 2023

Protesters march with free Palestine signs

Ecrit par Benjamin Koponen, Caren Thomas & Zina Sabbagh et traduit en français par Laraib Ahmed

Photo par Luke White sur Unsplash

Le Paysage Éducatif en Palestine

Au milieu des récentes escalades à Gaza, Bisan Owda, une journaliste de la région, commence la plupart de ses interviews en reconnaissant sa survie. Ses mots résonnent avec la réalité saisissante.

“Il n’y a pas d’endroit sûr à Gaza.”wizard_bisan1, Instagram, 2023.

L’impact dévastateur sur les institutions éducatives souligne cette vérité criante. Plus de 200 écoles ont été cruellement endommagées, bombardées, ou entièrement rasées dans cette petite région géographique. De manière choquante, cela représente près de 40 % du nombre total d’écoles dans la bande de Gaza.

Les installations et écoles de l’UNRWA (Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient), considérées comme des établissements protégés par le droit international et la communauté mondiale, ne bénéficient plus de la garantie de sécurité. La réalité est devenue douloureusement évidente avec le bombardement de l’école Al Fakhoura de l’UNRWA, un établissement largement reconnu dans le nord de Gaza, le 19 novembre. À ce moment-là, plus de 7 000 personnes, dont des enseignants, des étudiants, des familles et des personnes âgées, cherchaient refuge derrière ses murs. En un instant, ce sanctuaire, un institut éducatif qui a aidé à réaliser des rêves et des espoirs, a été détruit.

Approfondir les défis des Palestiniens dans le domaine éducatif offre un tableau plus clair de leurs luttes. L’éducation secondaire palestinienne comprend trois secteurs principaux : les écoles privées, les écoles publiques et les écoles de l’UNRWA spécialement établies pour les réfugiés palestiniens. Ces institutions adhèrent au programme d’études palestinien normalisé établi par le gouvernement palestinien. Un aspect intrigant à noter est le contrôle et la censure continus imposés par le gouvernement israélien sur le programme d’études palestinien normalisé. Les autorités israéliennes restreignent les informations détaillées sur le patrimoine, la culture et l’histoire palestiniens.

De plus, la simple représentation d’une carte délimitant les frontières de la Palestine est régulièrement interdite. Cela force le programme d’études palestinien à être extrêmement flexible car des changements continus s’y opèrent. De plus, les élèves et les enseignants font face à de nombreux obstacles pour accéder aux écoles. Dans toute la Cisjordanie, les checkpoints constituent un obstacle majeur, entravant le déplacement des individus vers les établissements éducatifs. De même, à Gaza, les bombardements fréquents augmentent davantage les défis auxquels font face les étudiants et les éducateurs dans leur quête d’éducation.

Un autre obstacle auquel le secteur de l’éducation secondaire est confronté est le financement. Un rapport de la Coalition mondiale pour la protection de l’éducation contre les attaques (GCPEA) a mentionné qu’environ 3,55 millions de dollars seraient nécessaires pour réparer les dommages causés aux installations scolaires lors de l’agression de mai 2021. En raison de l’occupation militaire israélienne, l’économie de l’Autorité palestinienne est gravement entravée. Ainsi, le secteur éducatif dépend fortement des dons et de l’aide de la communauté internationale, principalement de l’ONU. Cependant, depuis 2016, l’aide aux écoles de l’UNRWA diminue radicalement en raison des changements dans le domaine politique.

Les écoles de Gaza se composent de 284 établissements de l’UNRWA sur 561 écoles en raison du nombre élevé de réfugiés des villages voisins détruits. Par conséquent, bon nombre de ces écoles manquent d’infrastructures, de salles de classe et de matériel pour fonctionner correctement ; cependant, elles prospèrent toujours et utilisent autant de matériel que possible pour fonctionner au mieux de leurs capacités. Même lorsque les étudiants surmontent tous ces défis difficiles, s’ils veulent poursuivre des études supérieures en dehors de Gaza, ils se voient refuser des permis par Israël, les confinant ainsi à Gaza. En ce qui concerne l’éducation, de nombreuses tactiques employées par l’occupation israélienne exacerbent ces difficultés. Même s’il y avait une fin à la destruction et à la guerre contre Gaza, le traumatisme et le SSPT (syndrome de stress post-traumatique) auxquels sont confrontés les étudiants, les enseignants et d’autres individus prendront des générations pour être traités, guéris et totalement récupérés.

Santé mentale des enfants palestiniens

Photo par Austin Crick sur Unsplash

La santé mentale est un prisme délicat à travers lequel les êtres humains se comprennent eux-mêmes et le monde qui les entoure. Ce prisme est symbolisé par la capacité des gens à gérer le stress, à développer leurs talents, à apprendre/travailler efficacement et à soutenir leur communauté. Ces stratégies de résilience ne sont pas des mécanismes de survie face au traumatisme mais permettent aux individus de surmonter les revers et de grandir en tant qu’individus. Cependant, les incidents traumatiques de l’enfance, tels que la guerre, peuvent induire des niveaux de stress qui dépassent l’efficacité des mécanismes de survie sains. Les bombardements continus, le déplacement et l’occupation de Gaza/Cisjordanie ont accru l’anxiété, la dépression et le SSPT parmi les enfants palestiniens locaux.

Depuis le 7 octobre, les forces de défense israéliennes ont tué environ 11 320 civils palestiniens. Parmi eux, 4 650 enfants et 3 145 femmes ont été tués, laissant 29 200 blessés et 3 600 non comptabilisés (dont 1 755 enfants). Il y a douze ans, Dimitry a trouvé que “les expériences traumatiques liées au conflit sont positivement corrélées à la prévalence des problèmes mentaux, comportementaux et émotionnels”.

Dès 2011, environ 23 % à 70 % des enfants auraient souffert de SSPT. Le SSPT est une réponse mentale/physiologique prolongée à des expériences extrêmement stressantes. Pour les enfants palestiniens, l’exposition aux attaques terroristes, le déplacement de leur domicile, les abus violents et le fait de témoigner quotidiennement de l’humiliation les poussent en mode survie.

Maintenir une routine quotidienne est essentiel pour assurer la santé mentale des enfants. Cependant, la destruction des écoles, des maisons et les déplacements réguliers créent un environnement imprévisible. On a remarqué que la nature persistante de l’occupation israélienne prive les civils (en particulier les enfants) d’un moment pour guérir. En conséquence, ils sont plongés dans un état constant de stress traumatique. En 2022, 90 % des enfants ressentent de l’anxiété de séparation par rapport à leurs parents, plus de 50 % ont envisagé le suicide, et 59 % présentent un mutisme réactif. De plus, le Guardian a rapporté que les enfants rencontrent également des difficultés à dormir. Cependant, les enfants ont développé des stratégies pour faire face à ces symptômes post-traumatiques de différentes manières. Cela inclut l’exposition active à des événements traumatiques et la résistance politique en tant que réponse au traumatisme causé par la violence politique.

Les jeunes Palestiniens, souvent des jeunes hommes et garçons, sont connus pour respecter leurs pairs battus/emprisonnés. De cette manière, ils transforment la peur de la persécution en courage. En revanche, les jeunes femmes et filles palestiniennes sont plus susceptibles de manifester des symptômes de SSPT par l’anxiété et la dépression. Ces caractéristiques correspondent aux attentes de genre des garçons/filles au Moyen-Orient. Sans surprise, les jeunes hommes et garçons qui adoptent ces comportements manifestent plus de symptômes de SSPT que leurs homologues féminins. L’exposition active au traumatisme est profondément liée à la résistance en tant que réponse au traumatisme.

Wispelwey & Jamei démontrent que l’activisme politique, en particulier la Grande Marche du Retour (GMR), peut avoir “un impact positif sur la santé mentale de la communauté via un sentiment d’agence, d’espoir”. La GMR, une série de manifestations initiée en mars 2018, était censée symboliser le droit des Palestiniens à retourner dans leur patrie (consacré par la résolution 194 de l’ONU). La GMR a adopté une atmosphère culturelle/festive remplie de danse, de nourriture et de chants. Les manifestants ont rencontré la réponse militariste de l’IDF – distribuant du gaz lacrymogène et tirant sur la foule – avec un sentiment ancré d’agence pour façonner leur réalité politique.

L’état désespéré de la santé mentale des enfants en Palestine est lié à la réalité de l’occupation israélienne. L’anxiété n’est pas une réponse irrationnelle à la guerre. La dépression n’est pas une réponse irrationnelle à un manque d’opportunités. Ce sont des symptômes psychologiques de décisions prises par des dirigeants politiques. Dans une lettre publiée par Save The Children, 6 enfants palestiniens – Salma, Niveen, Zain, Samer, Khaled et Amal – ont exposé leurs souhaits ; “La première chose que nous souhaitons, c’est que la guerre se termine… Nous espérons que tous les bâtiments détruits seront dégagés et que quelque chose de mieux et de plus beau viendra à leur place”. Les soins médicaux, l’infrastructure et le soutien communautaire seront essentiels pour la guérison. Un cessez-le-feu est la première étape de ce processus de guérison.

Déprivation des ressources pour les étudiants en Palestine

Au début de l’année 2023, les Nations unies ont enregistré au moins 423 incidents impactant les enfants palestiniens et leur éducation. Cela inclut les tirs des forces israéliennes sur les écoles et les enfants, les opérations et les démolitions d’écoles. Le Ministère de l’Éducation de Gaza a suspendu l’année scolaire 2023-2024. En raison des bombardements indiscriminés de Gaza, les écoles de la bande servent de “lieux sûrs” pour les Palestiniens. Cependant, même les écoles ont été visées par les bombardements israéliens.

Actuellement, les écoles gérées par l’UNRWA – l’Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient – ont été ciblées à de nombreuses reprises par des attaques israéliennes. Ces écoles sont censées être considérées comme des zones sécurisées pendant un conflit armé. Cependant, ce que nous constatons à Gaza, c’est le ciblage délibéré de civils innocents, en particulier d’enfants. Ce ciblage de ceux qui cherchent refuge dans les écoles entraîne finalement la mort et les blessures de nombreux civils. Cela conduit à la perturbation de l’éducation en raison de la perte de ressources lorsqu’un conflit armé cible les écoles et d’autres institutions éducatives.

Défense des Enfants International – Palestine, lauréate du Prix Rafto 2023, dans leur rapport “Enfant en Guerre, 2022”, a mentionné que les enfants palestiniens ont exprimé qu’ils ne veulent pas d’aide financière de la communauté internationale. Au lieu de cela, les enfants aimeraient être protégés des fouilles qui ont lieu aux checkpoints et des attaques qui se produisent à l’école. De plus, les défenseurs des droits de l’enfant de Palestine ont eu l’opportunité de participer à des réunions avec des organes internationaux de défense des droits de l’homme, mais aucune attention n’a été accordée pour répondre aux besoins des enfants. La réalité sur le terrain reste la même.

 Photo par Gayatri Malhotra sur Unsplash

La bande de Gaza continue de subir des conflits armés, causant des dommages colossaux aux infrastructures et aux ressources éducatives. Un enfant est censé être à l’école pour apprendre, mais maintenant, il se rend à l’école avec sa famille pour se protéger des bombardements. Le nombre d’écoles endommagées s’élève à au moins 300 écoles et 183 enseignants ont été tués. De plus, le blocus d’Israël sur l’eau, la nourriture, les fournitures médicales, l’électricité et le carburant impose de graves risques pour l’accès aux ressources de ces enfants.

Une lacune dans l’éducation de l’enfant qui survient en raison du conflit, associée à l’absence de soutien psychosocial, peut laisser de nombreux enfants se sentir désespérément en retard. La situation à Gaza nécessite que les habitants reconstruisent leurs écoles, leur assainissement et d’autres ressources éducatives. Les habitants doivent trouver des moyens d’adapter des espaces d’apprentissage temporaires, obtenir le soutien de la communauté internationale pour reconstruire leurs systèmes éducatifs et, surtout, trouver des enseignants équipés pour comprendre l’environnement brisé de ces jeunes esprits. L’éducation est extrêmement cruciale dans cet environnement déchirant, car elle offre l’épine dorsale et la liberté potentielle pour surmonter certaines des difficultés rencontrées par ces enfants palestiniens.

Alors que d’innombrables lois et mécanismes internationaux sont en place, les faire respecter a été un processus inefficace principalement en raison d’une intervention internationale minimale. Il est manifestement évident que les attaques israéliennes contre la Palestine se moquent du droit international humanitaire.

Nous laissons nos lecteurs avec ces questions :

Quand l’éducation, un droit fondamental de l’homme consacré dans la Déclaration universelle des droits de l’homme, cesse-t-elle d’être un luxe lointain pour les enfants de Palestine ?

Quand un enfant de Palestine cesse-t-il d’être un “enfant de guerre” et adopte-t-il une vie d’apprentissage, de croissance et de bonheur positifs ?”


References

  1.  Agbaria, N., Petzold, S., Deckert, A., Henschke, N., Veronese, G., Dambach, P., Jaenisch, T., Horstick, O., & Winkler, V. (2020). Prevalence of post-traumatic stress disorder among Palestinian children and adolescents exposed to political violence: A systematic review and meta-analysis. PLOS ONE, 16(8), 1–17. https://doi.org/10.1371/journal.pone.0256426
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  9. Dimitry, L. D. (2011). A systematic review on the mental health of children and adolescents in areas of armed conflict in the Middle East. Child: Care, Health and Development, 38(2), 153–161. https://doi.org/10.1111/j.1365-2214.2011.01246.x
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  15. Palestinian Ministry of Foreign Affairs and Expatriates. (n.d.). Ministry of Foreign Affairs and Expatriates. State of Palestine Ministry of Foreign Affairs and Expatriates. http://www.mofa.pna.ps
  16. Save the Children International. (2022, June 15). After 15 years of blockade, four out of five children in Gaza say they are living with depression, grief and fear. https://www.savethechildren.net/news/after-15-years-blockade-four-out-five-children-gaza-say-they-are-living-depression-grief-and 
  17. Save The Children. (2022). Trapped: The Impact of 15 years of blockade on the mental health of Gaza’s children. https://resourcecentre.savethechildren.net/pdf/gaza_blockade_mental_health_palestinian_children_2022.pdf/
  18. Sherwood, H. (2023, October 22). Children in Gaza ‘developing severe trauma’ after 16 days of bombing. The Guardian. https://www.theguardian.com/world/2023/oct/22/children-in-gaza-developing-severe-trauma-after-16-days-of-bombing 
  19. UNESCO. (2023). Gaza: UNESCO calls for an immediate halt to strikes against schools. UNESCO. https://www.unesco.org/en/articles/gaza-unesco-calls-immediate-halt-strikes-against-schools 
  20. United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. “Back to school: 1.3 million Palestinian children in the West Bank and the Gaza Strip are returning to school during a tumultuous year.” ochaopt.org August 21, 2023.  http://www.ochaopt.org/content/back-school-13-million-palestinian-children-west-bank-and-gaza-strip-are-returning-school-during-tumultuous
  21. UNRWA. (2023). THE GAZA STRIP: UNRWA SCHOOLS SHELTERING DISPLACED PEOPLE CONSTANTLY. UNRWA. https://www.unrwa.org/newsroom/official-statements/gaza-strip-unrwa-schools-sheltering-displaced-people-constantly-hit
  22. Wispelwey, B. W., & James, Y. A. J. (2020). The Great March of Return. Health and Human Rights Journal, 22(1), 179–186. https://www.jstor.org/stable/10.2307/26923484
  23. World Health Organization: WHO. (2022, June 17). Mental healthhttps://www.who.int/news-room/fact-sheets/detail/mental-health-strengthening-our-response

Communiqué de presse – S’attaquer à la crise silencieuse : Broken Chalk appelle à la reconnaissance de la violence à l’égard des femmes et des filles et de son impact sur l’éducation.

25 Novembre 2023

Dans un monde où une femme sur trois a subi des violences physiques ou sexuelles, où chaque heure cinq femmes sont tuées par un membre de leur propre famille et où il est prouvé que le harcèlement sexuel se répand de façon alarmante, il est d’importance primordiale que la communauté internationale se mobilise. Broken Chalk reconnaît qu’il est urgent de s’attaquer au problème omniprésent de la Violence Basée sur le Genre (VBG) ; violence qui est également présente dans le contexte de l’éducation des enfants dans le monde. Dans les écoles, le harcèlement sexuel et les intimidations psychologiques sont la triste réalité. Beaucoup de filles se retrouvent empêchées de suivre leur éducation en raison de mariages forcés, ou en raison de violences dans leur propre foyer, ou encore de harcèlement et violence ayant lieu sur le chemin de l’école.

Exacerbée par les effets de la pandémie du COVID-19, le changement climatique, les crises économiques et l’instabilité politique de certains pays, cette violence impact directement leur éducation, ce qui les empêche de jouir de leurs droits fondamentaux et de leurs droits humains. Les risques de violence découragent les parents d’envoyer leurs filles à l’école, en particulier en zone de conflit, où elles risquent d’être agressées ou enlevées sur le chemin de l’école. Il est empiriquement prouvé que les victimes de violence ont des taux beaucoup plus élevés d’abandon scolaire et de difficultés d’apprentissage. Ceci constitue une menace sérieuse pour l’égalité des genres et pour l’émancipation des générations de femmes à venir.

Dans ce contexte, il est triste de constater que seulement 0,2% de l’aide publique au développement mondial est consacré à la prévention de la Violence Basée sur le Genre. Broken Chalk reconnaît donc que l’impact de la Violence Faite aux Femmes (VFF) est profondément sérieux et va au-delà des dommages physiques, en affectant les fondements mêmes de la société, entravant l’égalité, le développement et la paix.

La VFF pénalise la société et l’éducation des filles en particulier, c’est pour cela qu’elle reste une priorité en matière d’éducation. Premièrement, l’exposition à la violence causée par le partenaire intime, ou à des violences domestiques, a des répercussions négatives sur les résultats scolaires et le comportement des enfants. L’UNICEF signale que ces violences sont l’une des causes directes d’un faible vocabulaire et de compétences en calcul plus faibles entre l’âge de 5 et 8 ans chez l’enfant. Deuxièmement, la violence à l’égard des femmes est l’un des facteurs qui empêche les filles d’accéder à l’éducation. En effet, dans le monde, pas moins de 129 millions de filles ne sont pas scolarisées. Le sentiment d’insécurité à l’école, la stigmatisation, et la honte ressentie après avoir subi des violences sexuelles expliquent en partie cette situation. Les femmes et filles victimes de violences psychologiques peuvent être contraintes de ne pas aller à l’école en raison de la coercition dont elles font l’objet.

Broken Chalk reconnaît également l’omniprésence du harcèlement en tant que forme de violence à l’égard des femmes. Dans l’Union européenne, 45 à 55 % des femmes ont été victimes de harcèlement sexuel depuis l’âge de 15 ans. En Angleterre et au Pays de Galles, une enquête menée en 2021 a révélé que 92% des étudiantes affirmaient avoir reçu des injures sexistes de la part de leurs camarades de classe. Et 61% des étudiantes ont rapportés avoir été victimes de harcèlement sexuel par des camarades au sein de leur établissement scolaire ou universitaire. La menace potentielle d’avoir à subir des violences au sein de l’établissement scolaire ou sur le chemin de l’école peut donc dissuader les filles de suivre un enseignement scolaire. Afin d’apporter une réponse à ce problème, plusieurs pays comme le Ghana et l’Inde ont expérimenté des programmes qui fournissent des bicyclettes aux filles afin de leur offrir un moyen de transport plus sûr pour se rendre à l’école.

Bien que des efforts aient été déployés pour éliminer la violence à l’égard des femmes, les faits mentionnés ci-dessus prouvent qu’il reste encore beaucoup de chemin à faire. Broken Chalk estime que l’éducation est cruciale pour l’élimination de la VFF, car de nombreuses études ont montré que c’est précisément dans l’environnement éducatif que les enfants sont exposés à la violence et qu’on la leur enseigne. Par conséquent, l’éducation doit être considérée comme un outil qui a le pouvoir de changer la culture qui jusqu’ici perpétrait les Violences Basée sur le Genre, et l’éducation peut être utilisée pour apprendre aux jeunes esprits à se comporter à l’égard des femmes de manière respectueuse, sereine et sur le même pied d’égalité. De plus, l’éducation peut être utilisée pour sensibiliser les filles dans le monde à ce que constitue le terme de « violence », ce que de nombreuses filles ne parviennent même pas à appréhender dû à leur jeune âge. Ainsi, la violence à l’égard des femmes est tellement normalisée dans le monde que les victimes ne se rendent parfois même pas compte que leurs droits ont été violés, ce qui explique que moins de 40 % des femmes victimes de violence cherchent à obtenir une aide quelconque ou à porter plainte et à obtenir justice.

C’est pourquoi Broken Chalk s’associe aux 16 jours d’activisme contre les Violences Basée sur le Genre, une campagne internationale annuelle qui débute le 25 novembre, Journée Internationale pour l’élimination de la Violence à l’égard des Femmes, et se poursuit jusqu’à la Journée des Droits Humains, le 10 décembre. Le thème de la campagne de cette année est “TOUS-UNIS ! Investir pour prévenir la violence à l’égard des femmes et des filles”, et Broken Chalk se joint au mouvement et appelle à des investissements urgents pour prévenir la violence à l’égard des femmes, en mettant l’accent sur l’éducation pour y parvenir. De plus, Broken Chalk appelle à adopter une perspective intersectionnelle dans le travail d’éradication de la violence à l’égard des femmes, en particulier pour comprendre les difficultés supplémentaires et les attaques auxquelles les femmes racisées et les femmes LGTBQ+ sont confrontées, tant dans leur éducation que dans leur vie quotidienne.

Broken Chalk le communique au public avec toute la considération requise.

Signé,

Broken Chalk


Traduction de ce communiqué de presse en français par Gauthier Schoufs et Daphné Rein.

*Upon request, the article may be translated into other languages. Please use the comments section below*

Communiqué de presse : Broken Chalk fait appel à Israël et à la Communauté Internationale pour un cessez-le-feu immédiat après la dernière crise à l’hôpital Al-Ahli.

18 Octobre 2023

Le 7 octobre, le Hamas a lancé une attaque importante sur le territoire israélien lors d’un festival qui se déroulait juste en dehors des murs de la bande de Gaza. Cette attaque a provoqué la mort tragique de plus de 250 civils israéliens, avec en complément des otages retenus prisonniers dans l’enclave de Gaza.  En réponse, Israël a amorcé un conflit total contre Hamas, à travers des raids aériens sur la bande de Gaza et un siège sans réserve à la frontière. Le conflit a eu des conséquences dévastatrices : environ 3 000 victimes palestiniennes et 1 300 victimes civiles israéliennes, ces dernières sont attribuées aux attaques effectuées par le Hamas. Cela a déclenché une crise humanitaire désastreuse pour plus de 2 millions de Palestiniens à Gaza, une des villes la plus densément peuplée au monde.

En analysant les pertes humaines, il est navrant de constater que plus de 1 000 enfants sont morts depuis le début de la guerre, selon les estimations du ministère de la Santé de Gaza. La moitié de la population de Gaza, composée de 2.3 millions d’habitants, est âgée de moins de 18 ans. Il est donc important que les Nations Unies et la communauté internationale redoublent d’efforts pour encourager un cessez-le-feu immédiat, et pour exiger le respect du droit international par les deux parties concernées. Le Secrétaire général des Nations Unies, Monsieur Antonio Guterres a demandé un cessez-le-feu humanitaire immédiat, en déclarant que « Les attaques de Hamas ne peuvent pas justifier la punition collective du people Palestinien. »

Les discussions en cours impliquent les États-Unis, l’Union Européenne, Israël et l’Égypte, mais ces discussions s’avèrent difficiles. Le but principal de ces discussions est l’entrée d’aide humanitaire par l’Égypte dans le territoire de la bande de Gaza, à travers l’ouverture du passage de Rafah ; malheureusement, ces négociations sont très compliquées, car Israël a ciblé quatre fois le passage de Rafah avec des raids aériens depuis le début du conflit le 7 octobre.  Des centaines de camions humanitaires égyptiens sont bloqués au passage de Rafah, pendant que le gouvernement Égyptien fait pression sur Israël et les Etats-Unis pour qu’ils soutiennent un cessez-le-feu, de manière à ce que l’aide humanitaire puisse aider les enfants, femmes et hommes blessés.

Le 17 octobre, une lourde explosion a ébranlé l’hôpital Al-Ahili à Gaza où les médecins et les infirmiers venaient en aide aux Palestiniens blessés, parmi lesquels des femmes et des enfants, et où d’autres palestiniens se réfugiaient.  Cet incident est l’événement le plus meurtrier ayant  eu lieu depuis le début du conflit, car cette explosion a causé la mort de 500 victimes, selon les autorités palestiniennes de la Santé. Les acteurs militaires principaux du conflit, le Hamas et les forces de défense israéliennes, se rejettent la responsabilité de cette explosion.  Puisque ce conflit a entraîné une crise humanitaire sans précédent, avec environ 2.2 millions de Palestiniens privés de l’accès aux besoins essentiels comme la nourriture, l’eau et l’électricité, Broken Chalk lance un appel à une action immédiate afin d’arrêter immédiatement les multiples transgressions des droits de l’Homme en cours et pour apporter une stabilité dans cette région et dans le monde entier. Nous faisons appel au gouvernement israélien et à la communauté internationale pour soutenir de toute urgence un cessez-le-feu et pour permettre à l’aide humanitaire d’accéder au passage de Rafah, pour subvenir aux besoins essentiels de nombreux Palestiniens réfugiés et affectés dans la région Sud de Gaza. Nous demandons au gouvernement israélien de respecter rigoureusement les normes du droit international qui concernent la protection des hôpitaux, des journalistes et des civils. Nous pensons que la communauté internationale doit exercer un suivi plus rigoureux du gouvernement d’Israël pour assurer le respect des droits de l’Homme. Il est urgent qu’Israël lève le siège mis en place sur la bande de Gaza afin de permettre l’afflux d’eau, nourriture, électricité et combustibles aux hôpitaux Palestiniens.

Broken Chalk fait cette annonce au public concerné avec le respect qui leur est dû.  

Signé par

Broken Chalk.

Traduction en français par Eliana Riggi et Daphné Rein de l’article en anglais : https://brokenchalk.org/press-release-broken-chalk-calls-on-the-immediate-ceasefire-by-israel-and-the-international-community-following-the-latest-crisis-at-al-ahli-baptist-hospital/

La vie de Halime Gulsu : l’enseignant céleste assassiné en prison

Halime Gülsu – Le système carcéral turc défaillant a entraîné la mort tragique d’une âme unique. Compte rendu de la vie de Halime Gülsu : L’enseignante céleste assassinée en prison (2022)

Écrit par Vivien Kretz

Traduit par Laura Goubran

How can prisoners not be sentenced to death but still be murdered?

How do civilians pay for their lives? Questions like this arise when thinking about the fate of Halime Gülsu.

Written by Zeynep Kayadelen and published by the US human rights organization Advocates of Silenced Turkey (AST), the book, titled “Halime Gülsu: The Heavenly Teacher Murdered in Prison,” is based on the accounts of Gülsu’s cellmates who witnessed her final moments as well as friends and family. She died as an inmate in a prison ward in the Mersin province in Turkey due to insufficient access to medical aid.

Halime Gülsu’s story was now reconstructed by Advocates of Silenced Turkey (AST), a Turkish NGO. Author Zeynep Kayadelen incites her work with a preface: “We have died many times” (Kayadelen 2022, 9). The hopelessness peaks through her words. She dedicates this work of literature to those who have died from painful deaths fighting for a cause they cared about.

In her heartfelt novel, Kayadelen touches on the saddening fate of Halime Gülsu, a dedicated teacher who taught in Turkey and was a part of the Hizmet movement. This movement is influenced by the ideas and goals of scholar Fethullah Gulen. The Hizmet movement is dedicated towards a freer, more equal, and more sustainable Turkey.

Gülsu was a highly devoted teacher. She taught her students during her working hours and supported them when many of them were persecuted by the Turkish regime.

Turkey’s regime worked against those affiliated with Hizmet and those who were part of the movement. Gülsu and most of her friends were in a difficult situation. She felt watched for her every step. She knew that the regime was after her and that they did not mean well to her. Kayadelen described it as: “If their oppression was a fire, their animosity was the wind raging it up”. However, Gülsu refused to give in and declined the opportunity to leave the country. Much of her family lived in Canada, so she often could go abroad to see her family. However, she was a very proud Turkish citizen and chose to stay to defend herself against the regime. It is stressed multiple times throughout the book that she saw herself as a citizen of Turkey and decided to fight for a promising future for her country. However, the leaders of the regime disagreed with this.

Comment des prisonniers peuvent-ils ne pas être condamnés à mort mais être tout de même assassinés ?

Comment les civils paient-ils pour leur vie ? C’est ce genre de questions que l’on se pose lorsqu’on réfléchit au sort de Halime Gülsu.

Écrit par Zeynep Kayadelen et publié par l’organisation américaine de défense des droits de l’homme Advocates of Silenced Turkey (AST), le livre intitulé “Halime Gülsu : The Heavenly Teacher Murdered in Prison” (Halime Gülsu, l’enseignante céleste assassinée en prison) est basé sur les récits des compagnons de cellule de Gülsu qui ont assisté à ses derniers instants, ainsi que sur les récits d’amis et de membres de sa famille. Elle est décédée alors qu’elle était détenue dans une prison de la province de Mersin, en Turquie, faute d’accès suffisant à l’aide médicale.

L’histoire de Halime Gülsu a été reconstituée par Advocates of Silenced Turkey (AST), une ONG turque. L’auteure Zeynep Kayadelen commence son travail par une préface : “Nous sommes morts plusieurs fois” (Kayadelen 2022, 9). Le désespoir transparaît dans ses mots. Elle dédie cette œuvre littéraire à ceux qui sont morts d’une mort douloureuse en se battant pour une cause qui leur tenait à cœur.

Dans ce roman sincère, Kayadelen évoque le triste sort d’Halime Gülsu, une enseignante dévouée qui enseignait en Turquie et faisait partie du mouvement Hizmet. Ce mouvement est imprégné des idées et des objectifs de l’érudit Fethullah Gulen. Le mouvement Hizmet se consacre à une Turquie plus libre, plus égalitaire et plus durable.

Gülsu était une enseignante très dévouée. Elle enseignait ses élèves pendant ses heures de travail et les soutenait lorsque nombre d’entre eux étaient persécutés par le régime turc.

Le régime turc s’est attaqué à ceux qui étaient affiliés à Hizmet et à ceux qui faisaient partie du mouvement. Gülsu et la plupart de ses amis se trouvaient dans une situation difficile. Elle se sentait surveillée à chaque instant. Elle savait que le régime était à sa poursuite et qu’il ne lui voulait pas du bien. Kayadelen l’a décrit comme suit : “Si leur oppression était un feu, leur animosité était le vent qui l’attisait”. Cependant, Gülsu a refusé de céder et a décliné l’opportunité de quitter le pays. Une grande partie de sa famille vivant au Canada, elle pouvait souvent se rendre à l’étranger pour voir sa famille. Cependant, elle était très fière d’être une citoyenne turque et a choisi de rester pour se défendre contre le régime. Tout au long du livre, il est souligné à plusieurs reprises qu’elle se considérait comme une citoyenne turque et qu’elle avait décidé de se battre pour assurer un avenir prometteur à son pays. Cependant, les dirigeants du régime n’étaient pas d’accord avec elle.

Le 20 février 2018, Gülsu a été arrêtée pour son appartenance au mouvement Hizmet. Son arrestation l’a prise par surprise. Gülsu savait qu’elle était surveillée mais ne s’attendait pas à être arrêtée et incarcérée.

Après que l’équipe des forces spéciales antiterroristes de Mersin ait fouillé son appartement et tout démonté, ils l’ont menottée et emmenée à la prison de Tarsus.

Gülsu n’était pas en bonne santé. Elle souffrait d’un lupus érythémateux chronique, une maladie auto-immune, et devait prendre des médicaments tous les jours et toutes les semaines pour traiter sa maladie.

Lorsque les forces turques ont arraché l’enseignante de son domicile, elle s’est empressée de prendre ses médicaments quotidiens et son dossier médical pour les emporter avec elle. Malheureusement, Gülsu a oublié de prendre ses médicaments hebdomadaires lors de son arrestation.

Une fois arrivée à la prison, Gülsu a demandé ses documents médicaux, qui indiquaient qu’elle était malade et avait besoin de ses médicaments hebdomadaires et d’une aide médicale, mais ses dossiers médicaux étaient introuvables. Gülsu s’est retrouvée dans une situation terrifiante qui mettait sa vie en danger.

Elle a été placée dans une cellule surpeuplée avec d’autres femmes. La cellule était prévue pour dix personnes avec dix lits, et lorsqu’elle y est entrée, elle était déjà au double de sa capacité.

Certaines prisonnières avaient des bébés, mais on les leur a retirés. Les détenues étaient obligées de renvoyer leurs jeunes enfants chez elles parce qu’elles ne pouvaient pas s’en occuper en prison.

Gülsu a tout vécu : la routine, les incertitudes et les histoires des autres prisonnières, mais pas pour longtemps. Trois mois après son arrestation, Gülsu est décédée des suites d’une négligence médicale.

Gülsu n’a pas eu accès à ses médicaments hebdomadaires et n’a jamais reçu de traitement médical pour sa maladie chronique, le lupus. Son état s’est aggravé et elle a développé des excroissances et des masses – elle souffrait terriblement.

Gülsu s’affaiblit de jour en jour. Lorsque son frère a enfin pu lui remettre les médicaments, il était déjà trop tard. Gülsu ne pouvait plus supporter la douleur et la maladie agressive avait trop progressé. Selon les récits des détenus et de la famille, Gülsu était consciente de ses derniers jours.

Après des semaines de souffrance, Gülsu a finalement été autorisée à se rendre à l’hôpital, mais il était trop tard. Après son retour à la prison, ses codétenues, qui étaient devenues des amies attentionnées, ont dû la porter car elle était trop faible pour marcher – elles se sont occupées d’elle, l’ont nourrie et ont prié pour elle.

Malheureusement, en avril 2018, à 3h10, elle est morte seule dans un couloir de prison. “Comme un cocon vide, son corps desséché a été laissé derrière elle, allongé là”, écrit Kayadelenin dans son livre.

L’auteur Kayadelen écrit son livre à la première personne, ce qui permet au lecteur de mieux comprendre ce que l’enseignante a dû endurer pendant son séjour difficile en prison.

Le livre de Kayadelen est une belle expérience de lecture qui donne un aperçu personnel de ce que Gülsu a vécu pendant ses derniers jours. Grâce à de nombreux entretiens avec des personnes travaillant à la prison et des proches de Gülsu, l’organisation a recueilli les récits de son séjour en prison et a créé une base solide pour une histoire racontée avec cœur.

Le travail de Kayadelen est une voix forte contre toutes les violations des droits de l’homme dans les prisons turques. L’organisation Advocates of Silenced Turkey a fait un excellent travail en donnant un petit morceau de justice à Halime Gülsu, “l’enseignante céleste”.

L’ouvrage peut être acheté ici:

https://www.amazon.com/Life-Halime-Gulsu-Heavenly-Murdered/dp/B0BMY9HXYW

L’histoire de Neslihan Ozcan Sahin : Après toutes ses difficultés, une enseignante réfugiée recommence à enseigner.

Écrit par Georgette Schönberger

Neslihan est une réfugiée de Turquie qui est venue aux Pays-Bas pour construire une nouvelle vie avec son mari et ses deux enfants.

En août 2018, Neslihan a laissé derrière elle sa vie en Turquie et s’est réfugiée en Grèce. Elle y a passé trois mois avant de venir aux Pays-Bas. Elle a vécu avec sa famille dans un logement social à Amstelveen pendant quelques années. Elle a vécu avec sa famille pendant 19 mois dans différents centres d’hébergement d’urgence (AZC) à travers les Pays-Bas. “Je connais les Pays-Bas mieux qu’un Néerlandais ordinaire”, affirme Neslihan.

En Turquie, Neslihan a longtemps travaillé comme professeur de chimie, de physique et de biologie. Elle était impatiente de recommencer à enseigner lorsqu’elle est arrivée aux Pays-Bas. Heureusement, il n’a pas été difficile de trouver un emploi. Grâce au projet “Statushouders voor de Klas”, elle a appris le fonctionnement du système scolaire néerlandais, ce qui lui a permis de décrocher un stage. En outre, Neslihan a travaillé comme bénévole dans une école. Elle a travaillé comme assistante technique au lycée Apollo d’Amsterdam. Dans cette même école, elle a pu évoluer et, après un certain temps, elle a été autorisée à enseigner deux jours par semaine. L’année suivante, elle ne travaillera plus qu’en tant qu’assistante, mais en tant qu’enseignante.

Pourquoi avez-vous décidé de devenir enseignante à l’époque ?

“J’aime enseigner ; je ne vois pas cela comme un travail, car c’est une passion pour moi.” Cela fait maintenant 18 ans qu’elle enseigne et elle aime toujours autant son métier. Après avoir terminé ses études, elle a tout de suite commencé à enseigner. Elle a choisi d’enseigner la chimie, la physique et la biologie parce qu’elle avait les meilleures notes dans ces trois matières et qu’elle les trouvait amusantes.

Pourquoi avez-vous décidé de venir aux Pays-Bas ?

“Nous avons lu sur Internet et dans les journaux et nous avons souvent entendu dire qu’aux Pays-Bas, les gens sont libres et peuvent partager leurs opinions ou leurs idées. Malheureusement, ce n’est pas le cas en Turquie, où l’on n’est pas libre et où l’on ne peut pas dire ce que l’on veut. Même les enfants vont souvent en prison pour avoir révélé leurs opinions”. Pour cette raison, le frère et la sœur de Neslihan sont également venus aux Pays-Bas avec leur famille. Neslihan voit sa famille chaque semaine.

Quelles difficultés avez-vous rencontrées en arrivant aux Pays-Bas ?

Neslihan est une réfugiée politique et elle était considérée comme une terroriste dans son propre pays en raison de ses opinions. Avec toute sa famille, elle a dû fuir la Turquie par bateau. Le voyage jusqu’aux Pays-Bas a été éprouvant. Elle a dû payer beaucoup d’argent et négocier avec des passeurs, ce qui peut être très dangereux.

En outre, Neslihan voulait apprendre le néerlandais, ce qui s’est avéré assez difficile au début. Comme elle n’était pas obligée de s’intégrer à l’époque, elle n’a pas pu suivre de cours de néerlandais gratuits pendant son séjour à l’AZC. Elle a toutefois appris quelques notions de néerlandais grâce à des amis et des bénévoles de l’AZC. Elle en est très reconnaissante. Neslihan voulait s’intégrer et s’assimiler, et sa compréhension de la langue était donc fondamentale. Après une longue lutte, elle a finalement réussi à emprunter de l’argent, ce qui lui a permis de participer à un cours.

De temps en temps, elle a encore des difficultés avec la langue néerlandaise, en particulier avec le “er” et les différentes prépositions qu’elle trouve difficiles. En outre, elle ne comprend pas encore certaines expressions néerlandaises, mais elle pense que cela finira par s’arranger.

Quelles sont les différences entre les systèmes scolaires turc et néerlandais ?

“À mon avis, il n’y a pas tant de différences. Bien sûr, certaines choses sont assez similaires. Par exemple, les adolescents ne sont que des adolescents et se comportent de la même manière à certains égards, mais aux Pays-Bas, les élèves ont toujours la possibilité de passer à un autre niveau grâce aux différents niveaux scolaires. Par conséquent, le système néerlandais est mieux, car cette opportunité leur est offerte”.

Neslihan explique qu’en Turquie, il n’y a qu’un seul niveau et que chaque élève doit apprendre les mêmes matières et passer le même examen. Si le niveau est trop élevé, il n’y a pas d’autre possibilité de continuer à étudier, ce qui explique pourquoi de nombreux jeunes abandonnent l’école.

Une autre grande différence est qu’il y a peu de hiérarchie aux Pays-Bas. “Mon directeur et mon chef d’équipe sont simplement mes collègues. Nous sommes considérés et traités de la même manière. Je peux les appeler par leur nom. En Turquie, il faut s’adresser à tout le monde par monsieur ou madame. Je ne veux plus de hiérarchie en Turquie ; j’aimerais que cela change”.

Y a-t-il quelque chose que vous aimeriez partager ?

“J’aimerais dire que nous sommes tous des personnes qui peuvent vivre ensemble ; il suffit de se respecter les uns les autres. Il faut traiter tout le monde avec respect et créer une atmosphère sûre et plaisante. Nous sommes venus ici pour notre liberté et la Hollande nous a donné de nombreux droits. Par conséquent, vous devez faire quelque chose pour les Pays-Bas ; vous devez utiliser vos compétences pour aider le pays et vous intégrer. Le premier pas est facile à faire : dire bonjour à ses voisins, par exemple, ou simplement discuter avec quelqu’un et être gentil.”

Neslihan tient également à rappeler que de nombreuses personnes sont encore menacées en Turquie ou oubliées en prison. Vous pouvez toujours faire quelque chose pour eux, par exemple en partageant quelque chose sur Twitter ou en en parlant.

 

Traduit par Laura Goubran

Translated form the original Story of Neslihan Ozcan Sahin: After all her struggle, a refugee teacher begins to teach again.

4 Cadets Qui Ont Perdu La Vie En Voulant Servir Le Pays

Introduction

Depuis le 15 juillet 2016, rien n’est plus pareil en Turquie. Cette date marque la tentative de coup d’État infructueuse contre le président Recep Erdogan et son parlement. Il y a de nombreuses spéculations selon lesquelles le coup d’État a été comploté par le président lui-même, mais le principal groupe de personnes à blâmer sont les partisans du mouvement Gulen. Des milliers de personnes ont été arrêtées et emprisonnées, encore plus ont perdu leur emploi et des centaines sont mortes cette nuit-là.[1] Plus de 400 anciens étudiants de l’Air Force Academy ont été accusés d’avoir participé à la tentative de coup d’État du 15 juillet 2016, et environ 250 d’entre eux sont toujours en prison et risquent la réclusion à perpétuité.[2]

Cet article fournira des informations sur quatre cas de jeunes cadets qui ont perdu la vie à la suite des événements survenus la nuit du coup d’État. Tous les quatre partagent une foi similaire, dont l’esprit peut être saisi dans cet article.

 

L’histoire de Murat Tekin et Ragip Katran – de jeunes vies sous une terrible influence

La nuit du coup d’état, Murat Tekin, 21 ans, qui avait étudié au lycée militaire d’Işıklar à Bursa pendant cinq ans, puis s’était inscrit à l’Air Force Academy à Istanbul l’année dernière, était, avec beaucoup de ses amis, stationné sur le pont du Bosphore d’Istanbul par leurs commandants. Même si les cadets étaient sur le pont cette nuit-là, aucun d’eux ne savait ce qui allait se passer et qu’un coup d’État allait éclater. Les cadets ont été attaqués par une foule en colère sur le pont qui voulait mettre fin au coup d’État et punir les soldats qu’ils pensaient être des putschistes. Deux des cadets ont été tués par des assaillants inconnus, tandis que des dizaines d’autres ont été blessés, ce que des séquences vidéo ont montré plus tard. Murat Tekin a été brutalement assassiné sur le pont du Bosphore, la gorge tranchée et le corps frappé à mort. Ragip Katran était une autre victime cette nuit-là, qui a également été assassinée par erreur, mais pourtant brutalement. Les cadets ont été informés par leurs officiers qu’il y avait huit personnes présentes avec des bombes attachées à elles-mêmes, également appelées terroristes sur le pont, mais il n’y avait rien de tel. Les étudiants, dont Tekin et Katran, allaient porter de l’aide, mais tout à coup, ils se sont retrouvés au milieu du coup d’État. La sœur de Murat, Mehtap, a publié une vidéo des derniers instants de son frère sur Twitter en disant : “Regarde ça, je ne peux pas”, avec la vidéo montrant son frère allongé dans une mare de sang avec des dizaines de personnes maudissant son corps. La vidéo a été retirée par la plateforme en ligne car elle a été juger trop brutale,[3] Ragip Katran a également été victime de cet horrible événement mais son frère ne pense pas qu’Erdogan dise la vérité. De l’avis du frère, il y avait un scénario tracé, que des terroristes essayaient de prendre le pouvoir, mais en réalité, il n’y avait rien de tel. Les cadets ne savaient pas quelle était la situation réelle dans le pays, mais à la fin, ils ont fini par en payer de leur vie. Plus de 250 des cadets sont toujours en prison, au motif qu’ils ont tenté un coup d’État. Donc, à la fin, les civils ont battu les cadets, dans deux des cas ont tués, parce qu’ils pensaient qu’ils protégeaient les intérêts d’Erdogan, d’autre part, Erdogan les a mis en prison parce qu’ils faisaient partie du coup d’État.

 

Histoire de Yusuf Kurt

Yusuf Kurt faisait également partie des événements ce soir-là Pont du Bosphore d’Istanbul. Même s’il n’a pas été tué sur le pont cette nuit-là, il a été condamné à la réclusion à perpétuité en 2016. Le jeune homme a été en prison pendant 4 ans, jusqu’en janvier 2020, date à laquelle il a été libéré en raison de la détérioration de son état de santé. L’ancien cadet de l’armée de l’air souffrait d’un cancer des os et dix mois après sa libération, il est décédé. La mère d’un des co-étudiants de Kurt affirme que les cadets ignoraient qu’un coup d’État était en cours lorsqu’une tentative putschiste s’est déroulée le 15 juillet 2016, lorsque des soldats voyous ont échoué dans leur tentative de prendre le pouvoir après des escarmouches avec des factions pro-gouvernementales.[4]

 

Le dernier ami

Il y a deux semaines, un ancien cadet et ami des personnes mentionnées ci-dessus s’est suicidé, car il ne pouvait plus porter le fardeau. Il a été témoin de tout ce qui s’est passé cette nuit-là, il a été arrêté et libéré, persécuté pendant des années avec des accusations injustes et il ne pouvait plus le supporter. Son frère est également en prison, purgeant sa peine. Et comme sa famille ne peut le voir que 40 minutes par mois derrière les barreaux, le jeune frère ne pouvait plus vivre comme ça et il a décidé de mettre fin à ses jours.

 

Conclusion

Malgré de nombreux recours auprès de la Commission des droits de l’homme de l’ONU et sa décision de libérer momentanément les cadets, Erdogan n’accepte aucun ordre qui ne soit pas donné par lui. Ce ne sont que quatre cas de garçons qui ont perdu leur chance de mener une vie normale, mais la situation dans son ensemble montre comment des milliers de personnes ont perdu leur emploi ou ont été forcées de quitter le pays pour chercher une nouvelle vie.

Au nom de Broken Chalk, je tiens à dire que les personnes qui font souffrir des milliers de personnes doivent faire face à des conséquences juridiques. Nous insistons sur le fait que les tiers, qui sont en dehors de la Turquie, doivent agir immédiatement parce que le premier et le plus important des droits de l’homme est le droit à la liberté. Comme Herbert Hoover l’a dit un jour :”La liberté est la fenêtre ouverte par laquelle se déverse la lumière du soleil de l’esprit humain et de la dignité humaine.” Sans notre liberté, l’âme humaine est perdue.

 

Écrit par : Ivan Evstatiev

Traduit par : Esther Musau Tshimanga

 

Sources:

[1] Reporter, G. S. (2017, July 15). Turkey sacks more than 7,000 civil servants one year on from failed coup. The Guardian. Retrieved May 31, 2022, from https://www.theguardian.com/world/2017/jul/15/turkey-sacks-over-7000-civil-servants-for-alleged-links-to-terror-groups

[2] R.A. (2022, May 17). Ridvan A. on LinkedIn: I am aware LinkedIn is supposed to be used for business inquiries, [LinkedIn post]. LinkedIn. https://www.linkedin.com/feed/update/urn:li:activity:6932233850878087168/

[3] T. (2018, January 14). [VIDEO] Sister releases video of last moments of 21-year-old air force cadet murdered on night of coup attempt | Turkey Purge. Turkeypurge.Com. Retrieved May 31, 2022, from https://turkeypurge.com/video-sister-releases-video-last-moments-21-year-old-air-force-cadet-murdered-night-coup-attempt

[4] S. (2021, January 28). Air force cadet sentenced to life in prison succumbs to bone cancer: report. Stockholm Center for Freedom. Retrieved May 31, 2022, from https://stockholmcf.org/air-force-cadet-sentenced-to-life-in-prison-succumbs-to-bone-cancer-report/

Les Talibans abolissent le droit des femmes en Afghanistan

 

by Leticia Cox

Taliban est devenu un synonyme d’élimination des femmes. Taliban est aussi devenu un autre mot pour évoquer la dégradation des conditions de vie, de la place et du rôle de la femme dans la société, et plus généralement de l’absence d’éducation ou de travail pour les femmes en dehors des tâches ménagères et de la procréation. Les talibans sont synonymes de privation des droits humains fondamentaux des femmes, qui vivent dans la peur, sans qu’aucune forme de dignité ne leur soit reconnue.

La plupart des Afghans, y compris certains talibans, ne sont pas favorables à l’exclusion des femmes et des filles du système éducatif et s’inquiètent sérieusement des conséquences pour l’ensemble du pays. Après l’annonce par les talibans de l’interdiction de l’accès des femmes à l’université, les étudiants ont abandonné leurs examens en signe de protestation contre la décision des talibans, et plusieurs professeurs ont démissionné. Des pays musulmans, tels que la Turquie, l’Arabie saoudite, le Pakistan et le Qatar, ont exprimé leurs inquiétudes face à l’interdiction de l’accès à l’université et ont exhorté les autorités talibanes à revenir sur leur décision. Depuis des décennies, le rôle de la charia est de plus en plus contesté dans le monde entier. La Cour européenne des droits de l’homme de Strasbourg (CEDH) a statué dans plusieurs affaires que la charia était « en conflit avec les principes fondamentaux de la démocratie ». Certaines pratiques traditionnelles entraînent de graves violations des droits de l’Homme, notamment en ce qui concerne les femmes et leur liberté d’éducation.

Les Talibans, connus sous le nom de Talib qui signifie « étudiant », ont cherché à mettre fin au règne des seigneurs de la guerre en Afghanistan par une adhésion plus stricte à la charia. Ils dirigèrent le pays de 1996 à 2001 sous le nom d’Émirat islamique d’Afghanistan, puis de nouveau depuis août 2021. Dès leur arrivée au pouvoir, les Talibans ont aboli le ministère de la femme ; les femmes ont été progressivement retirées du milieu médiatique. Les services de santé qui leur sont offerts sont limités, leurs possibilités d’emploi sont limitées et leur droit à l’éducation leur a été retiré. Au total, ce sont dizaines de milliers de femmes étaient au chômage dans différents secteurs. Toute vie sociale leur est déniée. Les femmes ont désormais besoin d’un tuteur masculin pour parcourir plus de 50 kilomètres ou pour entreprendre des tâches de base telles que pénétrer dans les bâtiments gouvernementaux, consulter un médecin ou prendre un taxi. Elles sont interdites de presque tous les emplois, à l’exception des professions médicales et, depuis mercredi, de l’enseignement. Les femmes ne peuvent plus non plus se rendre dans les parcs publics. L’interdiction faite par les talibans aux femmes et aux jeunes filles de s’instruire a condamné définitivement les Afghanes à un avenir plus sombre et sans perspectives d’avenir.

L’annonce récente des talibans de suspendre immédiatement et jusqu’à nouvel ordre l’accès des femmes aux universités du pays constitue une nouvelle étape dans la violation flagrante de l’égalité des droits de l’homme et de la femme consacrée par le droit international, mais aussi une violation des règles religieuses. Nous nous sommes entretenu avec Ali Unsal, écrivain, enseignant-chercheur et prédicateur expérimenté, docteur en théologie et en jurisprudence islamiques. Il a étudié dans les meilleures écoles de théologie de Turquie et vécut plusieurs années aux États-Unis, où il approfondit ses études et son expérience académique et professionnelle en s’engageant auprès des Américains musulmans et non musulmans par le biais de séminaires, d’ateliers, de conseils, de services communautaires locaux et d’écrits académiques. Il a dirigé l’Institut d’études islamiques et turques (IITS) à Fairfax, en Virginie. Le Dr Unsal organise différents séminaires et des discussions avec des universitaires de différents pays, et il parle couramment l’anglais, le turc, l’arabe, le dialecte indonésien et le tatar.

« Le premier commandement de l’islam est : lisez. L’islam exhorte les hommes et les femmes à rechercher la connaissance. Si le Coran s’adresse aux êtres humains, il conseille aux hommes comme aux femmes d’acquérir des connaissances, de trouver la vérité, de révéler et de développer leur propre potentiel et de devenir des êtres humains parfaits », a affirmé le docteur Ali Unsal, titulaire d’un doctorat en théologie islamique, lors d’une récente interview pour Broken Chalk. Selon le Dr Unsal, le prophète Mahomet lui-même a encouragé l’éducation et l’instruction des filles, qui ont été particulièrement méprisées et sous-estimées au cours de l’Histoire. « Par exemple, dans l’un de ses hadiths, Quiconque élève et discipline deux filles jusqu’à ce qu’elles atteignent l’âge adulte, sera à nos côtés le jour du jugement », explique le Dr Unsal. « Lorsque des femmes sont venues le voir pour lui dire qu’il enseignait constamment aux hommes dans la mosquée et transmettait le message d’Allah, mais que les femmes en étaient privées, il leur a accordé un temps spécial et leur a donné une sorte d’éducation. « Aïcha, l’épouse du prophète Mahomet, est devenue l’une des plus éminentes érudites de son temps. Tout le monde venait apprendre d’elle ce qui lui manquait. Dans l’Histoire de l’islam, les femmes ont occupé une place importante dans la vie scientifique et culturelle. La poursuite de l’éducation dans une structure non officielle dans le monde islamique et l’attachement au maître plutôt qu’à l’école ont permis aux femmes de recevoir plus facilement l’enseignement des savants de leur entourage. Parmi les maîtres de Tâceddin es-Subki, l’un des grands savants islamiques, qui ont écouté et appris des hadiths, 19 femmes sont mentionnées. Suyûtî a appris des hadiths de 33 femmes, İbn-i Hacer de 53 et İbn-i Asâkir de 80 d’entre elles», poursuit le Dr Unsal.

Plusieurs sources médiatiques ont fait état de la présence de forces talibanes devant les universités de Kaboul depuis l’interdiction, empêchant les femmes d’entrer dans les bâtiments tout en permettant aux hommes d’y pénétrer et de terminer leur travail. Le ministre de l’enseignement supérieur, Nida Mohammad Nadim, ancien gouverneur de province, chef de la police et commandant militaire, s’oppose fermement à l’éducation des femmes, estimant qu’elle va à l’encontre des valeurs islamiques et afghanes. Le ministre Nadim a également déclaré aux médias que l’interdiction était nécessaire pour plusieurs raisons : empêcher la mixité dans les universités car les femmes ne respectent pas le code vestimentaire, parce que les étudiantes allaient dans d’autres provinces et vivaient sans leur famille, et parce que l’étude de certains sujets et les cours enseignés violaient les principes de l’islam. Ces raisons ne semblent pas convaincantes pour l’opinion publique mondiale. Le 24 août de l’année dernière, les ministres des affaires étrangères du G7 – réunissant l’Allemagne, le Canada, les États-Unis d’Amérique, la France, l’Italie, le Japon et le Royaume-Uni – ont exhorté les talibans à revenir sur l’interdiction de l’éducation des femmes, avertissant que « la persécution fondée sur le sexe peut constituer un crime contre l’humanité qui fera l’objet de poursuites judiciaires. » (verbatim).

« À mon avis, cela n’a rien à voir avec l’islam », nous a affirmé le Dr Unsal durant notre entretien. « Parce que cela va totalement à l’encontre des traditions pachtounes. Selon les mœurs locales, une femme ne doit rester à la maison, ne faire que la cuisine, ne donner naissance à un enfant et ne pas sortir que si c’est absolument nécessaire. Cela n’a rien à voir avec l’islam. Car la femme du prophète elle-même était une grande femme d’affaires. Les femmes étaient présentes dans tous les domaines de la vie sociale. Au marché, à la mosquée. Le calife Omar a nommé une femme, Sifa, comme inspectrice pour superviser le bazar ».

« À mon avis, il peut y avoir deux raisons à ces mesures restrictives », nous a détaillé le Dr Unsal. « D’une part, ces hommes n’ont aucune expérience de l’État. Ils ne sont pas en mesure d’interpréter correctement la dynamique de la société. Ils ont encore une mentalité tribale. Cela les pousse à mener une politique nocive et nuisible au collectif puisqu’ils peuvent pas englober tous les segments de la société. Le second est une sorte de changement de perspective ou une sorte d’ignorance. Ils interprètent l’Islam en fonction de leur propre culture tribale. Malheureusement, cette interprétation est à la fois contraire à l’universalité de l’Islam et est loin de répondre aux besoins des temps modernes. C’est pourquoi ils agissent avec une interprétation radicale et marginale. »

Dans tout le pays, les talibans ont interdit aux filles d’aller à l’école au-delà de la sixième année, ont empêché les femmes de travailler et leur ont ordonné de porter une burqa ou un vêtement de la tête aux pieds en public. Les femmes ont également été interdites dans les parcs et les gymnases.

« De nombreuses jeunes filles sont traumatisées lorsqu’elles sont détenues. Certaines familles qui ont fait l’objet de reportages ont déclaré que leur fille pleurait constamment et qu’elle ne pouvait pas être réconfortée. Les jeunes et les familles sont inquiets pour leur avenir », affirme le Dr Unsal.

« Nos sœurs et nos hommes ont les mêmes droits ; ils pourront bénéficier de leurs droits. Bien sûr, dans le cadre qui est le nôtre », a déclaré en janvier dernier Zabihullah Mujahid, porte-parole et vice-ministre de l’Information du gouvernement taliban.

Malgré les promesses initiales d’une charia plus modérée et du respect des droits des femmes, les talibans ont mis en œuvre leur interprétation de la loi islamique (charia) depuis qu’ils ont pris le contrôle du pays en août 2021, et des preuves montrant que les talibans violent ce droit fondamental à l’égalité des sexes continuent d’apparaître aux yeux du monde entier.

Husna Jalal a fui l’Afghanistan en août de l’année dernière, après la prise de contrôle de la ville de Kaboul par les talibans. Elle a travaillé pendant quatre ans à Kaboul après avoir obtenu son diplôme universitaire, mais comme de nombreuses femmes afghanes qui travaillent, elle avait prédit que la charia stricte serait mise en œuvre peu après la prise du pays par les talibans.

« Il n’y a aucune justification religieuse ou culturelle à cela », a déclaré Husna Jalal, 26 ans, diplômée en sciences politiques à Kaboul. « C’est déchirant de voir mes sœurs violer leurs droits humains fondamentaux. Je les ai vues défiler dans les rues en réclamant la liberté et l’égalité, et j’ai vu les forces de sécurité talibanes utiliser la violence pour disperser le groupe et les empêcher d’exercer leur liberté d’expression. Les gens du monde entier doivent élever la voix pour mes sœurs ; les talibans nous ont ôté tous nos espoirs. »

Husna Jalal est explicite en ce qui concerne l’aide que peut apporter la communauté internationale :    « Les femmes afghanes sont fatiguées de parler et de partager leurs histoires avec la presse et les organisations étrangères. Elles ont l’impression que personne ne les aidera ou ne peut les aider. » Selon le professeur Jalal, arrêté le 8 janvier dernier par le régime taliban pour avoir critiqué le régime, « l’Union Européenne devrait cesser de financer les activités des talibans. Les enfants des familles talibanes dans les universités étrangères devraient être renvoyés en Afghanistan pour y étudier. Les donateurs internationaux devraient quant à eux identifier et exercer l’influence qu’ils ont sur les talibans, que ce soit par des sanctions diplomatiques, des sanctions économiques, de l’aide, des pressions politiques ou d’autres moyens. Ils devraient s’en servir pour faire pression en faveur d’engagements concrets en matière de droits des femmes, qui soient significatifs pour les femmes et les jeunes filles et mesurables par le biais d’un suivi. »

Toutefois, selon le Dr Unsal, les sanctions des donateurs internationaux risqueraient d’avoir des effets limités : « Les Talibans ont un caractère tenace et rude. Leur argumentaire est le suivant : ‘Ne vous mêlez pas de nos affaires intérieures’. Le mieux serait que les sociétés musulmanes, telles que l’Organisation de la conférence islamique ou l’Organisation de la coopération islamique, ou encore les communautés d’érudits islamiques, agissent en collaboration avec les organisations de défense des droits de l’homme, ce qui permettrait d’obtenir des résultats plus rapides. »

« Par ailleurs, certains pays avec lesquels les talibans, certes non pas ceux du monde occidental mais du monde islamique, peuvent coopérer, peuvent contribuer à apaiser cette tension par l’intermédiaire de leurs universitaires. En outre, certaines universités ou organisations internationales peuvent offrir des possibilités de formation et proposer des conférences, des cours et des diplômes gratuits. », a suggéré le Dr Unsal.

L’éducation est un droit de l’homme internationalement reconnu, essentiel à la croissance économique et à la stabilité de l’Afghanistan. Les Talibans sont tenus, en vertu du droit international et de la Déclaration universelle des droits de l’homme, de respecter pleinement les droits des femmes. L’Afghanistan a ratifié la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes en 2003. Les Talibans héritent des obligations de l’Afghanistan en vertu de cette convention, notamment celle de « poursuivre par tous les moyens appropriés et sans retard une politique tendant à éliminer la discrimination à l’égard des femmes ».

La conclusion du Dr Unsal est claire : « La moitié de la société est composée d’hommes et l’autre moitié de femmes. Les filles ont donc le même droit à l’éducation que les garçons. Les femmes peuvent jouer un rôle essentiel dans tous les domaines de la vie. Dans certains domaines, elles peuvent faire mieux que les hommes. Cette décision du ministère afghan de l’éducation nationale est à la fois une violation des droits de l’Homme et un malheur pour l’Afghanistan ».

 

*La Déclaration universelle des droits de l’homme (DUDH) est un document qui fait date dans l’histoire des droits de l’Homme. Rédigée par des représentants de toutes les régions du monde, issus de milieux juridiques et culturels différents, la Déclaration a été proclamée par l’Assemblée générale des Nations unies à Paris le 10 décembre 1948 (résolution 217 A de l’Assemblée générale) comme l’idéal commun à atteindre par tous les peuples et toutes les nations. Elle énonce, pour la première fois, les droits fondamentaux de l’homme qui doivent être universellement protégés et a été traduite dans plus de 500 langues. La DUDH est largement reconnue comme ayant inspiré et ouvert la voie à l’adoption de plus de soixante-dix traités relatifs aux droits de l’homme, appliqués aujourd’hui de manière permanente aux niveaux mondial et régional (tous contiennent des références à la DUDH dans leur préambule).

 

 

 

 References;

https://en.wikipedia.org/wiki/War_in_Afghanistan_(2001–2021)

https://www.pbs.org/newshour/world/talibans-higher-education-minister-defends-ban-on-women-from-universities

https://www.ohchr.org/en/countries/afghanistan

https://www.pbs.org/newshour/world/afghan-women-weep-over-university-ban-as-taliban-begin-enforcement

https://www.bbc.com/news/world-south-asia-11451718

https://www.theguardian.com/global-development/2022/mar/10/robbed-of-hope-afghan-girls-denied-an-education-struggle-with-depression

https://amp.cnn.com/cnn/2021/12/03/asia/afghanistan-taliban-decree-womens-rights-intl/index.html

https://edition.cnn.com/2022/12/20/asia/taliban-bans-women-university-education-intl/index.html

https://www.right-to-education.org/page/campaign

https://www.unesco.org/en/education/right-education/campaign

https://www.hrw.org/news/2021/09/02/how-international-community-can-protect-afghan-women-and-girls

 

 

Entretien avec Marcel Voorhoeve et la qualification des enseignants refugies pour enseigner aux Pays-Bas.

Par Serena Bassi

Le témoignage de Marcel Voorhoeve un homme inspirant opérant dans le domaine de l’éducation aux Pays-Bas.

 

Après avoir passé une grande majorité de sa vie comme étant professeur de mathématique et physique, et directeur adjoint d’un lycée, Marcel Voorhoeve fonda l’organisation DVDK (Docentvluchteling voor de Klas) ou “ Enseignant réfugié pour la classe”.

En la collaboration avec l’Association Néerlandaise des Professeurs de Mathématiques et le VluchtelingenWerk Nederland (le Conseil néerlandais pour les réfugiés), les bénévoles du DVDK travaillent pour assurer que les enseignants réfugiés puissent exercer leur profession également aux Pays-Bas.

A l’occasion de la journée pour l’éducation 2023, Broken Chalk entreprit une conversation avec Marcel Voorhoeve sur son expérience, de la création de DVDK et les conseils qu’il donnerait aux autres qui voudraient s’impliquer dans la promotion de “l’enseignement des enseignants réfugiés”.

 

Pourriez-vous nous parler de votre parcours ?

 

« Je suis né dans le sud, en Maastricht, je suis âgé de 67 ans en ce moment, J’ai étudié les mathématiques et la physique à l’université d’Utrecht. C’était cinq années d’études et après cela il était possible d’obtenir une licence pour devenir enseignant. Après j’avais commencé à chercher de l’emploi dans le domaine de l’éducation, ce qui n’était pas si simple à cet époque… Finalement j’en ai trouvé un à Utrecht, je suis devenu un enseignant dans une école catholique romaine et j’ai commencé à enseigner la physique ».

 

Après cela, Marcel commença comme étant professeur de Math et au milieu des années 1980, avec le développement des ordinateurs, il commença également à donner des cours d’informatiques. Selon lui, C’était une période assez intéressante pour le système éducatif car des nouvelles idées sur la façon d’enseigner les mathématiques émergeaient.

« À l’université d’Utrecht le département développait des nouvelles idées sur l’enseignement des Mathématiques. Pour plusieurs projets, notre école était une « école d’essai » et c’était très intéressant aussi pour moi car cela m’a permis de me développer en tant un bon enseignant. »

Il ajoute, « Dans de nombreux pays, les mathématiques sont des choses que vous devez apprendre et faire, mais faire est la chose la plus importante… Cette approche n’aide pas tellement dans le développement sa propre pensée, ce qui n’est possible que lorsque vous aurez pu essayer ces choses par vous-mêmes, évidemment avec l’aide d’un bon professeur. »

 

Après avec été enseignant pour la majeure partie de sa vie, les 15 dernières années de sa carrière Marcel était membre du conseil d’administration l’école. Finalement, les dernières quatre années avant de conclure sa carrière, il enseigna à l’université des Sciences Appliquées d’Amsterdam au département de formation des enseignants. Il se retrouva à enseigner les matières de mathématique, en particulier les statistiques, et la didactique des mathématiques à des jeunes étudiant qui voulaient devenir professeur de mathématiques.

 

Comment avez-vous eu l’idée de DVDK ?

 

« J’ai arrêté de travailler il y’a trois ans, vers le début de l’époque du coronavirus, mais j’aimais beaucoup mon travail. Ma partenaire et moi avons commencé à voyager pour le moment… Dans le mois de Janvier, après noël, je pensais à ce que je pourrais faire. Attendre le prochain voyage n’était pas satisfaisant pour moi ».

 

Un jour, Marcel décida d’aller au Plan Einstein, une place développée par la municipalité d’Utrecht et VluchtelingenWerk Nederland, une organisation qui assistait avec la réception et l’intégration dans la ville. En parlant avec un employé, Marcel a été introduit à un refugié Turque qui était professeur de math dans son pays et qui voulait vraiment enseigner de nouveau. Le seul problème était qu’il ne pouvait pas parler néerlandais et ne connaissait rien de l’enseignement de mathématiques and du système scolaire du Pays-Bas.

« Nous sommes ainsi devenu ami, je l’aidais avec la langue et la compréhension du système éducatif. Après il me dit qu’il était membre d’un WhatsApp group de plus de 100 professeur de Mathématique en provenance de Turquie qui quitter le pays car ils avaient des problèmes avec le développement politiques en Turquie, et qu’ils n’étaient plus capable d’enseigner ici ».

Au même moment, Marcel expliquai, le Pays-Bas était affecté avec une grande problématique en carence de professeur de math.

 

Cela crée une situation paradoxale : dans un pays avec moins en moins d’enseignant, il y’a des refugies enseignant compétents qui peuvent être capable d’aider leur communauté d’accueil et en même temps exercer la profession qu’ils aiment et ont choisi.

L’idée de DVDK venu comme ce paradoxe. Avec l’aide de la fondation des professeurs de mathématiques au Pays-Bas et l’organisation VluchtelingenWerk Nederland, Marcel débuta un projet avec pour but d’aider des enseignant étrangers à devenir enseignants au Pays-Bas.

 

« En théorie tous ces refugies de la Turquie sont autorisés d’enseigner dans nos écoles car ils avaient une licence compatible avec le système éducatif néerlandais. Néanmoins, bien évidemment, la langue est problématique, aussi le système éducatif néerlandais et même la manière dont les mathématiques était enseignées au Pays-Bas se différencie énormément de la Turquie, l’Iran ou la Syrie…  L’on entendait beaucoup de ces professeurs de mathématiques, qui n’étaient pas satisfaits des projets existants dans d’autres universités, et nous pensions que nous pourrions réfléchir à une bonne idée pour l’améliorer ».

« Nous avons conçu un plan, qui nous avons envoyé au ministère de l’éducation, sur une manière bonne et structurée d’aider les refugies de l’étranger a commencé dès leur arrivés en Hollande, en les aidant à valorises leurs certifications et licences en Hollande, et les préparant à devenir enseignant d’une manière rapide et durable ».

 

En février 2022, un groupe de 15 enseignants, 13 professeurs de mathématiques et 2 professeurs d’informatique commencèrent un cours à l’Université de Sciences Appliques d’Utrecht, basé sur les idées du DVDK.

(Photo : Deux professeurs d’informatique étant instruit par leur professeur en didactique de la Vrije Universiteit Amsterdam)

 

Comment fonctionne DVDK en pratique ?

Selon DVDK, les formations sur la langue, la didactique et le système scolaire en Hollande ne sont qu’une partie de ce que DVDK fait actuellement, nommée « Periode Two ».

En effet, il a souligné à quel point ces refugies venant aux Pays-Bas ont un besoin urgent d’une phase qui doit précéder ce type de formation.

« Ces réfugiés, lorsqu’ils arrivent en Hollande, devraient connaitre la langue avant qu’ils puissent commencer cette deuxième étape. Nous voulons commencer immédiatement après qu’ils aient reçu leur statut ou même avant qu’ils aient reçu leur statut. Dans les centres d’asile ils ne sont pas autorisé à prendre un cours ou de pratiquer le néerlandais… C’est terrible et démotivant. Évidemment il y’a des cours et des actions organisaient des bénévoles mais pour le moment aucune aide bien élaborer pour des professeurs en asile. Un démarrage rapide aidera ces enseignants refugies à faire des débuts motivant et en développant des choses pour leur nouvel avenir ».

 

« Notre idée, et nous l’appelons la Première Période, est que lorsqu’un enseignant venant de l’étrangers arrive en Hollande, il est nécessaire d’offre quelque chose à cette personne. Nous avons pensé qu’il est très important de le faire dès le début car cela donne la possibilité aux réfugiés de pouvoir être motivés à faire de bonnes choses pour leur propre vie ».

(Photo : En Juin 2022, l’équipe de Hogeschool Utrecht et membres du groupe projet DVDK (Docentvluchteling voor de Klas) ont félicité les participants avec la première partie de leur cours.)

En plus, selon Marcel, il est aussi nécessaire de fournir une orientation sur ce que signifie concrètement l’éducation en Pays-Bas, parce que les réfugiés n’ont que si peu ou pas d’idée de ce que signifie être un enseignant au Pays-Bas.

« Nous pensons aussi qu’il est vraiment important de commencer à pratiquer la langue un peu plus. Nous avons développé une sorte de site internet qui offre des leçons de néerlandais. En plus, les tâches, exercices et le contenu dans ces leçons sont oriente vers la profession, de sorte que le contexte et les travaux sont lies aux métiers d’enseignant. Cette conception motive fortement les refugies. Beaucoup d’enseignant sont vraiment des enseignant par le cœur et leur donner la possibilité d’assister à ces leçons est aussi une manière de leur dire qu’ils sont les bienvenus dans notre pays et dans notre communauté mathématique, et que nous voulons les aider ».

 

Dans ce sens DVDK est la seule organisation dans le pays à avoir développé des idées et matériels dans cette première période.

Enfin, Marcel m’a parlé de la Troisième Periode de la formation. Cette partie finale est à être mise en pratique lorsque les professeurs de mathématiques commencent à avoir leur premier emploi car beaucoup de coaching est encore nécessaire.

« Même lorsque la langue est en peu mieux, et même quand la didactique est bonne, l’enseignant devra se développer lui-même dans le contexte d’une nouvelle école et aura besoin de beaucoup d’aide. En particulier pour la langue, par exemple lors des commentaires sur la rédaction des e-mails et des lettres aux parents ou sur la conception de bonne tâche ou d’un bon test pour les élèves… »

 

Si vous deviez donner des conseils a d’autres personnes dans le domaine de l’éducation, quelles sont les principales difficultés à surmonter et comment le faire ?

« Plusieurs choses…premièrement, les participants doivent passer beaucoup de temps, ce qui est possible que lorsqu’ils croient en cette idée et lorsqu’ils ont un groupe de personnes et des organisations qui croient aussi cette idée. Il est vraiment important d’avoir une bonne coopération. Je peux dire qu’avec les personnes avec qui je suis impliqués dans ce projet maintenant, nous sommes en fait devenus amis. Cela permet de faire face aux hauts et aux bas que le projet rencontre toujours.

Deuxièmement, DVDK a cherché à savoir si la structure du projet s’appliquait également à d’autres matières. Nous avons aussi découvert des professeurs de physique, de chimie, de techniques et d’informatique à cause du manque d’enseignants qui avait aussi besoin d’idée créatives pour recruter des nouveaux enseignants. Ils ont l’intention de se connecter et cela signifie que DVDK va développer et contribuer réellement à fournir un nombre croissant de bons enseignants.

Cela est un exemple de notre politique : impliquer autant d’organisations et de participants avec pour but de mettre à disposition autant d’expertise que possible. Et troisième, il y’a beaucoup d’expertise et de « pouvoir du peuple » disponibles. Expertise en didactique des langues (CLIL), dans didactiques des mathématiques spécialement pour les enseignants, dans le coaching des enseignants étrangers, etc. DVDK est heureux de la contribution des universités et spécialement celle de la Hogeschool Utrecht qui a forme notre premier group. Et maintenant nous attendons sur notre Ministère de l’Éducation. Nos efforts se sont traduits par l’engagement de notre nouveau ministre envers une approche structure et les besoins financiers. Notre travail bénévole va continuer ! »

(Photo : Un groupe de 15 enseignant-refugies qui ont commencé leur formation Hogeschool Utrecht en février 2022)

Traduction par Esther Tshimanga https://brokenchalk.org/interview-with-marcel-voorhoeve-and-the-qualification-for-refugee-teachers-to-teach-in-the-netherlands/