(French) Educational Challenges in Niger

Les de fis de l’e ducation au Niger

Rédigé par Maria Popova

Traduit par Anis Mami

Le Niger, pays situe au carrefour de l’Afrique de l’Ouest, a re cemment attire l’attention mondiale en raison de son climat politique complexe. Si les me dias mettent surtout en lumie re les troubles politiques du pays, cet article vise a explorer un proble me fondamental qui façonne silencieusement la vie de ses citoyens: les de fis e ducatifs. Avec une population approchant les 27 millions d’habitants et un PIB largement de pendant de l’agriculture, le Niger est confronte a une se rie de facteurs imbrique s qui contribuent a une situation e ducative critique.

La Banque mondiale a re ve le qu’au-dela de 10 millions de Nige riens vivent dans l’extre me pauvrete , ce qui permet de mieux comprendre les multiples obstacles qui freinent le parcours scolaire de la jeunesse nige rienne. Entre climat politique instable, fragilite e conomique, travail des enfants, mariages pre coces et pauvrete ge ne ralise e, le pays fait face a un cercle vicieux de difficulte s.

Malgre des efforts notables du gouvernement, notamment l’instauration de la gratuite de l’enseignement primaire et la scolarite obligatoire, les faibles taux d’alphabe tisation re ve lent une crise structurelle profonde. Cet article analyse les facteurs e conomiques, sociaux, se curitaires et genre s qui entravent l’acce s a une e ducation de qualite pour la jeunesse nige rienne.

 

Présentation générale

Le Niger, pays d’Afrique de l’Ouest, comptait pre s de 27 millions d’habitants en 2023, dont la majorite re side dans la capitale, Niamey.[i] Son PIB est estime a 15 milliards de dollars, en raison d’une e conomie peu diversifie e, domine e a 40 % par l’agriculture.[ii] D’apre s la Banque mondiale, plus de 10 millions de personnes vivent dans l’extre me pauvrete .[iii] L’instabilite politique, la pauvrete , l’e conomie fragile, le travail des enfants et les mariages pre coces sont autant de facteurs qui affectent profonde ment le syste me e ducatif du pays.[iv] En conse quence, le Niger pre sente des indicateurs alarmants en matie re de qualite e ducative, avec un taux d’alphabe tisation de seulement 37,34 % en 2021.[v]

 

Faible taux de scolarisation

La situation de grade e du syste me e ducatif au Niger ne s’explique pas par un manque d’initiatives gouvernementales. Dans les anne es 2000, le pays a rendu l’enseignement primaire gratuit afin d’encourager l’inscription scolaire.[vi] De plus, la scolarite est obligatoire jusqu’a l’a ge de 15 ans, soit jusqu’a la fin du premier cycle du secondaire.[vii] Cependant, plus de 50 % des enfants a ge s de 7 a 16 ans ne sont pas scolarise s.[viii] Le taux de pre scolarisation atteint seulement 7 %, tandis que celui de l’enseignement secondaire est infe rieur a 60 %.[ix] Parmi les enfants scolarise s, beaucoup abandonnent en raison de la faible qualite de l’enseignement, de la pauvrete , du manque d’infrastructures et de moyens de re tention.[x]

 

Pauvreté

Le Niger est classe 189e sur 191 pays dans le rapport sur le de veloppement humain des Nations Unies, ce qui en fait l’un des pays les plus pauvres du monde.[xi] A cela s’ajoutent la violence et l’instabilite politique, qui rendent l’acce s aux opportunite s e conomiques encore plus difficile.

Le Programme Alimentaire Mondial estime que pre s de 2 millions de Nige riens souffrent d’inse curite alimentaire, un chiffre qui augmente pendant la saison creuse.[xii] La faim constitue un frein majeur a la scolarisation: lorsqu’un enfant ne sait pas s’il mangera le lendemain, l’e ducation n’est plus sa priorite , mais sa survie. On ne peut pas s’attendre a ce que les enfants restent concentre s sur l’e cole lorsqu’ils sont confronte s a la malnutrition. De plus, de nombreuses familles rurales retirent leurs enfants de l’e cole pour les faire travailler, afin d’assurer la survie du foyer.[xiii]

 

Violence

Depuis 2018, la re gion de Tillabe ri est le the a tre d’attaques arme es contre des civils, dues aux conflits s’e tendant du Mali et du Burkina Faso.[xiv] Ces violences ont provoque des morts civiles et des de placements massifs.[xv] L’incertitude se curitaire affecte fortement le syste me e ducatif.

Selon le Conseil norve gien pour les re fugie s, 900 e tablissements scolaires ont e te ferme s a cause des attaques.[xvi] En plus des fermetures et des de placements, de nombreux enfants de place s ne posse dent pas de papiers d’identite , tels que certificats de naissance, ce qui les empe che d’acce der a l’e cole.[xvii] Enfin, la violence laisse de profondes se quelles psychologiques chez les enfants, ce qui affecte leur capacite a apprendre.

 

Inégalités de genre

L’acce s a l’e ducation est proble matique pour la majorite des enfants, mais les filles vivant en milieu rural et en situation de pre carite rencontrent des obstacles encore plus grands. Seules 4 filles sur 10 atteignent la sixie me anne e avant d’abandonner, souvent a cause de mariages pre coces ou de difficulte s e conomiques.

E le ves en cours de physique. Niger, 2017. Photo par: GPE/Kelley Lynch via Flickr

Le mariage des enfants est un autre proble me majeur qui entraî ne des proble mes d’e ducation chez les filles. Au Niger, se marier tre s jeune est souvent interpre te comme un moyen d’ame liorer son statut e conomique et financier et de s’assurer un he ritage[xviii]. En raison de la pauvrete , de nombreuses familles marient leurs filles a des hommes riches comme une forme de me canisme de survie[xix].

Bien que les garçons soient aussi concerne s, les filles sont beaucoup plus touche es: 6 % des garçons sont marie s avant 18 ans, contre 76 % des filles.[xx] 28 % des filles sont me me marie es avant 15 ans.[xxi] Les normes genre es renforcent cette tendance, de finissant le ro le des femmes comme e tant celui d’e pouse et de me re.[xxii] Ainsi, les filles sont pousse es a construire une famille pluto t qu’a poursuivre leur e ducation.

Le mariage pre coce nuit a l’e ducation et freine e galement la croissance e conomique.[xxiii]

La Banque mondiale souligne que la forte fe condite (plus de cinq enfants par femme) augmente la pauvrete et freine les investissements dans les services de base, dont l’e ducation.[xxiv]

Des progre s ont toutefois e te faits: le gouvernement nige rien a lance des campagnes de sensibilisation et promulgue en 2017 un de cret permettant aux jeunes filles marie es ou enceintes de rester a l’e cole, voire d’y retourner apre s l’accouchement.[xxv][xxvi]

 

Travail des enfants

Le travail des enfants est un proble me tre s re pandu au Niger, qui contribue e galement aux proble mes d’e ducation dans le pays. De nombreux enfants sont retire s de l’e cole et force s de travailler en raison de l’extre me pauvrete qui re gne dans le pays. Le travail des enfants est courant dans les villages ou les enfants sont employe s dans les fermes familiales. Ils effectuent souvent des ta ches agricoles telles que la garde du be tail, la production de le gumes et de ce re ales et la pe che. Le travail des enfants est e galement courant dans l’industrie minie re et dans les services publics. Selon l’UNESCO, 42 % des enfants a ge s de 5 a 14 ans travaillent au Niger. Cependant, seuls 22% d’entre eux combinent travail et e cole. On rapporte que me me des enfants de 6 ans sont force s de travailler.

Tous ces facteurs posent d’importants proble mes d’e ducation aux jeunes Nige riens. Le climat politique conflictuel et les de bordements de violence en provenance des pays voisins constituent des obstacles importants pour les enfants qui tentent d’aller a l’e cole. Les traumatismes physiques et mentaux cause s par les de placements et le climat violent ont de graves re percussions sur l’inte re t porte a l’e cole et sur l’assiduite . L’extre me pauvrete qui se vit dans la re gion est un obstacle supple mentaire a l’assiduite , obligeant les enfants a abandonner l’e cole et a travailler pour maintenir leur famille a flot ou assurer leur propre survie. Le travail des enfants reste une pratique courante en raison des niveaux de pauvrete dans le pays, les enfants de tous a ges e tant retire s des e coles et force s de travailler. A partir de 5 ans, environ la moitie des enfants a ge s de 5 a 14 ans travaillent au Niger.

En plus de tous ces obstacles, certains groupes plus vulne rables sont confronte s a des de fis

supple mentaires en matie re d’e ducation. Les jeunes filles sont confronte es a des de fis disproportionne s en raison de l’ine galite entre les sexes. Elles sont souvent pousse es vers les mariages d’enfants comme me canisme de survie, destine a leur permettre d’e chapper a la pauvrete . Les jeunes filles se concentrent alors sur la recherche d’un mari et la cre ation d’une famille, au lieu de be ne ficier d’une e ducation de qualite ou d’une e ducation tout court. Il est clair que les enfants du Niger sont confronte s a de nombreux de fis dans leur vie quotidienne, qui sont interconnecte s et combine s dans un cercle vicieux. Ce cercle vicieux affecte e galement leur e ducation et peut avoir des conse quences ne fastes sur leur de veloppement ulte rieur et leur vie d’adulte.

Conclusion

En conclusion, le Niger est confronte a un ensemble complexe de de fis qui ont un impact important sur le paysage e ducatif de ses citoyens. Malgre les efforts louables du gouvernement, illustre s par des initiatives telles que l’enseignement primaire gratuit, la scolarisation obligatoire jusqu’a l’a ge de 15 ans et les campagnes de lutte contre les mariages d’enfants, la re alite sur le terrain reste difficile. Il est essentiel de s’attaquer a ces proble mes interde pendants, non seulement pour le bien-e tre imme diat de la jeune ge ne ration, mais aussi pour le de veloppement socio-e conomique a long terme de la nation. Des efforts globaux et soutenus, tant au niveau national qu’international, sont ne cessaires pour briser le cercle vicieux et offrir aux enfants du Niger une chance re elle d’avoir un avenir meilleur.

 

REFERENCES

  • [i] Worldometer. (2019). Niger Population (2019) – Worldometers.

Worldometers.info. https://www.worldometers.info/world-population/niger-population/ [ii] Niger | Data. (2018). Worldbank.org. https://data.worldbank.org/country/niger

International Institute for Educational

Planning. https://dakar.iiep.unesco.org/en/news/monitoring-quality-education-nigerpromoting-dialogue-and-transparency

Brides. https://www.girlsnotbrides.org/learningresources/child-marriage-atlas/atlas/

Image de couverture par GPE/Kelley Lynch via Flickr

(French) Educational Challenges in PNG

Les Problèmes du Système Éducatif en Papouasie-Nouvelle-Guinée

Écrit par Fenna Eelkema

Traduction de Charlotte Codd

Introduction

La Papouasie-Nouvelle-Guinée est un pays magnifique composé de 600 îles et d’une population de 10 millions d’habitants. Plus de 800 langues différentes sont utilisées en Papouasie-Nouvelle-Guinée, ce qui en fait l’une des nations les plus diversifiées sur le plan linguistique. Après avoir été colonisée par différents pays pendant 250 ans, la Papouasie-Nouvelle-Guinée a finalement obtenu son indépendance en 1975. Depuis son accession à l’indépendance, la Papouasie-Nouvelle-Guinée s’est efforcée d’offrir à ses enfants une éducation accessible et de qualité. Malgré ces efforts, la Papouasie-Nouvelle-Guinée reste confrontée à des défis éducatifs, tels qu’un faible taux d’alphabétisation, un taux élevé d’abandon scolaire et une pénurie d’enseignants. De plus, l’école n’est pas accessible à tous les enfants pour des raisons financières, sanitaires ou géographiques.

Drapeau de la Papouasie-Nouvelle-Guinée. Kumul volant haut le 16 septembre 2022 à travers la

Croix du Sud. Photo par Spencer Wungin sur Unsplash

L’Éducation en Papouasie-Nouvelle-Guinée

En Papouasie-Nouvelle-Guinée, le chemin vers une éducation accessible et de qualité a connu plusieurs transformations au cours des cinquante dernières années. En 1973, une étape importante a été franchie avec la mise en place du premier système éducatif national unifié. Ce système a adopté la structure 6+4+2, dans laquelle les élèves suivaient six années d’école primaire, quatre années d’école secondaire inférieure et, enfin, deux années soit dans un école secondaire supérieure nationale, soit par l’entrée directe dans un lycée. Malgré ses intentions, ce système rigide a limité l’autonomie des étudiants dans leur apprentissage, et le secteur de l’éducation n’a toujours pas atteint les objectifs qu’il s’était fixés.

Dans les années 1990, la Papouasie-Nouvelle-Guinée a mis en place un nouveau système éducatif pour répondre au besoin de changement. La structure a été modifiée pour devenir 3+6+4, avec trois ans d’école élémentaire, six ans d’école primaire et quatre ans d’école secondaire. Ce changement visait à mettre en œuvre un programme d’études basé sur les résultats, conçu pour aligner l’éducation sur les objectifs d’apprentissage souhaités. Toutefois, des défis ont persisté et ce système éducatif a eu du mal à atteindre les objectifs fixés.

C’est pourquoi en 2021, il y a eu une autre transformation ; la nouvelle structure 1+6+6 a été introduite, décrivant un programme d’études qui commence par une année d’éducation et de développement de la petite enfance, suivie de six années d’enseignement primaire et de six années supplémentaires d’enseignement secondaire. Cette structure se caractérise par l’adoption d’un programme d’études fondé sur des normes, qui définit des critères d’apprentissage précis pour les élèves et fournit aux éducateurs des lignes directrices claires pour les stratégies d’enseignement et d’évaluation. Il faut espérer que cette nouvelle structure contribuera à améliorer l’éducation de tous les enfants de Papouasie-Nouvelle-Guinée.

Faible Taux d’Alphabétisation

Le faible taux d’alphabétisation en Papouasie-Nouvelle-Guinée est un sujet de préoccupation depuis longtemps ; bien qu’il y ait eu une certaine amélioration au cours des deux dernières décennies, plus de trois millions de personnes sont encore analphabètes. En 2000, le taux d’alphabétisation était de 57 % ; en 2010, il était de 61 % ; et en 2015, il était de 63 %. La combinaison de la diversité linguistique et de l’insuffisance des ressources a contribué à ce problème de longue date.

Les taux élevés d’abandon scolaire sont une autre raison du faible taux d’alphabétisation. Environ un quart des enfants âgés de 6 à 18 ans ne sont pas scolarisés, et le taux d’élèves de l’école primaire qui passent dans le premier cycle de l’enseignement secondaire n’est que de 56 %. La pression économique/la pauvreté, les responsabilités familiales ou l’inaccessibilité des écoles sont autant de facteurs qui poussent les élèves à abandonner l’école.

Dans l’espoir de réduire le taux d’abandon scolaire, certaines écoles secondaires ont commencé à utiliser le concept FODE (Flexible Open Distance Education), qui permet aux étudiants de poursuivre leurs études au-delà des limites de la salle de classe conventionnelle avec flexibilité ; les étudiants sont autorisés à étudier à leur propre rythme au sein de leur communauté, ce qui leur permet de s’affranchir des contraintes des centres urbains. Ce programme a donné des résultats prometteurs, avec plus de 80 000 étudiants qui ont repris leurs études.

Rappelez-vous : il y a toujours des raisons de sourire dans le monde. Photo de Vika Jordanov sur Unsplash

Une Éducation de Qualité dans les Zones Reculées

La géographie unique de la Papouasie-Nouvelle-Guinée et ses nombreuses zones reculées rendent difficile l’accès à une éducation de qualité dans ces régions difficiles d’accès. La clé d’une éducation de qualité réside dans des enseignants de qualité. Malheureusement, toute la Papouasie-Nouvelle-Guinée souffre d’une pénurie d’enseignants ; Cette pénurie est si grave qu’elle a même conduit à des cas où des enfants se sont retrouvés sans école. En 2016, environ 10 000 postes d’enseignants étaient vacants, la majorité d’entre eux se trouvant dans des régions isolées. Attirer des enseignants dans ces zones reculées s’est avéré être un défi considérable. Bien que des initiatives telles que les « allocations pour les écoles éloignées » et les bourses aient été mises en place pour encourager les enseignants à travailler dans ces régions reculées, le manque de motivation et la réticence à travailler dans ces zones ont contribué à la pénurie persistante d’enseignants. Des rapports font également état d’enseignants qui avaient droit à ces indemnités mais ne les ont pas reçues, ce qui a découragé certains d’entre eux de faire leur meilleur travail.

De nombreux enseignants n’ont pas reçu de formation continue. Cette situation est due à un manque de financement. Le gouvernement s’est appuyé sur les donateurs pour le financement, mais le budget est insuffisant. En outre, il n’existe pas de structures ou de postes de formation réguliers pour soutenir les enseignants dans les écoles. Maintenant que le système éducatif se transforme en un programme basé sur les normes 1+6+6, il est impératif que les enseignants reçoivent la formation adéquate pour mettre en œuvre le programme en conséquence.

Les problèmes financiers sont une autre raison pour laquelle il y a des problèmes dans les zones reculées. Les familles des régions pauvres et isolées n’ont souvent pas les moyens de payer les frais de scolarité, qui peuvent représenter plus de la moitié de leurs revenus. Bien que certains frais de scolarité aient été supprimés par le gouvernement national en 1993, les écoles continuent de facturer certains frais, ce qui constitue une barrière financière qui entrave l’accès équitable à l’éducation. De plus, les villes de taille importante situées dans les zones urbaines disposent généralement d’écoles secondaires locales, tandis que les élèves des zones reculées dépendent souvent d’internats provinciaux ; envoyer son enfant dans un internat coûte généralement plus cher, ce qui met les familles dans une position encore plus défavorable.

Pauvreté et Soins de Santé

En Papouasie-Nouvelle-Guinée, de nombreux enfants sont confrontés à des problèmes de santé. Certains de ces problèmes de santé découlent de la pauvreté, qui affecte de manière disproportionnée les zones rurales et isolées où vit 85 % de la population.

L’un des problèmes de santé est que la couverture vaccinale en Papouasie-NouvelleGuinée se maintient autour de 60 % depuis près de dix ans. Cette situation expose les enfants à des risques inutiles de maladies évitables qui pourraient être contrôlées par la vaccination. En outre, pour de nombreuses personnes, il est difficile d’accéder à des installations sanitaires propres et à de l’eau potable ; Il est donc difficile de toujours pratiquer une bonne hygiène, ce qui entraîne des maladies contagieuses qui se propagent facilement parmi les enfants.

La malnutrition est un autre problème de santé en Papouasie-Nouvelle-Guinée. Elle est la cause sous-jacente de près de la moitié des décès d’enfants de moins de cinq ans. Près de la moitié des enfants âgés de 6 à 59 mois (5 ans) souffrent d’un retard de croissance, ce qui indique une sous-alimentation chronique pendant les périodes critiques du développement. Le retard de croissance compromet non seulement les chances de survie de l’enfant, mais nuit également à son état de santé général et à son développement cognitif, ce qui peut avoir des conséquences négatives à long terme.

Un autre problème est que, pour de nombreuses personnes, les infrastructures de soins de santé ne sont pas facilement accessibles. Le rapport entre le nombre de médecins et la population est d’un médecin pour 17 068 habitants, alors qu’en Australie, par exemple, il est d’un médecin pour 302 habitants. En outre, 90 % des médecins sont installés dans des zones urbaines, alors que 85 % de la population vit dans des zones rurales, ce qui fait que ces zones rurales ont encore moins de médecins. Les enfants résident souvent à des heures de route du dispensaire le plus proche, et doivent effectuer des trajets difficiles à pied, en bateau ou par des moyens de transport locaux peu fiables. Ce manque d’accessibilité aggrave les difficultés des enfants à obtenir des soins médicaux cruciaux et d’autres traitements.

En raison de sa situation géographique, la Papouasie-Nouvelle-Guinée est fréquemment soumise à des catastrophes naturelles telles que des tremblements de terre, des éruptions volcaniques, des inondations, des glissements de terrain, des tsunamis et des cyclones. Ces événements menacent la santé des populations, perturbent les services de santé et augmentent les vulnérabilités existantes.

Pour relever ces défis sanitaires, la Papouasie-Nouvelle-Guinée doit se concentrer sur l’amélioration des soins de santé généraux, l’augmentation de la couverture vaccinale, la promotion d’une meilleure nutrition, l’amélioration de l’accessibilité aux soins de santé et le renforcement de la préparation aux catastrophes. Ce faisant, la PapouasieNouvelle-Guinée peut prendre des mesures importantes pour assurer un avenir plus sain et plus prometteur à ses enfants.

Conclusion

En conclusion, le paysage éducatif de la Papouasie-Nouvelle-Guinée est marqué par des progrès et des défis persistants. Le système éducatif a subi de nombreux changements, passant d’une structure rigide à une approche axée sur les résultats. L’adoption récente de la structure 1+6+6 laisse présager un programme scolaire plus performant. Toutefois, la formation des enseignants continue de poser des problèmes qui pourraient avoir une incidence sur les résultats de ce nouveau programme.

Les faibles taux d’alphabétisation et les taux élevés d’abandon scolaire continuent d’entraver les progrès. Des initiatives telles que FODE (Flexible Open Distance Education) ont montré qu’elles pouvaient contribuer à réduire les taux d’abandon, mais il reste encore beaucoup à faire pour que chaque enfant ait la possibilité de s’instruire.

La pénurie d’enseignants qualifiés, en particulier dans les régions reculées, constitue un obstacle de taille, parce qu’une éducation de qualité ne peut être dispensée que par des enseignants de qualité. Les efforts déployés pour attirer des enseignants dans ces régions ont été quelque peu efficaces, mais pas totalement couronnés de succès.

Les obstacles financiers, les problèmes de santé et l’accès insuffisant aux soins de santé ont ajouté au défi. Il est essentiel de relever ces défis pour garantir aux enfants un environnement d’apprentissage plus sain et plus fructueux.

La Papouasie-Nouvelle-Guinée a réalisé des progrès significatifs en matière d’accessibilité et de qualité de l’éducation. Bien qu’il reste encore un long chemin à parcourir, la nation peut créer un avenir meilleur pour ses enfants en faisant des efforts et en travaillant avec diverses organisations.

Références

Papouasie-Nouvelle-Guinée, Education et alphabétisation. UNESCO. Récupéré de : https://uis.unesco.org/en/country/pg.

Musoke, F. L’eau, l’assainissement et l’hygiène dans les écoles difficiles d’accès de

Papouasie-Nouvelle-Guinée (2023) UNICEF. Récupéré de:

https://www.unicef.org/png/stories/taking-wash-hard-reach-schools-papua-newguinea.

Papouasie-Nouvelle-Guinée ; Éducation, UNICEF. Récupéré de : https://www.unicef.org/png/what-we-do/education.

Assainissement en PNG : Estimation des impacts et des investissements nécessaires pour atteindre les objectifs (2022) UNICEF. Récupéré de : https://www.unicef.org/png/media/2886/file/Sanitation in PNG.pdf.

Kara, A. Les défis des écoles rurales mis en évidence (2017) LOOP. Récupéré de :

https://www.looppng.com/png-news/challenges-rural-schools-highlighted-67895.

Transformer l’éducation grâce à FODE (2023) LOOP. Récupéré de : https://www.looppng.com/png-news/transforming-education-through-fode-121794.

Papouasie-Nouvelle-Guinée : Système éducatif – vue d’ensemble, Education State

University. Récupéré de : https://education.stateuniversity.com/pages/1166/PapuaNew-Guinea-EDUCATIONAL-SYSTEM-OVERVIEW.html.

Devette-Chee, K. L’analphabétisme : Une préoccupation croissante en PapouasieNouvelle-Guinée (2021) Institut national de recherche. Récupéré de : https://pngnri.org/images/Publications/Spotlight_Vol_14_Issue_7.pdf.

Goro, J. La Papouasie-Nouvelle-Guinée est-elle prête à mettre en œuvre le nouveau système d’éducation de base 1+6+6 ? (2021) Institut national de recherche. Récupéré de : https://pngnri.org/index.php/news-events/research-corner/226-is-papua-newguinea-ready-to-implement-the-new-1-6-6-basic-education-system.

Les enfants en Papouasie-Nouvelle-Guinée ; une chance équitable pour chaque enfant, UNICEF. Récupéré de : https://www.unicef.org/png/children-papua-newguinea.

Papouasie-Nouvelle-Guinée ; santé et bien-être humain (2013) World Vision. Récupéré de : https://www.worldvision.com.au/docs/default-source/schoolresources/global-education-png-nutrition.pdf?sfvrsn=2089ee3c_2.

La Papouasie-Nouvelle-Guinée s’attaque à la crise de la santé maternelle (2011) The

New Humanitarian. Récupéré de : https://www.thenewhumanitarian.org/report/94352/papua-new-guinea-tacklingmaternal-health-crisis.

La pénurie d’enseignants en PNG nuit aux étudiants ruraux (2016) Radio New Zealand. Récupéré de: https://www.rnz.co.nz/international/pacific-news/302786/teachershortage-in-png-hurting-rural-students.

Devette-Chee, K. Les défis auxquels les enseignants de Papouasie-Nouvelle-Guinée continuent d’être confrontés (2022) Institut national de recherche. Récupéré de : https://pngnri.org/images/Publications/Spotlight_Vol_15_Issue_1.pdf.

 

 

Article original en anglais : https://brokenchalk.org/educational-challenges-in-papuanew-guinea/

 

 

 

 

 

 

(French) Educational Challenges in Switzerland

Les défis éducatifs en Suisse

Écrit par Faical Al Azib

Traduction de Charlotte Codd

A- Historique du système éducatif suisse

Cet article examine les forces, les faiblesses et les défis auxquels est confronté le système éducatif suisse. Il procédera de la manière suivante : un historique sera donné sur la structure et la conception institutionnelle du système, puis il sera analysé en passant en revue les recommandations du HCDH et les indicateurs de l’OCDE spécifiques à la Suisse. Il est important de fournir une feuille de route pour le document afin d’en assurer la compréhension et la lisibilité.

La Suisse est un pays fédéral et multilingue doté d’un système éducatif décentralisé. Les 26 cantons (états) sont responsables du développement de l’éducation sur leurs territoires respectifs. Si les cantons sont responsables de l’enseignement obligatoire, le gouvernement fédéral les aide également à encourager l’enseignement postobligatoire (écoles d’enseignement général, formation professionnelle, universités). Le principe de décentralisation se reflète dans le fait que les cantons et leurs communes financent 90% des dépenses publiques en matière d’éducation.

La Confédération et les cantons ont l’obligation commune d’assurer un haut degré de qualité et d’accessibilité au système éducatif. Pour remplir cette obligation, la Suisse a adopté un système de suivi complexe qui identifie les principaux défis et évalue les progrès et la réalisation des objectifs politiques. Le Rapport suisse sur l’éducation, publié tous les quatre ans, est l’un des résultats de ce processus de suivi.

Dans le cadre de l’enseignement obligatoire, 95 % des élèves fréquentent les écoles publiques de leur commune. Il n’y a pas de libre choix de l’école dans l’enseignement obligatoire ; l’admission dépend de l’adresse de résidence des familles. Toutes les écoles publiques de l’enseignement obligatoire sont gratuites. Dans de nombreuses régions, les écoles publiques sont un outil important pour promouvoir l’intégration sociale entre les élèves d’une même région. En effet, des enfants issus de milieux sociaux, linguistiques et culturels différents fréquentent tous la même école.

Chaque canton gère son propre programme d’études, y compris certains éléments de conception institutionnelle et structurelle, tels que les périodes d’enseignement hebdomadaires par matière et par classe. Il n’existe pas de programme scolaire national. Toutefois, la Constitution fédérale oblige les cantons à coordonner et à harmoniser leurs systèmes éducatifs en ce qui concerne la structure et les objectifs. Les cantons ont notamment élaboré des programmes d’études par région linguistique pour l’enseignement obligatoire, qui sont actuellement en cours d’introduction. La langue d’enseignement est l’allemand, le français, l’italien ou le romanche, selon la région linguistique. Traditionnellement, l’apprentissage des langues est important en Suisse. Les élèves apprennent une deuxième langue officielle de la Suisse ainsi que l’anglais au cours de leur scolarité obligatoire.

La Suisse dispose d’un système d’enseignement et de formation professionnelle (EFP) solide. Il propose principalement des programmes d’EFP à double voie au niveau secondaire supérieur – qui combinent un apprentissage avec un ou deux jours d’enseignement en classe dans une école professionnelle – et de vastes programmes d’enseignement professionnel au niveau tertiaire.

La majorité des jeunes s’inscrivent à l’EFP après avoir terminé leur scolarité obligatoire. Ils acquièrent ainsi une base solide et une expérience pratique dans la plupart des professions (il existe environ 230 professions au choix). Environ un tiers des diplômés de l’enseignement obligatoire choisissent de poursuivre leurs études dans une école secondaire supérieure spécialisée ou une école de baccalauréat, qui les préparent à l’enseignement supérieur dans une université.

B- HCDH Mécanismes des droits de l’homme/ Suisse

EPU

L’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO) a noté que plusieurs mesures avaient été prises en Suisse pour renforcer le droit à l’éducation. Néanmoins, elle a constaté que les demandeurs d’asile et les enfants sans papiers rencontrent toujours des problèmes pour accéder à l’enseignement secondaire. L’UNESCO a recommandé que la Suisse soit encouragée à renforcer les politiques publiques afin de garantir que les enfants d’origine étrangère bénéficient de la meilleure qualité d’éducation possible et que les enfants sans papiers et demandeurs d’asile aient accès à l’éducation, en particulier au niveau secondaire. Le Comité des droits de l’enfant a formulé des recommandations similaires. Le Comité pour l’élimination de la discrimination à l’égard des femmes a recommandé à la Suisse d’encourager une plus grande diversification des choix éducatifs offerts à tous les sexes et de réviser le matériel éducatif aux niveaux cantonal et communautaire afin de garantir une perspective sexospécifique dans le matériel d’enseignement. Il a également conseillé à la Suisse de concevoir de nouvelles stratégies pour lutter contre les stéréotypes discriminatoires et les obstacles structurels susceptibles de dissuader les filles de poursuivre leurs études au-delà de l’enseignement secondaire et de s’inscrire dans des domaines d’études traditionnellement dominés par les hommes.

C- Regards sur l’éducation 2021 : Indicateurs de l’OCDE

L’égalité des chances pour les élèves de tous les milieux socio-économiques

Le Programme international pour le suivi des acquis des élèves (PISA) est un indice qui mesure le niveau d’éducation et les résultats des élèves de différents statuts économiques, sociaux et culturels (ESCS). En 2018, le pourcentage d’enfants du quartile inférieur de l’ESCS ayant atteint au moins le niveau 2 du PISA en lecture était inférieur de 32 % à celui des enfants du quartile supérieur de l’ESCS. Il s’agit d’un écart éducatif plus important que la moyenne de l’OCDE, qui se situe à 29 %.

Des différences significatives dans le niveau d’éducation peuvent conduire à une aggravation des inégalités de revenus. En Suisse, 30 % des adultes âgés de 25 à 64 ans ayant un niveau de formation inférieur au deuxième cycle de l’enseignement secondaire gagnaient un salaire égal ou inférieur à la moitié du salaire médian en 2019. Ce pourcentage est plus élevé que la moyenne de l’OCDE (27 %).

Inégalités entre les sexes dans l’éducation

Dans presque tous les pays de l’OCDE et à tous les niveaux d’éducation, les femmes âgées de 25 à 64 ans gagnent moins que leurs homologues masculins ; leurs revenus correspondent à 76 %-78 % des revenus des hommes en moyenne dans les pays de l’OCDE. Cette proportion varie davantage entre les niveaux d’éducation au sein d’un même pays qu’entre les pays de l’OCDE. Par rapport aux autres niveaux d’éducation, les femmes n’ayant pas terminé le deuxième cycle de l’enseignement secondaire en Suisse ont les revenus les plus faibles par rapport aux hommes ayant un niveau d’éducation similaire – ces femmes ne gagnent que 77 % des revenus des hommes n’ayant pas terminé le deuxième cycle de l’enseignement secondaire. Les femmes titulaires d’un diplôme de l’enseignement secondaire supérieur ou de l’enseignement post-secondaire non tertiaire gagnent 84 % des revenus des hommes ayant le même niveau d’éducation ou un niveau d’éducation similaire.

Éducation et origine migratoire

En moyenne, dans les pays de l’OCDE, parmi les adultes sans diplôme du deuxième cycle de l’enseignement secondaire, 57 % des adultes nés dans le pays ont un emploi, contre 61 % des adultes nés à l’étranger. Suivant cette tendance, en Suisse, le taux d’emploi des adultes nés à l’étranger et n’ayant pas atteint le deuxième cycle de l’enseignement secondaire était de 71 % en 2020, plus élevé que celui des adultes nés dans le pays (65 %).

Parmi les adultes diplômés de l’enseignement supérieur, 92 % des adultes nés dans le pays et 84 % des adultes nés à l’étranger ont un emploi. Les adultes nés à l’étranger qui sont arrivés dans le pays à un âge précoce ont passé quelques années dans le système éducatif de leur pays d’accueil et ont obtenu des diplômes reconnus au niveau national. Par conséquent, leurs résultats sur le marché du travail sont généralement meilleurs que ceux des adultes arrivés plus tard avec un diplôme étranger. En Suisse, parmi les adultes nés à l’étranger et titulaires d’un diplôme de l’enseignement supérieur, 90 % de ceux qui sont arrivés avant l’âge de 15 ans ont un emploi, contre 83 % de ceux qui sont arrivés dans le pays à l’âge de 16 ans ou plus tard.

Conclusion

En résumé, le gouvernement suisse devrait renforcer ses politiques publiques afin de garantir que les enfants d’origine étrangère bénéficient du meilleur niveau d’enseignement possible et que les enfants demandeurs d’asile et les enfants sans papiers aient accès à l’éducation, en particulier au niveau secondaire ; ainsi que des programmes et des activités de sensibilisation contre la violence, les abus et le harcèlement à l’école. En outre, il doit encourager une plus grande diversification des choix éducatifs des filles et des garçons, prendre des mesures pour réviser le matériel éducatif au niveau cantonal et veiller à ce que du matériel pédagogique tenant compte des différences entre les sexes soit disponible dans tous les cantons et toutes les communautés.

Références

Comité des droits de l’enfant. (2021, 2 septembre). Observations finales sur les quatrième à sixième rapports périodiques combinés de la Suisse. Dernière recherche en date de juin 2022, sur https://uhri.ohchr.org/en/search-human-rightsrecommendations

Eurydice (2020). Le système éducatif suisse. Dernière recherche le juin 2022 sur https://eacea.ec.europa.eu/national-policies/eurydice/content/switzerland_en

Examen périodique universel (2017). Dernière recherche le juin 2022, sur https://uhri.ohchr.org/en/search-human-rights-recommendations

Regards sur l’éducation (2021). OCDE Dernière recherche le juin 2022, sur https://www.oecd-ilibrary.org/sites/cde73ce1en/index.html?itemId=/content/component/cde73ce1-en

 

 

Article original en anglais : https://brokenchalk.org/educational-challenges-inswitzerland/

 

 

(French) Educational Challenges in Algeria

Les défis éducatifs en Algérie : Un travail en cours

Écrit par Müge Çınar

Traduction de Charlotte Codd

L’Algérie va assouplir le programme de l’école primaire. Photo par Magharebia

L’Algérie est connue comme étant le pays géographiquement le plus grand d’Afrique, situé en Afrique du Nord. Ce pays peut être divisé en deux parties distinctes, l’une sous l’influence de la Méditerranée avec les montagnes de l’Atlas, également connues sous le nom de Tell, et l’autre principalement constituée du désert situé dans la partie occidentale du Shara. La population totale de l’Algérie s’élève à près de 44 millions d’habitants [1].

L’Algérie est devenue indépendante en 1962, après plus de 130 ans de colonisation.

Pendant la colonisation, le système éducatif a été construit pour refléter celui de la France, principalement au service de la population française et d’une élite algérienne relativement restreinte. À la fin de la guerre d’indépendance algérienne, près de 90 % de la population était analphabète. En conséquence, le pays s’est engagé dans la création d’une nouvelle Algérie en suivant l’arabisation [2].

En 1990, les dépenses d’éducation étaient élevées, représentant 29,7 % du budget national. L’éducation a été placée au centre de la reconstruction du pays en créant une force de travail qualifiée et des personnes partageant la même conscience nationale [3]. Malgré les tentatives de réforme du système éducatif après la Seconde Guerre mondiale, les progrès dans l’éducation des enfants sont restés insuffisants. En conséquence, l’histoire coloniale, le sexe, l’appartenance ethnique et la religion ont déterminé les possibilités d’éducation des enfants [4].

Aujourd’hui, l’éducation à tous les niveaux est gratuite en Algérie à condition de réussir le cycle précédent. La politique sociale est appliquée par l’État dans le secteur de l’éducation, ce qui peut être lié à la transition démocratique, même si l’on peut se demander dans quelle mesure elle a été réussie [5]. Le système scolaire algérien comprend trois cycles : l’école primaire, l’école secondaire inférieure et l’école secondaire supérieure. Neuf années d’enseignement de 6 à 14 ans, les deux premiers cycles sont obligatoires et le taux de fréquentation est très élevé. L’enseignement secondaire supérieur est également obligatoire, mais les abandons sont nombreux.

Principaux défis de l’éducation

Une licence est le minimum requis pour enseigner, mais il existe des différences entre les programmes de préparation des enseignants et les programmes de formation en cours d’emploi. Seuls 17 % des enseignants du primaire possèdent cette certification, et près de 70 % des enseignants du secondaire inférieur ne l’ont pas. En outre, l’efficacité interne du système éducatif est loin de répondre aux attentes de la société, comme en témoignent les taux élevés d’abandon scolaire et de redoublement [6].

Les installations mal entretenues, le manque d’enseignants et de salles de classe, en particulier dans les communautés défavorisées, sont des exemples d’infrastructures inadéquates. L’absence de réglementation et d’infrastructures éducatives limite l’enseignement pré-primaire. De nombreux élèves sont obligés de redoubler, en particulier au niveau secondaire inférieur, ce qui les incite à abandonner l’école.

La faible qualité de l’enseignement est due à un système de notation qui mesure les résultats des élèves par rapport à leurs pairs plutôt que la quantité d’informations qu’ils connaissent, à un enseignement qui privilégie le contenu par rapport à l’apprentissage et à l’absence de participation des parties prenantes importantes. Les résultats des tests internationaux sont inférieurs de 20 % à la moyenne mondiale [7]. De nombreux enfants non scolarisés sont des enfants handicapés. Les centres spécialisés sont rares et les tentatives d’intégration des élèves dans les classes ordinaires échouent.

Disparité économique

Près de 2 % des garçons en âge de fréquenter l’école primaire ne sont pas scolarisés, et c’est presque le même taux pour les filles. La disparité entre les sexes s’accentue dans l’enseignement secondaire : 17 % des garçons et 14 % des filles ne vont jamais à l’école. Dans les écoles primaires et secondaires, la plus grande disparité peut être constatée entre les enfants les plus pauvres et les plus riches qui ne sont pas scolarisés. Alors que la fréquentation de l’école primaire par les enfants les plus pauvres diminue de 1 % par rapport aux enfants les plus riches, elle diminue de 20 % dans l’enseignement secondaire, compte tenu des mauvaises conditions économiques des familles. Cela montre à quel point les conditions économiques empêchent les enfants d’exercer leur droit principal à l’éducation. Malgré les politiques sociales de l’État, la plupart des enfants en Algérie sont incapables d’obtenir un niveau d’éducation de base en raison de conditions économiques inadéquates [8].

Les caractéristiques socio-économiques discriminatoires jouent un rôle important dans l’éducation dans le pays. La richesse des ménages, les différences sociales, les disparités économiques régionales et le niveau d’éducation de la mère sont les facteurs prédominants qui affectent le déséquilibre éducatif en Algérie. Le gouvernement doit absolument mettre en place des mesures d’incitation pour les enfants qui n’ont pas les moyens de s’instruire ou pour ceux qui doivent travailler pour subvenir aux besoins de leur famille. D’autre part, les différences régionales et sociales ont diminué, selon une analyse des développements au cours des dix dernières années. L’égalité du système éducatif algérien s’en est trouvée améliorée [9]. Cependant, des investissements supplémentaires sont nécessaires pour créer des niveaux économiques homogènes dans chaque région afin de réduire les disparités éducatives entre les enfants.

Université de Bejaia. Photo par Vermondo.

Dépenses pour l’éducation

L’économie algérienne a souffert d’un coup porté au budget du gouvernement en raison de la dépendance du pays à l’égard du pétrole. Les difficultés de l’économie ont commencé en 2014 avec la chute des prix mondiaux du pétrole. La dépendance à l’égard des exportations de pétrole et de gaz, au lieu d’investir dans d’autres secteurs, a placé l’Algérie dans une situation vulnérable en raison de l’effondrement des échanges commerciaux pendant la période du Covid-19 [10]. De plus, cette situation a contribué à une pauvreté multidimensionnelle qui a également affecté l’éducation dans une large mesure. Les dépenses d’éducation ont chuté de 7,3 % à 6,1 % en raison de la pandémie. Heureusement, les dépenses d’éducation ont augmenté de 7 % en 2020 et sont retournées à leur niveau normal avant la pandémie.

Bien que le pays offre neuf années d’enseignement obligatoire et gratuit à tous les niveaux de la scolarité, l’Algérie doit encore améliorer certains objectifs pour offrir une éducation de qualité, de meilleures conditions de vie et un faible taux de chômage en accordant la priorité à ses dépenses d’éducation dans le PIB.

Taux élevés de non-scolarisation et d’abandon scolaire

Selon les données de l’UNICEF sur l’état de l’éducation, les taux nets de scolarisation sont les suivants : dans l’enseignement primaire, 98 % des garçons et 97 % des filles sont inscrits ; dans les écoles secondaires inférieures et supérieures, 57 % des garçons et 65 % des filles sont inscrits [12]. Ces statistiques montrent clairement que les niveaux de participation de base sont suffisants, mais qu’il faut aller beaucoup plus loin. Si la fréquentation de l’école primaire est pratiquement la même pour les deux sexes, la situation change après l’école secondaire inférieure, lorsque la fréquentation scolaire des garçons est inférieure à celle des filles.

Près de 8,5 millions d’enfants reçoivent une éducation aux trois stades de l’enseignement. Selon le rapport, environ 1 million d’enfants algériens âgés de 5 à 14 ans (soit 15 % de cette tranche d’âge) sont affectés par divers facteurs de nonscolarisation. La fréquentation de l’école primaire est élevée. Par contre, au niveau de l’enseignement secondaire, la moitié d’entre eux ne sont pas scolarisés, et l’autre moitié est scolarisée mais risque d’abandonner avant la fin du cycle [13].

Si la participation à l’éducation de base est un énorme problème à résoudre, l’abandon des enfants scolarisés est une autre question cruciale dont il faut se préoccuper. Selon la Ligue algérienne de défense des droits de l’homme, 400 000 enfants abandonnent l’école chaque année, tandis que 25 000 continuent à suivre une formation professionnelle. Les abandons scolaires se produisent principalement dans les zones reculées en raison de l’éloignement des écoles et des taux élevés de pauvreté. Il est important d’ajouter que certaines régions sont mal équipées en eau, chauffage et électricité, ce qui rend l’éducation impossible pour les enfants. De plus, les salles de classe sont inadéquates, ce qui entraîne une surpopulation dans les classes. Ce sont là les principaux facteurs qui dissuadent les enfants de s’instruire et 4,7 % d’entre eux abandonnent l’école pour cette raison [14].

La barrière de la langue

Après son indépendance de la France, le pays a continué à utiliser la langue française dans les institutions et l’administration des affaires, malgré une large application de la politique d’arabisation. Aujourd’hui, les langues officielles de l’Algérie sont l’arabe et le tamazight, et le berbère a également été reconnu comme langue nationale en 2002. Le président Tebboune a annoncé en juin 2022 que le gouvernement avait pris des mesures pour assurer la transition vers l’anglais dans les écoles primaires également [15]. Il souligne l’universalité de la langue anglaise que les enfants doivent apprendre pour leur propre bénéfice, alors que d’autres ont critiqué cette transition comme étant un agenda politique lié à l’histoire du pays.

Dans les premières années de la République, en particulier sous le régime de Houari Boumediene, les politiques d’arabisation ont dominé la mise en œuvre des politiques éducatives. La loi a été appliquée pour généraliser l’utilisation de l’arabe en 1991 [16]. La mise en œuvre de l’arabisation dans le secteur de l’éducation, les académies et les travailleurs n’ont pas réussi à passer à la langue arabe. La diversité ethnique de la population algérienne a également souffert de cette transition.

Aujourd’hui, une fois de plus, l’Algérie se trouve dans une situation de transition linguistique malgré d’autres défis dans le secteur de l’éducation qui attendent d’être résolus. Avec la décision de remplacer le français par l’anglais, un changement drastique a été opéré et cette situation affectera plus de 20 000 écoles à travers le pays en 2023. Dans le cadre du programme scolaire de 2022, l’anglais est enseigné au niveau secondaire, tandis que les enfants de neuf ans commencent à apprendre le français [17]. Les enfants algériens se retrouvent dans l’incapacité de poursuivre leurs études dans une seule langue en raison du manque de clarté des dispositions relatives à la transition vers l’anglais à l’école. Cela empêchera également la future main-d’œuvre de former une seule langue pour effectuer le travail.

L’enseignement supérieur a commencé à proposer l’anglais dans de nombreux diplômes, tandis que certains d’entre eux restent enseignés en français. La principale question est la suivante : y a-t-il suffisamment d’universitaires et d’enseignants qualifiés pour poursuivre la politique de transition linguistique ?

Personnel peu qualifié dans l’enseignement supérieur

Les étudiants de l’enseignement supérieur étaient au nombre de 1,5 million en 2020 [18]. En fait, le taux brut de scolarisation dans l’enseignement supérieur était plus élevé chez les femmes que chez les hommes [18] : 41 % des femmes et 19 % des hommes fréquentaient l’enseignement supérieur, selon les données MICS de l’UNESCO en 2019. Cette tendance indique que les hommes sont plus susceptibles d’abandonner l’école que les femmes en Algérie [19]. La pauvreté joue un rôle important dans l’inégalité des sexes en matière d’éducation, les enfants de sexe masculin étant plus susceptibles de travailler pour subvenir aux besoins de leur famille et d’eux-mêmes. En outre, les garçons ont tendance à redoubler plus souvent que les filles, et le risque d’échouer dans les cours pour achever leur éducation est plus élevé.

L’amélioration qualitative de l’enseignement dans les établissements d’enseignement supérieur est indispensable. Seuls 28 % du personnel académique des universités sont titulaires d’un doctorat. Les programmes financés par le gouvernement pour permettre aux doctorants d’étudier à l’étranger sont en cours de négociation. Le British Council et le ministère travaillent ensemble sur un programme d’études de troisième cycle à grande échelle pour les personnes souhaitant étudier à l’étranger [20], ce qui devrait faciliter la réforme du système d’enseignement supérieur.

Enfants sahraouis dans les camps de réfugiés

La crise des réfugiés oubliée : Les réfugiés sahraouis en Algérie. Photo par AMMILOUIZA LOUIZA AMMI

Plus de 173 000 réfugiés sahraouis vivent actuellement dans cinq camps situés dans la province de Tindouf, en Algérie. Ces personnes ont été déplacées plus de 45 ans après avoir fui le conflit. Les enfants qui vivent dans les camps souffrent de problèmes de sécurité alimentaire, de santé, d’une protection inadéquate et surtout d’un manque d’éducation [21].

Près de 98 % des enfants reçoivent une éducation primaire et le taux d’analphabétisme est de 4 %. Cependant, l’enseignement secondaire et supérieur n’est pas assuré dans les camps. Chaque camp compte six écoles primaires et deux écoles secondaires inférieures, avec des incitations et des ressources très faibles. Les étudiants sahraouis peuvent fréquenter gratuitement les écoles secondaires et les universités, mais la plupart d’entre eux ne sont pas en mesure de couvrir les frais de déplacement et de subsistance pour se rendre dans d’autres villes. Un certain nombre d’étudiants masculins déménagent pour étudier, alors que les étudiantes n’ont pas la possibilité de le faire.

La stratégie quinquennale 2021-2025 pour l’éducation des réfugiés sahraouis en Algérie a été lancée par le HCR, l’UNICEF et le PAM en novembre 2021 dans le but d’améliorer l’accès inclusif des enfants et adolescents réfugiés sahraouis à une éducation de haute qualité. 244 enfants souffrant de handicaps physiques et cognitifs bénéficient également d’une éducation spécialisée (SNE) dans 10 centres SNE répartis dans les camps. Les enfants réfugiés sont soutenus par le HCR qui leur fournit des livres, des fournitures scolaires et du matériel pédagogique afin de promouvoir un environnement d’apprentissage sûr [23].

Références

2%3A%22sex%22%2C%22filters%22%3A%5B%22Male%22%2C%22Female%

22%5D%7D&ageGroup=%22attend_higher_1822%22&year=%222019%22

(2014)https://www.unicef.org/mena/media/6526/file/Algeria%20Country%20Repo rt%20on%20OOSC%20Summary_EN.pdf%20.pdf

Notes de bas de page

 

  1. Encyclopédie Brittanica https://www.britannica.com/place/Algeria
  2. Durham, B. (2021). L’enseignement primaire et l’armée française pendant la guerre d’indépendance algérienne. In : Beier, J.M., Tabak, J. (eds) Les enfants dans la paix et les conflits. Repenser les études sur la paix et les conflits. Palgrave Macmillan, Cham. https://link.springer.com/chapter/10.1007/978-3-030-74788-6_7#ref-CR31
  3. Rose, M. (2015). L’éducation en Afrique du Nord depuis les indépendances. Dans un document commandé pour la Conférence de Hammamet. Londres : British Council.
  4. Durham, B. (2021). L’enseignement primaire et l’armée française pendant la guerre d’indépendance algérienne. In : Beier, J.M., Tabak, J. (eds) Les enfants dans la paix et les conflits. Repenser les études sur la paix et les conflits. Palgrave Macmillan, Cham. https://link.springer.com/chapter/10.1007/978-3-030-747886_7#ref-CR31
  5. https://www.arab-reform.net/publication/social-policy-in-algeria-a-historical-andideological-background/
  6. Centre de données sur l’éducation, Algérie : Profil national de l’éducation https://www.epdc.org/sites/default/files/documents/EPDC_NEP_2018_Algeria.pdf
  7. La Banque Mondiale https://data.worldbank.org/indicator/SE.XPD.TOTL.GD.ZS?end=2020&locations=DZ &start=1979&view=chart
  8. Centre de données sur l’éducation, Algérie : Profil national de l’éducation https://www.epdc.org/sites/default/files/documents/EPDC_NEP_2018_Algeria.pdf
  9. UNICEF, Rapport national : Algérie (2014) https://www.unicef.org/mena/media/6526/file/Algeria%20Country%20Report%20on% 20OOSC%20Summary_EN.pdf%20.pdf
  10. https://www.arab-reform.net/publication/social-policy-in-algeria-a-historical-andideological-background/
  11. La Banque Mondiale https://data.worldbank.org/indicator/SE.XPD.TOTL.GB.ZS?locations=DZ
  12. Tiliouine, H. (2015). Rapport national sur le monde des enfants en Algérie. Revue d’études algériennes 3, 48-70.

 

  1. UNICEF, Rapport national : Algérie (2014) https://www.unicef.org/mena/media/6526/file/Algeria%20Country%20Report%20on% 20OOSC%20Summary_EN.pdf%20.pdf
  2. https://www.middleeastmonitor.com/20180417-algeria-400000-children-drop-outof-school-annually/
  3. https://www.bbc.com/news/world-africa-62368931
  4. https://www.middleeasteye.net/opinion/algeria-changing-french-language-englishwont-resolve-t
  5. https://www.bbc.com/news/world-africa-62368931
  6. https://www.statista.com/topics/9699/education-in-algeria/#topicOverview
  7. UNESCO, MICS 2019 https://www.educationinequalities.org/indicators/higher_1822/algeria/sexes#dimension1=%7B%22id%22%

3A%22sex%22%2C%22filters%22%3A%5B%22Male%22%2C%22Female%22%5D %7D&ageGroup=%22attend_higher_1822%22&year=%222019%22

  1. Rose, M. (2015). L’éducation en Afrique du Nord depuis les indépendances. Dans un document commandé pour la Conférence de Hammamet. Londres : British Council.
  2. Note d’information de l’ACAPS : Algérie : Les réfugiés sahraouis à Tindouf (19 janvier 2022) https://reliefweb.int/report/algeria/acaps-briefing-note-algeria-sahrawirefugees-tindouf-19-january-2022
  3. Note d’information de l’ACAPS : Algérie : Les réfugiés sahraouis à Tindouf (19 janvier 2022) https://reliefweb.int/report/algeria/acaps-briefing-note-algeria-sahrawirefugees-tindouf-19-january-2022
  4. Fiche d’information du HCR sur l’Algérie – février 2023

 

L’article original en anglais : https://brokenchalk.org/educational-challenges-inalgeria-a-work-in-progress/#_ftn11

 

 

 

(French) Educational Challenges in Namibia

Les défis éducatifs en Namibie

Rédigé par Kim Lothaller

Traduit par Anis Mami

 

La Namibie, connue pour e tre le pays le plus aride d’Afrique subsaharienne, est une nation ge ographiquement vaste. Ce pays, qui partage ses frontie res avec l’Afrique du Sud, l’Angola, le Botswana et la Zambie, posse de e galement une co te atlantique sud de 1 500 kilome tres. Bien que la Namibie soit tre s e tendue, sa population ne compte qu’environ 2,53 millions d’habitants. Une bonne gestion e conomique et une stabilite politique ont permis de re duire les niveaux de pauvrete , ce qui a conduit a la reconnaissance de la Namibie en tant que pays a revenu interme diaire supe rieur. Ne anmoins, les ine galite s socioe conomiques, accentue es par l’ancien re gime de l’apartheid, demeurent importantes (1).

Actuellement, le syste me e ducatif namibien est structure en quatre niveaux: pre -primaire (jardin d’enfants), primaire (du grade 1 au 7), secondaire (du grade 8 au 12) et enseignement supe rieur. L’e ducation est obligatoire pour tous les enfants a ge s de 6 a 16 ans. Sur une population d’environ deux millions de personnes, on compte environ 1 500 e coles, dont une centaine sont prive es (2). Depuis 2016, l’enseignement primaire et secondaire dans les e coles publiques est gratuit. Une fois le grade 10 re ussi, les e le ves reçoivent le Certificat de l’enseignement secondaire infe rieur, marquant la fin de la scolarite obligatoire.

Figure 1: É le ve passant un examen en Namibie

Comme stipulé dans la Constitution:

“Les enfants ne sont pas autorisés à quitter l’école avant d’avoir achevé leur cycle d’enseignement primaire ou d’avoir atteint l’âge de seize (16) ans, si celui-ci est antérieur, sauf dans la mesure où cela peut être autorisé par une loi du Parlement pour des raisons de santé ou d’autres considérations liées à l’intérêt public” (Constitution de la Re publique de Namibie, article 20). (7)

Én outre, si les e le ves choisissent de poursuivre leurs e tudes, ils recevront un certificat d’enseignement secondaire supe rieur de Namibie (Namibia Senior Secondary Éducation Certificate) lorsqu’ils auront termine avec succe s la douzie me anne e (4).

Bien que l’e cole primaire soit obligatoire et gratuite, le taux de scolarisation en Namibie n’est que d’environ 80 %, avec des diffe rences entre les sexes et les re gions. Én outre, le taux d’abandon varie entre 1 % et 10 %, ce taux e tant particulie rement e leve en premie re, cinquie me et dixie me anne e (5). Dans un pays plus grand que la Belgique et la France re unies, avec de grandes zones de sertiques, les autorite s compe tentes luttent pour fournir une e ducation de qualite aux communaute s difficiles a atteindre et, en outre, pour s’assurer que les enfants restent dans le syste me. On a constate un taux de redoublement de plus de 20 % en cinquie me anne e et pre s de 50 % des e le ves de dixie me anne e e chouent a leurs examens

(6).

 

Bien que l’e cole primaire soit gratuite et obligatoire, le taux de scolarisation reste autour de 80 %, avec des e carts selon le genre et la re gion. Le taux d’abandon scolaire varie entre 1 % et 10 %, atteignant des pics aux grades 1, 5 et 10 (5). Dans un pays plus grand que la Belgique et la France re unies, avec de vastes zones de sertiques, il est difficile pour les autorite s de garantir un enseignement de qualite dans les communaute s isole es et de maintenir les enfants dans le syste me e ducatif. Le taux de redoublement de passe 20 % en grade 5, et pre s de 50 % des e le ves e chouent aux examens de grade 10 (6).

 

Principaux défis éducatifs en Namibie

Accès à l’éducation:

Bien que les taux de fre quentation de l’e cole primaire aient augmente au cours des dernie res anne es, il reste difficile d’obtenir une e ducation dans les zones rurales et pe riphe riques. De nombreuses e coles de ces re gions manquent d’e quipements de base comme l’e lectricite et l’eau, et les e le ves doivent souvent parcourir de longues distances pour se rendre a l’e cole (6). Les apprenants de ces communaute s vulne rables connaissent souvent des taux de redoublement e leve s (en particulier en premie re, cinquie me et huitie me anne e) et des taux d’abandon en forte hausse (en particulier apre s la dixie me anne e, lorsque l’e cole n’est plus obligatoire). Én outre, en moyenne, seul un apprenant sur 100 vivant dans les zones rurales de Namibie obtient son diplo me de fin d’e tudes secondaires (7).

Qualité de l’enseignement:

Bien que le gouvernement ait investi pour relever le niveau de l’e ducation en Namibie, ce proble me persiste. Plusieurs e coles manquent d’instructeurs qualifie s, de mate riel pe dagogique et d’infrastructures de base, ce qui a de graves re percussions sur le niveau d’e ducation des e le ves (6). Par conse quent, dans les 13 re gions e ducatives de finies, la majorite des apprenants ne sont pas en mesure d’atteindre les normes minimales du niveau de lecture en anglais. Par exemple, au niveau national, seuls 16,6 % des apprenants ont pu atteindre le niveau minimum (apprenants qui survivront a peine a l’anne e scolaire suivante) en lecture, tandis que seuls 6,7 % ont re ussi a atteindre le niveau souhaitable (apprenants qui re ussiront certainement l’anne e scolaire suivante) (3).

Én outre, les donne es continuent de montrer qu’il n’y a pas suffisamment de mate riel d’enseignement et d’apprentissage ade quat, d’installations sanitaires, d’e quipements physiques et d’autres conditions ne cessaires pour permettre un bon environnement d’enseignement et d’apprentissage. Cette disparite est encore plus e vidente dans les zones et re gions anciennement de favorise es. Ces donne es semblent toutefois contredire gravement la constitution namibienne et les documents politiques, en particulier le document « Vers l’e ducation pour tous », qui stipule ce qui suit:

“Pour assurer l’e ducation pour tous, nous devons e largir l’acce s a notre syste me e ducatif. Pour cela, il ne suffit pas d’avoir plus d’e coles, mais des e coles et d’autres programmes e ducatifs ou l’apprentissage est re ellement accessible a tous les Namibiens” (MÉC, 1993:34,103) (3).

 

Inégalités et taux d’abandon élevés:

Én Namibie, les disparite s en matie re d’e ducation constituent un grave proble me. Les difficulte s d’acce s pour les pasteurs et les groupes nomades, la pande mie de VIH/SIDA et les catastrophes naturelles sont autant de de fis a relever. Én conse quence, de nombreux enfants, souvent confronte s a des difficulte s financie res, a un manque d’acce s aux e quipements de base et a des re sultats scolaires me diocres, de cident souvent de quitter l’e cole pre mature ment (8). Compare s a leurs camarades plus chanceux, les e le ves issus de milieux de favorise s ont souvent moins acce s a une e ducation de qualite (7). Par ailleurs, « l’e cole sous l’arbre » est encore tre s re pandue dans ce pays. Cette image symbolise ve ritablement la re partition ine gale des e quipements et des ressources entre les e coles urbaines et rurales. Par exemple, plus de 47 000 enfants du primaire sont encore scolarise s sous les arbres ou dans des salles de classe « traditionnelles », dont une grande partie ne dispose d’aucun service de base tel que l’eau potable, les toilettes et l’e lectricite

(3).

La qualite et l’e quite sont des composantes importantes et sont bien inte gre es dans les documents de politique e ducative et les rapports officiels. Ces documents et rapports mettent l’accent sur l’e largissement de l’acce s, l’acce s a une e ducation de haute qualite et la facilitation de la croissance e conomique et de la compe titivite . Le document d’orientation « Vers l’e ducation pour tous » en Namibie souligne que l’un des principaux obstacles a la qualite et a l’e quite du syste me e ducatif de ce pays est la re partition manifestement ine quitable des ressources entre les diffe rentes re gions, qui est lie e a l’histoire de la Namibie (3). Én outre, cette politique met l’accent sur le fait que:

L’éducation pour tous ne signifie pas simplement plus d’écoles ou plus d’enfants scolarisés. Cela ne signifie pas non plus qu’il suffit de lancer des cours d’alphabétisation ou d’augmenter le nombre de places dans les programmes destinés aux jeunes non scolarisés. L’éducation pour tous exige que le gouvernement développe son système d’éducation et de formation et la manière dont il l’organise (MEC, 1993) (3). l’éducation (8).

 

Conséquences éducatives de la pandémie de COVID-19:

Suite aux effets du COVID-19 sur le temps d’enseignement et d’apprentissage en face a face, pre s de 90 % des e le ves du secondaire en Namibie n’ont pas pu obtenir leur diplo me a la fin de l’anne e 2022. Sur les 38 000 e le ves qui ont passe les examens de fin d’anne e 2022, seuls 5 000 ont re ussi. Me me si les e coles n’ont pas e te comple tement ferme es pendant le COVID, la perte significative de l’enseignement en face-a -face a conduit aux mauvais re sultats observe s en 2022. Sur les 198 jours d’e cole pre vus, les apprenants n’ont pas e te en mesure de maî triser toutes les compe tences acade miques ne cessaires pour passer avec succe s dans les classes suivantes. Én outre, pendant cette pe riode, la me diocrite des infrastructures e ducatives est devenue plus e vidente, avec une pe nurie de salles de classe, de ressources d’apprentissage et d’enseignement, ainsi que l’absence d’un soutien syste matique aux enseignants et aux apprenants au niveau de l’e cole. Én outre, la discipline parmi les apprenants et les enseignants s’est lentement de grade e et, par conse quent, le suivi et l’e valuation sont faibles a tous les niveaux de l’e ducation (8).

 

Figure 2: Une e le ve se de sinfecte les mains dans une e cole a Windhoek, capitale de la Namibie (Photo: Ndalimpinga Iita/Xinhua)

 

BIBLIOGRAPHIE

  1. The World Bank. “Overview.” World Bank, 2016, www.worldbank.org/en/country/namibia/overview. Accessed 29 Mar. 2023.
  2. Shusko, Lisa. “The Successes and Challenges of the Namibian Éducation System.” Our Peace Corps Namibia Blog, 23 June 2015, shusko.wordpress.com/2015/06/23/the-successes-and-challengesof-the-namibian-education-system/. Accessed 31 Mar. 2023.
  3. Hailombe, O. (2011). Education Equity and Quality in Namibia: A case study of Mobile Schools in the Kunene Region. Retrieved April 12, 2023, from https://repository.up.ac.za/bitstream/handle/2263/24256/Complete.pdf?sequence=10
  4. World Bank. Namibia Education Overview. 2020, www.worldbank.org/en/country/namibia/brief/namibia-education-overview. Accessed 31 Mar. 2023.
  5. Wikan, G. (2008). Challenges in the primary education in Namibia. Retrieved April 4, 2023, from https://brage.inn.no/innxmlui/bitstream/handle/11250/133746/rapp07_2008.pdf?sequence=3&isAllowed=y.
  6. Bellamy, C., & Sousa, G. (n.d.). Equitable access to Quality Education: Challenges in Namibia. Équitable Access to Quality Éducation: Challenges in Namibia | Capacity4dev. Retrieved April 4, 2023, from https://europa.eu/capacity4dev/articles/equitable-access-quality-educationchallenges-namibia
  7. UNICÉF. (2018, April 9). Improving school participation in Namibia. UNICÉF Office of Innovation . Retrieved April 12, 2023, from https://www.unicef.org/innovation/stories/digital-learningplatform-namibia

 

(French) – Educational Challenges in Côte d’Ivoire

Les défis éducatifs en Côte d’Ivoire : répercussions des conflits et du travail des enfants dans le secteur du cacao 

Écrit par Maja Przybyszewska 

Traduit par Anis Mami 

 

Imaginez. Imaginez des enfants qui vont à l’école tous les jours et apprennent à lire et à écrire. Imaginez des filles et des garçons assis dans une salle de classe et répétant à voix haute l’alphabet ou les tables de multiplication. Imaginez leurs sourires et les opportunités que l’éducation offre à chacun d’entre nous. Mais maintenant, quand vous y regardez de plus près, vous réalisez. Vous réalisez que la salle de classe est petite et délabrée, et que les fournitures scolaires font défaut. Vous réalisez que plus de la moitié des enfants ne savent ni lire ni écrire. Et vous réalisez que la plupart des enfants sont absents parce qu’ils doivent travailler dans les plantations de cacao pour aider leurs parents. 

Lorsque Vous mangez du chocolat, Vous demandez-Vous comment il a été produit ou qui a participé à son élaboration ? Les conditions de travail sont-elles appropriées ? Et s’il s’agissait de travail forcé ? Avant d’acheter un produit et de soutenir certaines pratiques, ces questions devraient nous venir à l’esprit. En réfléchissant à cela, nous montrons notre soutien au commerce équitable et à la protection des droits humains fondamentaux, tels que le droit à l’éducation. 

La Côte d’Ivoire produit plus de 40 % de la production mondiale de cacao, et le travail des enfants y est malheureusement monnaie courante. En 2013, on estimait à 1,4 million le nombre d’enfants qui travaillaient, dont 49 % dans le secteur agricole (UNICEF, 2019). 

Cet article vise donc à sensibiliser le public aux défis éducatifs en Côte d’Ivoire. Pourquoi ce pays ? La motivation est le problème persistant du travail des enfants et le rôle de l’État dans la production mondiale de cacao. De plus, cet article se concentrera sur les questions suivantes : présenter un bref historique de l’instabilité politique dans le pays qui affecte négativement la scolarisation, décrire le travail des enfants dans le secteur du cacao, discuter de la situation actuelle de l’éducation dans le pays et rechercher des solutions possibles pour développer le secteur de l’éducation. 

 

Des enfants aident les agriculteurs à casser des cabosses de cacao dans une exploitation agricole en Côte d’Ivoire.(Children join farmers in breaking cocoa pods on an Ivory Coast farm. Photo by) Photo : ©BENJAMIN LOWY (2016) 

 

Bref historique de l’instabilité politique 

La Côte d’Ivoire a souffert pendant plusieurs années d’instabilité politique et de conflits internes qui ont perturbé le pays et bouleversé la vie de plusieurs générations. En bref, l’État a connu deux guerres civiles, en 2002 et 2011, et l’instabilité était due aux tensions constantes entre deux hommes politiques ayant des ambitions présidentielles, Laurent Gbagbo, du Front populaire ivoirien, et Alassane Quattara, du Rassemblement des républicains. Les partisans de ces partis se sont livrés à des combats violents entre eux, car ils contestaient les résultats des élections. De plus, lors des manifestations de 2000-2004, des centaines de personnes ont été tuées et le gouvernement a été accusé de violations des droits de l’homme. Lors des élections de 2010, Quattara a remporté la victoire et gouverne depuis lors. 

Néanmoins, en 2011, la violence s’est intensifiée et les affrontements ont été violents ; plus de 3 000 personnes ont perdu la vie. Ces événements ont attiré l’attention de la communauté internationale, qui a décidé d’intervenir. Depuis 2011, Laurent Gbagbo est détenu par la Cour pénale internationale et a été inculpé de crimes contre l’humanité (Global Security, n.d.). 

Par conséquent, ces guerres ont des conséquences néfastes sur les civils et affectent l’éducation des enfants. Même si un conflit prend fin, ses répercussions dramatiques influencent l’économie du pays et sa société pendant les années qui suivent, par exemple en augmentant la pauvreté et en favorisant la propagation des maladies. Il convient de noter que les enfants sont les victimes de ces conflits, car ils sont souvent recrutés comme soldats ou subissent des violences. En outre, les écoles sont généralement détruites, ce qui empêche la poursuite de la scolarité en raison du manque d’infrastructures appropriées. D’un point de vue économique, de nombreuses familles perdent leurs ressources financières et ont besoin d’aide pour assurer à leurs enfants une éducation décente. À l’aune des recherches d’Idrissa Ouili, les enfants qui étaient sur le point de commencer l’école pendant la période d’instabilité avaient 10 % de chances en moins de commencer leur scolarité. De plus, de nombreux élèves ont connu une interruption de plus d’un an dans leur scolarité en raison des conflits (Ouili, 2017). Tous ces éléments illustrent les défis multidimensionnels auxquels sont confrontés les enfants et leurs enseignants dans leur parcours scolaire marqué par la violence. 

 

Le travail des enfants dans l’industrie du cacao 

Un autre point critique est la question du taux élevé de travail des enfants dans l’industrie du cacao. Les données montrent que plus de 40 % de la production mondiale de cacao provient de Côte d’Ivoire (Busquet, Bosma et Hummels, 2021). D’une part, cela signifie qu’il existe une demande de main-d’œuvre, et certains parents demandent à leurs enfants de travailler dans les plantations familiales au lieu d’aller à l’école. D’autre part, l’industrie du cacao est si profondément intégrée dans la vie des communautés locales que celles-ci considèrent le travail des enfants comme une partie intégrante de leur enfance et de leur culture. Une étude réalisée entre 2012 et 2015 par l’OIT (2015) montre que les filles et les garçons sont exposés à des risques élevés et aux dangers du travail dans l’industrie du cacao en raison du renforcement des mécanismes communautaires et institutionnels. 

De plus, des études révèlent qu’en Afrique de l’Ouest, le niveau de travail des enfants dans la production de cacao a augmenté entre 2008 et 2014 pour atteindre 2 millions d’enfants âgés de 5 à 17 ans (Busquet, Bosma et Hummels, 2021). En outre, des études réalisées en 2018 indiquent qu’environ 90 % des mineurs effectuent des travaux dangereux, ce qui signifie qu’ils travaillent avec des outils tranchants, par exemple une machette, défrichent des terres, utilisent des produits agrochimiques et transportent des objets lourds (Busquet, Bosma et Hummels, 2021). Dans une série d’entretiens avec les agriculteurs et leurs familles, l’importance de l’éducation est rarement abordée, car on considère que l’agriculture est une expérience dont les enfants tireront profit dans loro vie future et leur carrière (Busquet, Bosma et Hummels, 2021). 

En d’autres termes, de nombreux enfants ne peuvent pas profiter pleinement des possibilités d’éducation car ils doivent aider à la ferme ou partager leur temps entre l’école et un travail physique exigeant. Ces activités ont un impact négatif sur leur vie, car leur développement intellectuel est freiné et leur manque de compétences de base en lecture et en écriture leur causera des difficultés pour trouver un emploi sur le marché du travail à l’avenir. 

Un autre aspect important est le droit des enfants à l’éducation. Les enfants et les jeunes de Côte d’Ivoire ne devraient pas être exclus d’une éducation de qualité pour des raisons économiques ou culturelles. De plus, l’État a l’obligation de respecter, protéger et réaliser le droit à l’éducation en vertu de la Convention contre la discrimination dans l’enseignement (UNESCO, n.d. ). Par conséquent, le pays doit prendre des mesures plus concluantes et adéquates pour augmenter la scolarisation des enfants et mettre fin aux pratiques de travail des enfants. 

 

Les efforts visant à garantir les droits des enfants dans un contexte déchiré par les conflits sont encore insuffisants. Photo : ©EC/ECHO/Anouk Delafortrie 

Situation actuelle de l’éducation 

Le bilan de l’éducation en Côte d’Ivoire est malheureusement préoccupant. Même si le gouvernement consacre davantage de fonds à l’éducation que les autres pays d’Afrique subsaharienne, les résultats ne sont pas satisfaisants, car il existe encore d’énormes inégalités entre les zones rurales et urbaines et les compétences de base en matière d’alphabétisation sont continuellement négligées (Finch, Wolf et Lichand, 2022). Selon un rapport de l’OCDE publié en 2015, un jeune sur deux est analphabète et plus de la moitié des enfants ne savent ni lire ni écrire, la majorité d’entre eux étant des filles (environ 60 %) (OCDE, s.d.). 

Toutefois, du côté positif, en 2016, le gouvernement a décidé de rendre l’école obligatoire et accessible à tous les enfants âgés de 6 à 16 ans et a relevé l’âge de l’emploi à temps plein de 14 à 16 ans. En outre, cette décision a été précédée d’une campagne de sensibilisation sur la traite des enfants, l’exploitation et le travail dangereux (The Guardian, 2022). 

De plus, des organisations internationales telles que l’UNICEF ont apporté une aide considérable en renforçant les infrastructures éducatives et en organisant des cours supplémentaires pour les enfants. Certaines initiatives se sont principalement concentrées sur les filles en raison de la persistance des inégalités entre les sexes dans la scolarisation et des taux d’abandon scolaire élevés. 

 

Solutions 

En bref, l’éducation est essentielle au bien-être des enfants et au développement futur du pays. Les agriculteurs ne comprennent pas les conséquences néfastes à long terme, ce qui signifie qu’ils perturbent le développement sain de nombreux jeunes et produisent des générations futures de main-d’œuvre non qualifiée pour l’économie nationale. D’un point de vue économique, les circonstances qui nuisent à la scolarisation, comme l’instabilité politique ou le travail des enfants, peuvent entraver la croissance économique du pays. L’objectif principal du gouvernement de Côte d’Ivoire devrait être la protection des enfants et la garantie de leur éducation. 

Tout d’abord, les autorités devraient accorder davantage d’attention à l’éducation préscolaire et sensibiliser efficacement la société. La gratuité et la scolarisation précoce pourraient inciter les parents à envoyer leurs enfants à l’école plutôt que dans les champs de cacao. De plus, des outils de suivi appropriés et une allocation transparente des fonds permettraient d’améliorer le niveau d’éducation dans le pays. 

Deuxièmement, il convient de fournir les infrastructures nécessaires. Après des années de conflits, de nombreuses écoles ont été détruites et beaucoup d’autres continuent d’être des bâtiments délabrés. Les reconstruire et les équiper de manière adéquate permettrait aux élèves et aux enseignants de profiter davantage de l’apprentissage et de l’enseignement. 

Enfin, comme la société soutient fortement la valeur éducative du travail, l’ouverture de nouveaux centres de formation professionnelle serait une excellente initiative. Ces centres contribuent à maintenir le parcours scolaire primaire et à doter les jeunes des compétences et aptitudes pratiques nécessaires pour s’adapter à un marché du travail en mutation. 

Les conséquences des guerres civiles, l’importance culturelle profondément enracinée du travail et le recours au travail des enfants dans l’industrie du cacao ont un impact considérable sur l’éducation en Côte d’Ivoire. Avec le soutien des organisations internationales et l’amélioration des politiques gouvernementales, des centaines d’enfants ivoiriens pourraient passer plus de temps à apprendre et à jouer au lieu de travailler. 

Mais que pouvons-nous faire à ce sujet ? Certains diront que nous n’avons aucun pouvoir. Pourtant, nous oublions souvent que nous sommes les consommateurs et que le pouvoir est littéralement entre nos mains. La prochaine fois que vous achèterez du chocolat, recherchez le label « FAIRTRADE ». Acheter ces produits signifie des conditions de travail plus sûres pour de nombreux enfants. 

Chaque enfant mérite une enfance sûre et une éducation de qualité. 

References: 

Busquet, Milande, Niels Bosma, and Harry Hummels. 2021. “A Multidimensional Perspective on Child Labor in the Value Chain: The Case of the Cocoa Value Chain in West Africa.” World Development 146: 105601. 

Finch, Jenna E, Sharon Wolf, and Guilherme Lichand. 2022. “Executive Functions, Motivation, and Children’s Academic Development in Côte d’Ivoire.” Developmental Psychology 58, no. 12: 2287–2301 

Global Security. n.d. “Ivory Coast Conflict.” Accessed April 6, 2023. https://www.globalsecurity.org/military/world/war/ivory-coast.htm?utm_content=cmp-true. 

ILO. 2015. “Creating a Protective Environment for Children in Cocoa-Growing Communities.” Accessed April 6, 2023. https://www.ilo.org/wcmsp5/groups/public/—dgreports/—exrel/documents/publication/wcms_409587.pdf. 

OECD. n.d. “Key Issues affecting Youth in Côte d’Ivoire.” Accessed April 6, 2023. https://www.oecd.org/countries/cotedivoire/youth-issues-in-cote-ivoire.htm. 

Ouili, Idrissa. 2017. “Armed Conflicts, Children’s Education and Mortality: New Evidence from Ivory Coast.” Journal of Family and Economic Issues 38, no. 2: 163–83. 

The Guardian. 2022. “How Ivory Coast is winning the fight to keep its children out of the cocoa fields.” Accessed April 6, 2023. https://www.theguardian.com/global-development/2022/dec/27/how-ivory-coast-is-winning-the-fight-to-keep-its-children-out-of-the-cocoa-fields. 

UNESCO. n.d. “State obligations and responsibilities on the right to education.” Accessed April 6, 2023. https://www.unesco.org/en/right-education/state-obligations-responsibilities?hub=70224. 

UNESCO. n.d. “Convention against Discrimination in Education.” Accessed April 6, 2023. https://www.unesco.org/en/legal-affairs/convention-against-discrimination-education#item-3. 

UNICEF. 2019. “Promoting the Rights of children in the Cocoa Producing Areas in Côte d’Ivoire.” Accessed April 6, 2023. https://open.unicef.org/sites/transparency/files/2020-06/Cote-d-Ivoire-TP5-2018.pdf. 

 

(French) Educational Challenges in Canada

L’Héritage du Colonialisme, la Discrimination et le Coût Élevé de la Vie : Domaines d’Amélioration du Système Éducatif Canadien

Écrit par Enes Gisi

Traduit par Charlotte Codd

 

Le Canada est un pays riche en ressources naturelles et possède l’un des PIB les plus élevés au monde. Derrière cette richesse se cachent cependant de profondes inégalités dans l’accès à une éducation de qualité. Ces obstacles à l’éducation ne se limitent pas toujours aux bâtiments scolaires, car les peuples autochtones du Canada subissent encore aujourd’hui les conséquences du passé colonial du pays. Les abus sexuels sur les enfants, l’insécurité alimentaire et le manque de logements pour les étudiants de l’enseignement supérieur sont d’autres défis à relever dans le domaine de l’éducation. Il est difficile de relever ces défis, car les trois niveaux de gouvernement – fédéral, provincial et municipal – sont chacun responsables de certains d’entre eux. Toutefois, la bureaucratie canadienne a du mal à prendre des mesures efficaces et rapides. Les différents niveaux de gouvernement se renvoient parfois la responsabilité d’une question, ce qui crée une certaine confusion parmi les Canadiens, qui ne savent plus qui est responsable de quoi

Enfants du pensionnat indien de Fort Simpson tenant des lettres épelant « Goodbye », Fort Simpson,

Territoires du Nord-Ouest, 1922. Photo de J. F. Moran. Library and Archives Canada on Wikimedia Commons.

L’Accès à l’Éducation Pour les Peuples Autochtones du Canada

Pour comprendre pourquoi le système éducatif autochtone est particulièrement perturbé, il est essentiel d’examiner les injustices historiques dont ils ont souffert. Les peuples autochtones sont originaires du territoire que nous appelons aujourd’hui le Canada. La colonisation de ce territoire a commencé au XVIe siècle avec l’arrivée des colons britanniques et français. Les peuples autochtones étaient appelés « sauvages » et étaient considérés comme « moins civilisés » que les Canadiens européens (« Lower Education », 2023). Dès le début du XVIIe siècle, diverses formes de systèmes scolaires ont été mises en place (Gordon & White, 2014). Les premiers systèmes créés par les colons français visaient à « franciser » les peuples indigènes. Si les colons britanniques ont d’abord formé des alliances avec les peuples autochtones contre les Français et les Américains, leur politique s’est ensuite orientée vers le même objectif : les « civiliser ». Jusqu’en 1951, les enfants autochtones ont été séparés de force de leur famille et placés dans des pensionnats, où il leur était interdit de parler leur langue maternelle et de pratiquer leur culture, tout cela pour les « récupérer » d’un « état de barbarie » (Wilson, 1986, p. 66, cité dans Gordon & White, 2014). Ils ont reçu une éducation de mauvaise qualité et ont subi des abus physiques, émotionnels et sexuels (White & Peters, 2009, cité dans Gordon & White, 2014). Lorsqu’ils sont rentrés chez eux, ils ne pouvaient plus établir de liens avec leur famille ou la société non autochtone (« What Is The Root Cause Of Indigenous Education Issues », 2015). Le dernier pensionnat a été fermé en 1996, mais l’héritage du colonialisme et la négligence du gouvernement fédéral affectent toujours les enfants autochtones.

 

Le Logement

Les populations autochtones connaissent un taux de sans-abrisme nettement plus élevé que la moyenne canadienne (« Inadequate Housing And Crowded Living Conditions », 2023). Cependant, la question du logement inadéquat peut avoir un lien plus étroit avec la réussite scolaire. Près de 25 % des enfants autochtones de moins de 15 ans vivent dans des ménages à faible revenu, soit le double du pourcentage des enfants non autochtones (« Inadequate Housing And Crowded Living Conditions », 2023). L’une des conséquences de cette situation est que certaines familles résident dans des maisons trop petites pour leurs besoins. Les élèves autochtones qui vivent dans des maisons surpeuplées risquent de ne pas dormir suffisamment et de ne pas pouvoir étudier ou faire leurs devoirs dans un endroit calme. Cela peut avoir un impact sur leur santé mentale, leur réussite scolaire et leurs perspectives d’éducation secondaire et d’emploi.

Taux d’Obtention d’un Diplôme

Le taux d’obtention d’un diplôme d’études secondaires par les enfants autochtones vivant dans les réserves, terres réservées exclusivement aux membres des Premières nations, est faible (24 %). Ce chiffre a d’abord été déformé par le gouvernement canadien lorsqu’il a publié un rapport présentant le taux comme étant de 46 % (Coates, 2022). Ce calcul ne tenait pas compte des élèves qui avaient abandonné leurs études entre la 9e et la 11e année. Selon un rapport du vérificateur général du Canada, le gouvernement canadien a également négligé ses responsabilités en matière de rapports sur l’éducation autochtone, ne rendant compte que de 6 des 23 résultats en matière d’éducation qu’il s’était engagé à communiquer (Bureau du vérificateur général du Canada, 2018).

Si les enfants autochtones vivant hors des réserves ont généralement de meilleures perspectives d’éducation que ceux vivant dans les réserves, leur taux d’obtention d’un diplôme dans les écoles provinciales hors des réserves reste inférieur à celui des enfants non autochtones. Selon un rapport de 2021, le taux d’obtention du diplôme de fin d’études secondaires dans les écoles provinciales de la Saskatchewan était de 88,7 %. Parmi ces élèves, le taux de diplomation à temps des élèves autochtones était de 44,7 % (Clemett, 2023).

En ce qui concerne l’enseignement postsecondaire, les données mettent également en évidence des disparités. Les membres des Premières nations, l’un des trois groupes de la population autochtone, affichent un taux d’achèvement des études postsecondaires ou de fréquentation récente d’un établissement d’enseignement postsecondaire de 37 %, alors que le taux pour les personnes non autochtones est beaucoup plus élevé, soit 72 % (Layton, 2023).

Des étudiants, un ancien premier ministre de la Colombie-Britannique, un ancien ministre de la Colombie-Britannique et un chef autochtone se sont rassemblés autour d’un feu de joie. Image via Flickr by @bchovphotos.

Financement et Ressources Scolaires

De nombreux élèves autochtones vont à l’école dans des conditions difficiles et ont besoin d’un soutien supplémentaire de la part du système éducatif. La plupart des élèves autochtones vivant dans les réserves ne sont pas en mesure de poursuivre leurs études sans un soutien ou une intervention directe de la part de l’école (Coates, 2022). Dans la plupart des écoles canadiennes, environ 80 % des élèves peuvent réussir sans les services ou les interventions de l’école. Cependant, un nombre important d’élèves autochtones vivant dans les réserves, parfois un sur trois ou plus, ont besoin d’un soutien important de la part de leur école pour réussir.

La capacité des écoles des réserves à fournir des services à leurs élèves est toutefois limitée en raison de l’insuffisance des fonds alloués par le gouvernement fédéral. Les écoles des Premières nations reçoivent 30 % de financement en moins par élève par rapport aux autres écoles (Dart, n.d.). Il en résulte une évidence : les enfants autochtones sont désavantagés. Ils n’ont pas accès à autant de travailleurs sociaux, de professionnels de la santé mentale et d’éducateurs spécialisés. Alethea Wallace, une (ancienne) directrice de l’Alexis School, une école des Premières nations, décrit l’impact du financement inadéquat sur l’école (Hampshire, n.d.). Elle explique que l’école n’est pas en mesure d’offrir des programmes d’art, de théâtre et de musique en raison du manque de financement. L’école ne dispose pas non plus d’un laboratoire de sciences ou d’un laboratoire informatique. Certaines parties de l’école sont utilisées à d’autres fins : la bibliothèque et le bureau du concierge servent de salles de classe. Kristina Alexis, une élève de l’école, explique que sa classe accueille deux cours en même temps, où deux professeurs enseignent des matières différentes. Les classes sont surchargées et la plupart d’entre elles sont réparties entre deux niveaux scolaires.

Evan Taypotat, ancien directeur de l’école communautaire Chief Kahkewistahaw et actuel chef de la Première nation Kahkewistahaw, déclare : ” Le financement moyen pour un enfant de la réserve est d’environ 6 800 $ (Dart, n.d.). Le financement d’un enfant à Broadview, qui se trouve à environ 10 minutes de là, est de 11 000 $. L’augmentation du financement fédéral pour les écoles des réserves est plafonnée à 2 % par an, ce qui est inférieur au taux d’inflation au Canada. Les dirigeants autochtones cherchent actuellement à résoudre deux problèmes principaux : obtenir le contrôle de la manière dont les fonds fédéraux destinés à l’éducation sont alloués et plaider en faveur d’une augmentation des fonds pour qu’ils soient équivalents à ceux que reçoivent les autres écoles. Le fait d’accorder aux Premières nations le contrôle de la manière dont l’argent est dépensé peut leur permettre de mettre en œuvre des systèmes plus adaptés à leur culture.

Un élève intimide une camarade de classe qui est assise à son bureau. Photo du projet RDNE Stock de Pexels.

Racisme, Exclusion et Violence à l’École

Un rapport complet publié en 2023 par Les enfants au Canada montre que les brimades et la violence chez les enfants canadiens sont devenues de graves menaces pour le bien-être des enfants (Les enfants au Canada, 2023). Les élèves évitent de se rendre dans les toilettes où ils risquent d’être victimes de brimades, même s’ils doivent pour cela se salir. Les brimades se produisent principalement à l’école ou dans des environnements en ligne. Le rapport souligne que 7 élèves sur 10 âgés de 15 à 17 ans sont victimes d’intimidation. La violence et les discours de haine restent des problèmes omniprésents à l’école et dans les milieux sportifs.

La plupart des élèves handicapés sont victimes de discrimination et d’exclusion. Selon un rapport publié en 2022 par le Bureau du défenseur des enfants, de la jeunesse et des personnes âgées du Nouveau-Brunswick, seul un élève handicapé sur cinq a le sentiment d’appartenir à un groupe et se sent souvent en danger à l’école (“Advocate Releases Office of the Child Report, 2022). Leur participation aux sports est également plus faible que celle de leurs camarades.

Jacqueline, une lycéenne juive canadienne de Toronto, dit qu’elle est victime d’antisémitisme lorsque certaines personnes font référence à Hitler ou dessinent des croix gammées (Wong, 2023). Elle affirme que ces actes sont considérés comme drôles par ces personnes. Elle estime que les cours sur l’Holocauste dispensés à l’école ne suffisent pas à contrer les contenus haineux que les jeunes partagent en ligne.

Les statistiques sur la violence sexuelle sont alarmantes. Selon le rapport 2022 du Centre canadien de protection de l’enfance, entre 2017 et 2021, « au moins 548 enfants et jeunes » de la maternelle à la 12e année « ont subi un acte de nature sexuelle commis par 252 membres du personnel scolaire », et 38 membres du personnel scolaire ont été accusés au criminel pour des infractions liées à des contenus numériques illicites impliquant des mineurs (Les enfants d’abord Canada, 2023).

Les étudiants religieux du Québec qui pratiquent leur foi sont confrontés à un défi discriminatoire en raison d’une directive du ministre de l’Éducation du Québec, Bernard Drainville. ette directive interdisait « toute pratique d’activité religieuse » dans les écoles et autres centres d’éducation (Feith, 2023). Selon une contestation judiciaire en réponse à cette interdiction, des élèves musulmans priaient depuis des mois dans une zone désignée d’une école, sans aucun problème. Le père d’un élève musulman du Québec affirme que son enfant est désormais contraint de prier en secret, sans savoir quelles seraient les conséquences s’il était surpris en train de prier à l’école.

 

 

 

 

Insécurité Alimentaire

Le Canada est le seul pays du G7 qui ne dispose pas d’un programme national d’alimentation scolaire (Alphonso, 2023). De nombreux étudiants canadiens dépendent de programmes alimentaires financés par les provinces et les

organisations caritatives. Un élève sur cinq, soit environ un million, reçoit une aide sous forme de repas et de collations. Travailleurs manipulant des paniers de nourriture.

Image via Flickr, par @bcgovphotos.

Un assistant pédagogique d’une école de l’Ontario affirme que certains élèves ne pourraient pas venir à l’école si celle-ci ne fournissait pas de paniers de nourriture. L’organisation caritative qui travaille avec l’école affirme que la demande croissante grève son budget. Les enfants noirs et les enfants autochtones hors réserve sont plus susceptibles de vivre dans des ménages en situation d’insécurité alimentaire que leurs homologues blancs (Les enfants d’abord Canada, 2023).

 

Abordabilité des Études Postsecondaires

L’augmentation du coût de la vie fait que les étudiants universitaires n’ont plus les moyens de se nourrir et de payer leur loyer. Plus de 60 % des étudiants universitaires ont déclaré gagner moins de 20 000 dollars par an, et près de 3 étudiants sur 4 (72 %) ont déclaré consacrer 30 % ou plus de leur revenu au paiement du loyer (Cameron et.al., 2023). Le Centre de toxicomanie et de santé mentale affirme qu’il y a un manque « critique » de logements abordables au Canada (« Housing and Mental Health Policy Framework », 2022). Mateusz, un représentant du syndicat étudiant de l’Université de Calgary, affirme que l’université est irresponsable en admettant trop d’étudiants sans leur fournir de logement (Tran, 2023). Il affirme que les loyers montent en flèche et qu’il y a une crise du logement (Kaufmann, 2023). Il y a eu des étudiants qui ont vécu dans leur voiture à Calgary à cause de la pénurie de logements, ajoute-t-il. Certains étudiants n’ont pu trouver de logement que dans des régions éloignées, où le trajet jusqu’au campus est devenu un problème (Derworiz, 2023). En outre, deux étudiants universitaires sur cinq connaissent l’insécurité alimentaire, plus de la moitié d’entre eux déclarent ne pouvoir s’offrir que des aliments de qualité médiocre, et un étudiant sur six dit avoir eu des jours où il n’a pas pu manger du tout.

Remarques Finales et Recommandations

Les droits des peuples autochtones sont protégés par le droit international, en particulier par la Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones. La Commission de vérité et de réconciliation (CVR) du Canada a constitué un pas important dans la bonne direction. Il s’agissait d’une initiative gouvernementale chargée de recueillir les témoignages des victimes du système des pensionnats. Elle a contribué à sensibiliser l’opinion publique et a encouragé la poursuite des actions de réconciliation avec les peuples autochtones. Jack Harris, ancien député du Parti national démocratique, cite le piètre bilan du Canada en matière de droits des peuples autochtones comme l’une des raisons potentielles pour lesquelles le Canada a perdu sa candidature à un siège temporaire au Conseil de sécurité des Nations unies en 2020 (Harris, 2020). La priorité du Canada devrait être de fournir aux communautés autochtones les outils juridiques et matériels nécessaires pour leur permettre d’offrir une éducation de qualité et adaptée à leur culture.

Un autre défi de taille semble être l’augmentation du coût de la vie. De plus en plus d’étudiants de l’enseignement postsecondaire sont confrontés à l’insécurité alimentaire et à l’insécurité du logement, deux choses dont les gens ne devraient pas avoir à se préoccuper lorsqu’ils poursuivent des études supérieures. Qu’il s’agisse d’étudiants vivant dans leur voiture ou dans des maisons surpeuplées, le coût élevé de la vie au Canada pèse sur le bien-être des étudiants. De meilleurs prêts et bourses pour les étudiants et davantage de résidences étudiantes fournies par les universités peuvent aider.

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  • Kaufmann, B. (2023, Juillet 12). Vivre dans une voiture : Les étudiants de l’Université de Californie sont confrontés à une pénurie de logements qui s’aggrave. Calgary Herald.

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https://www2.gnb.ca/content/gnb/en/news/news_release.2022.06.0328.html

Article original en anglais : https://brokenchalk.org/the-legacy-of-colonialismdiscrimination-and-the-high-cost-of-living-areas-of-improvement-for-the-canadianeducation-system/

 

(French) Educational Challenge in French Guiana

Le Système Éducatif de la Guyane : Les Défis Actuels

Écrit par Juliana Campos.

Traduit par Charlotte Codd.

La Guyane, le plus grand territoire français d’Amérique du Sud, est confrontée à des défis sociaux et économiques qui n’ont pas encore été relevés par le gouvernement français, notamment des difficultés dans l’administration du système éducatif guyanais.

La population guyanaise a doublé au cours des 20 dernières années et est aujourd’hui estimée à 301 099 habitants. Récemment, en raison de son statut de département français d’outre-mer, la région a connu une forte augmentation de l’immigration en provenance de pays voisins tels que le Brésil et le Suriname. L’immigration incontrôlée, les infrastructures inadéquates, la pauvreté et les taux de chômage élevés ont considérablement réduit la qualité de vie en Guyane et la région est confrontée à plusieurs défis qui rendent plus difficile l’accès aux services de base tels que les soins de santé et l’éducation.

Les problèmes liés aux inégalités sociales et économiques bénéficieraient grandement d’un plus grand intérêt du gouvernement français pour l’amélioration et le développement de l’éducation en Guyane. Bien que des investissements substantiels aient été réalisés au cours de la dernière décennie, l’argent seul ne suffit pas à garantir l’accès à une éducation de qualité.

Le Système Éducatif Guyanais

En Guyane, l’enseignement est gratuit et obligatoire de 6 à 16 ans. L’enseignement primaire dure cinq ans et, pour cette étape particulière de la vie scolaire, les taux de scolarisation sont plus élevés que jamais dans les grandes villes et s’améliorent lentement dans les zones plus reculées où les ressources sont moins abondantes, comme dans les établissements autochtones. Comme c’est le cas dans d’autres pays en développement, le taux élevé de scolarisation dans l’enseignement primaire est contrasté par des taux d’abandon alarmants dans l’enseignement secondaire.

Ce phénomène s’explique en grande partie par le fait que l’école primaire est généralement moins chère pour les gouvernements et que les enfants de cette tranche d’âge sont plus susceptibles de rester à l’école, car les parents ne peuvent pas encore les laisser sans surveillance à la maison pendant qu’ils travaillent. Dans l’enseignement secondaire, en revanche, de nombreux enfants se voient confier des tâches supplémentaires à la maison ou sur le marché informel en pleine expansion, certains vivent trop loin de l’école et d’autres ne sont tout simplement pas encouragés par les membres de leur famille à poursuivre leurs études.

En outre, il convient de mentionner que, bien que tous les enfants guyanais aient le droit d’aller à l’école gratuitement, les études ne sont pas gratuites. Les coûts supplémentaires liés au transport, aux vêtements, à la nourriture et au matériel scolaire pèsent lourdement sur les familles à faibles revenus et peuvent affecter le taux de fréquentation des élèves.

Pour remédier à ce problème, le gouvernement français et les autorités guyanaises ont mis en place des programmes d’aide financière visant à motiver les étudiants et leurs familles. Les primes sont accordées aux boursiers et concernent 46,4 % des collégiens et lycéens de Guyane. Cependant, il n’existe pas de données de suivi sur l’efficacité de ces mesures.

La Pénurie d’Enseignants et les Inégalités

Un autre problème qui entrave actuellement la qualité de l’enseignement en Guyane, c’est la pénurie d’enseignants qualifiés. Le nombre d’éducateurs diplômés originaires de la région est insuffisant par rapport au nombre d’élèves, ce qui a eu pour effet de surcharger les classes au fur et à mesure que la population guyanaise augmentait.

Cette demande a amené des enseignants de France métropolitaine et des pays limitrophes d’Amérique du Sud à travailler en Guyane, ce qui a posé de nouveaux problèmes car ces professionnels ne connaissent généralement pas les spécificités de la région.

En fait, l’un des plus grands défis auxquels le gouvernement français est confronté lorsqu’il administre l’éducation en Guyane est sa société extrêmement diverse et multiculturelle. Bien que les enseignants aient la liberté d’adapter le matériel aux réalités de leurs élèves, les manuels sont généralement fabriqués en France métropolitaine et les cours sont dispensés en français, la langue officielle.

En effaçant l’histoire, la géographie, les langues et le patrimoine de la Guyane, des manuels et des examens nationaux, les autorités françaises perpétuent l’idée colonialiste selon laquelle l’histoire et la culture de la France métropolitaine sont d’une certaine manière plus pertinente que celles de ses autres territoires. En conséquence, les enfants peuvent trouver les contenus scolaires difficiles à comprendre ou à appréhender et peuvent grandir dans l’ignorance de nombreux héros et personnages historiques de leur région. En outre, cet effacement a un effet direct sur l’estime de soi des élèves et peut les décourager de poursuivre leurs études.

L’adaptation des contenus scolaires par les enseignants locaux ne peut pas s’écarter beaucoup du programme français, car les élèves de Guyane sont également soumis à des examens nationaux standardisés tels que le Brevet, l’examen du premier cycle du secondaire, et le Baccalauréat, l’examen de qualification académique français.

Compte tenu des points mentionnés précédemment, il n’est pas surprenant que les élèves guyanais n’obtiennent pas les mêmes résultats que les élèves de France métropolitaine. Selon GrowThinkTank et l’INSEE (2014), l’année de l’étude en Guyane, seuls 76% des étudiants âgés de 15 à 19 ans étaient scolarisés, que ce soit en tant qu’élèves, étudiants ou apprentis, contre 89% en France métropolitaine. Par ailleurs, plus d’un Guyanais sur deux n’est plus scolarisé à partir de 19 ans, contre 72 % en France métropolitaine au même âge.

Cette différence frappante ne provient certainement pas d’un manque de résilience, d’un manque d’intelligence ou d’une quelconque caractéristique exclusive de la jeunesse guyanaise. Il s’agit simplement d’un produit de l’inégalité et du manque d’opportunités. L’absence d’école ou le décrochage scolaire ont des effets durables sur les jeunes, non seulement pour leur avenir professionnel, mais aussi pour leur développement individuel en tant qu’êtres humains et en tant que citoyens, car l’école est aussi le principal lieu de socialisation des enfants.

Des enfants et un professeur dans une salle de classe / Photo de Mehmet Turgut Kirkgoz via Pexels

L’Éducation des Populations Autochtones et des Autres Minorités

Les peuples autochtones jouent un rôle important dans la société guyanaise, en préservant des connaissances culturelles précieuses, en luttant pour des changements structurels et en exigeant la protection de leurs territoires. L’effacement perpétré par les programmes scolaires français affecte encore plus fortement ces populations, à commencer par le manque de données disponibles à leur sujet. Le Groupe de travail international pour les affaires autochtones (IWGIA) affirme que, selon les estimations, les peuples autochtones représentent environ 4 % de la population guyanaise, soit plus de 12 000 personnes, mais il est impossible d’en être sûr, la Constitution française interdisant la collecte de données de recensement fondées sur la race.

Pendant des décennies, en Guyane, ainsi que dans de nombreuses régions adjacentes, l’éducation n’a existé que sous la forme d’écoles catholiques, des institutions résidentielles où les enfants autochtones étaient internés de force et devaient remplacer leurs traditions et leurs religions par les idéaux catholiques. Leurs langues maternelles étaient également interdites et les enfants apprenaient le français à la place.

Cet exemple illustre la manière dont l’école peut être utilisée comme tactique politique, la France coloniale ayant pris le risque de faire disparaître des connaissances autochtones inestimables afin de conserver son territoire. Aujourd’hui encore, le gouvernement français n’a pas traité directement la perte culturelle de la période de la Guyane en tant que colonie, et l’effacement des minorités autochtones reste un problème très présent, leur histoire, leur culture et leurs langues étant souvent ignorées par le système éducatif français.

Perspectives d’avenir

La Guyane souffre d’inégalités sociales et économiques qui bénéficieraient grandement d’un système éducatif mieux adapté à sa société extrêmement multiculturelle. Le gouvernement français a la responsabilité d’investir dans l’éducation en Guyane en construisant de nouvelles écoles, en préparant et en recrutant des enseignants locaux, ainsi qu’en formant les enseignants étrangers à la diversité de la société guyanaise. Cela permettrait de résoudre en partie le problème des écoles surchargées, tout en stimulant l’économie locale.

En plus de ces mesures, le gouvernement devrait également inclure dans les manuels scolaires et les examens standardisés davantage d’informations sur l’histoire, les cultures, la géographie, le climat et les religions présentes en Guyane, ce qui pourrait rendre l’école plus compréhensible pour les élèves et avoir un effet direct sur les taux d’abandon actuels. Un effort particulier doit être fait pour s’assurer que les peuples autochtones et les autres minorités ont accès à une éducation de qualité qui respecte également leur culture et leur héritage.

Afin d’apporter ces améliorations, il est essentiel que le gouvernement français suive l’évolution de ses investissements, soit en menant ses propres recherches sur le terrain, soit en s’appuyant sur les dirigeants locaux et les organisations non gouvernementales (ONG). Il est particulièrement important de collecter des données sur les taux de scolarisation dans l’enseignement primaire et secondaire, mais aussi de comprendre ce qui peut être fait pour s’assurer que ces enfants reçoivent une éducation de qualité et soient encouragés à terminer leurs études.

Références

IWGIA.https://www.iwgia.org/en/french-guiana/5090-iw-2023-french-guiana.html.

  • Jeudy, L. (2022, Décembre 19). Situations de pauvreté dans les régions françaises d’outre-mer 2018, par degré de pauvreté. Statista. https://www.statista.com/statistics/1230503/povertysituations-french-overseas-regions-degree/.
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  • Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés. Répertoire mondial des minorités et

des peuples autochtones – Guyane. Refworld. 2007. Disponible sur https://www.refworld.org/docid/4954ce0d23.html.

 

Article original en anglais : https://brokenchalk.org/educational-challenges-in-frenchguiana/

 

(French) Educational Challenges in Haiti

Les Défis Éducatifs en République d’Haïti

Écrit par Alexandra Drugescu-Radulescu

Traduit par Charlotte Codd

La situation en Haïti illustre la relation systématique et profondément enracinée entre le colonialisme et le développement d’un État. Haïti est considéré comme l’État le plus pauvre de l’hémisphère occidental, ce qui a un impact considérable sur l’accès à l’éducation. L’absence de développement économique remonte à l’époque coloniale. L’ancienne colonie française s’est libérée de son empire en 1791, devenant ainsi le premier État à obtenir son indépendance d’une puissance coloniale moderne. Néanmoins, la République d’Haïti a été contrainte, après avoir obtenu son indépendance, de payer à l’État français des indemnités de guerre, ce qui a entraîné une dette nationale qui a finalement été payée en 1947i. Étant donné que l’État nouvellement établi se concentrait sur le paiement de son ancien colonisateur, les déséquilibres de pouvoir sont restés vivaces, ce qui l’a empêché de se développer économiquement. Les modèles néocoloniaux sont toujours présents dans la société haïtienne d’aujourd’hui, en particulier le système éducatif créé sur la base du modèle français.

Drapeau d’Haïti. Photo par abdallahh

L’histoire de l’esclavage et de la révolution en Haïti peut expliquer l’absence de mécanismes dans le système éducatif. Une grande partie de la population vit en dessous du seuil de pauvreté (60 %)ii, ce qui empêche de nombreuses familles de financer l’éducation de leurs enfants. De plus, l’État haïtien ne dispose pas des moyens financiers nécessaires pour créer des infrastructures éducatives appropriées, comme l’emploi de personnel et la construction d’institutions. L’absence de ressources a conduit à une privatisation massive du secteur de l’éducation, 85 % des écoles étant privéesiii, financées par des personnalités publiques, des ONG et diverses entreprises. La privatisation entrave encore davantage l’accès à l’éducation, étant donné que la plupart des familles n’ont pas les moyens de payer les frais de scolarité. Dans l’article suivant, je développerai les défis auxquels les enfants sont confrontés en République d’Haïti, en essayant de démêler les causes principales de ces problèmes.

Selon la Constitution haïtienne, l’éducation est gratuite et obligatoire. Le système éducatif est divisé en plusieurs niveauxiv :

  • Primaire (6-12 ans)
  • Secondaire inférieur (12-15 ans)
  • Secondaire (15-18 ans)

La Pauvreté

Les enfants haïtiens. Photo par Alex Proimos

8 août 2012, 01:26 ; Source Flickr ; Auteur Alex Proimos de Sydney, Australie

La situation économique désastreuse d’Haïti entraîne deux problèmes principaux : le gouvernement ne dispose pas de fonds suffisants pour investir dans les infrastructures et une majorité de familles n’a pas les moyens de maintenir leurs enfants à l’école, d’autant plus que la plupart des établissements d’enseignement relèvent de la sphère privée.

Selon la déclaration de la directrice générale de l’UNICEF, Catherine Russell, le mois dernier, la moitié de la population haïtienne a besoin d’une aide humanitaire, dont trois millions d’enfantsv. Cette assistance est nécessaire pour diminuer le taux d’insécurité alimentaire dans le pays, ainsi que pour protéger les catégories vulnérables, dont les enfants, dans les zones contrôlées par les groupes armésvi. Près d’un quart des enfants haïtiens souffrent de malnutritionvii, un facteur qui influence fortement leur capacité à grandir harmonieusement et à terminer leur éducation. Catherine Russell affirme que la situation actuelle d’Haïti est un mélange de troubles politiques, d’effets de catastrophes naturelles et de diverses crises sanitaires, y compris la plus récente épidémie de choléraviii. En raison de l’insécurité alimentaire qui règne dans le pays, l’éducation ne figure pas parmi les priorités, les familles faisant de leur mieux pour aider leurs enfants à survivre.

Le manque d’infrastructures éducatives représente une autre répercussion de la situation économique désastreuse d’Haïti. Haïti est classé 177e sur 186 dans le monde pour les dépenses publiques en matière d’éducationix, et et pour l’instant, le pays n’a pas de plan pour augmenter le budget de l’éducation. Le problème est encore aggravé par diverses catastrophes naturelles, telles que le tremblement de terre de 2010, qui ont détruit l’infrastructure d’un grand nombre d’écoles dans le passé.

Privatisation de l’Éducation et Taux de Scolarisation

Les élèves de l’école «

République du Chili » en Haïti. Photo par One Laptop per Child.

L’éducation en Haïti est essentiellement privée, avec seulement

15 % des écoles financées par l’Étatx.

Cela est surprenant, étant donné que le droit à l’éducation gratuite est inscrit depuis la première constitution haïtienne. Aussi minimes soient-ils, les frais d’inscription représentent un obstacle pour de nombreuses familles qui tentent d’offrir à leurs enfants l’éducation nécessaire. En moyenne, chaque famille paie environ 130 USDxi par an pour maintenir un seul enfant à l’école, une somme qui peut représenter une charge financière étant donné que le revenu national brut par habitant d’Haïti était de 1610 USD en 2022xii. Le taux de fécondité moyen est de près de trois enfants par femmexiii, ce qui réduit encore la capacité des parents à payer les frais d’inscription dans les établissements privés. En outre, le système éducatif dépend des dons de diverses agences, dont les plus importantes sont la Banque mondiale, l’UNICEF, l’UNESCO et la Banque de développement des Caraïbes.

Le gouvernement haïtien a mis en place un système de modulation des frais de scolarité pour les étudiants vivant dans la pauvreté, les fonds étant versés aux écoles par le biais de subventions de l’État. Malheureusement, malgré les grands espoirs d’atteindre tous les enfants des écoles publiques et environ 70 % des enfants des établissements privés, le programme a cessé de financer les élèves de première et de deuxième année en 2015xiv.

Malheureusement, les taux de fréquentation sont relativement faibles, surtout après l’école primaire, un phénomène qui pourrait résulter des frais de scolarité. Selon l’UNESCO, le taux de fréquentation de l’école primaire est de 86%, diminuant de manière significative à 28% pour les écoles secondaires inférieures et à 21% pour les écoles secondaires supérieuresxv. Plus inquiétant encore, le taux d’achèvement de l’école primaire n’est que de 54 % xvi . Ces données se traduisent par un taux d’alphabétisation dangereusement bas, avec seulement 60,7 % de la population capable de lire et d’écrirexvii, ce qui réduit la capacité des gens à trouver un emploi et à échapper au cycle permanent de la pauvreté.

Par conséquent, l’accès à l’éducation est limité par les moyens financiers des familles de la province. Il s’agit là d’un véritable obstacle à la garantie du droit de chaque enfant à une éducation gratuite, comme le prouvent les faibles taux d’achèvement à tous les stades de la scolarité. C’est regrettable, car l’éducation représente l’un des seuls moyens pour le gouvernement d’améliorer le niveau de vie des citoyens en veillant à ce que chaque enfant ait plus de chances d’échapper au cercle vicieux de la pauvreté causé par des centaines d’années de liens et de pratiques coloniaux et néocoloniaux.

 

 

 

 

 

 

 

Impact des Catastrophes Naturelles (Par Exemple, le Tremblement de Terre de 2010)

Un quartier pauvre montre les dégâts causés par un tremblement de terre d’une magnitude de 7 plus sur l’échelle de Richter qui a secoué Port-au-Prince, en Haïti, en 2010. Photo par UN Photo/Logan

Abassi Programme des Nations Unies pour le développement (United Nations Development Programme)

Haïti est géographiquement situé dans une zone sujette aux risques hydrométéorologiques et géophysiques, qui peuvent avoir un impact catastrophique sur les infrastructures de toutes sortes. Cette situation est d’autant plus dangereuse que l’État ne dispose pas des fonds nécessaires pour réparer les dommages causés par les catastrophes naturelles.

L’état des écoles est devenu encore plus précaire après le tremblement de terre de 2010, qui a endommagé ou détruit 82 % des écoles, publiques et privées, dans les régions touchées xviii . Pour mettre les choses en perspective, l’événement a été considéré à l’époque comme la plus importante catastrophe nationale enregistrée dans l’hémisphère occidentalxix, et ses répercussions se font encore sentir aujourd’hui. Haïti a reçu une aide internationale considérable, la communauté internationale ayant fait don de près de 10 milliards de dollars américains pour la reconstructionxx, ainsi qu’un afflux massif d’ONG impliquées dans divers domaines, de l’éducation à la gouvernance équitable.

Un scénario similaire s’est produit en août 2021, lorsqu’un tremblement de terre d’une magnitude de 7,2 a touché environ 340 000 personnes et détruit ou endommagé 1 250 écoles, selon les données de l’UNICEFxxi. Ce qui est encore plus inquiétant, c’est que six mois après la catastrophe, 4 des 5 écoles endommagées n’avaient pas été reconstruitesxxii. Cela a conduit à deux scénarios : soit les enfants sont contraints d’étudier dans des espaces qui mettent en danger leur santé et leur bien-être physique, dans des bâtiments dont l’utilisation n’est pas totalement sûre, soit ils doivent mettre leurs études en suspens jusqu’à la reconstruction de leur établissement d’enseignement. Quel que soit le scénario, les enfants ont été découragés de poursuivre leurs études, plus encore que par les frais de scolarité omniprésents.

Comme nous l’avons vu plus haut, le système éducatif présente des lacunes dans de nombreux domaines, ce qui crée une situation dangereuse pour le développement de nombreux enfants dans cet État des Caraïbes. La réalité d’Haïti est complexe ; le passé colonial du pays a toujours un impact significatif sur le niveau de développement du pays. Il n’existe pas de solution fixe aux problèmes actuels de la société haïtienne, mais la reconnaissance de l’influence du colonialisme représente un premier pas vers la création d’un plan d’action plus ciblé pour Haïti.

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  12. https://education-profiles.org/latin-america-and-the-caribbean/haiti/~financing-for-equity
  13. https://www.statista.com/statistics/1070168/gross-national-income-per-capita-haiti/
  14. https://www.statista.com/statistics/576437/fertility-rate-in-haiti/
  15. https://education-profiles.org/latin-america-and-the-caribbean/haiti/~financing-for-equity
  16. https://data.unicef.org/country/hti/#education
  17. https://data.unicef.org/country/hti/#education
  18. https://countrymeters.info/en/Haiti
  19. https://blogs.iadb.org/educacion/en/aid/
  20. http://www.e-ir.info/2016/03/11/continued-challenges-in-rebuilding-haiti/
  21. http://www.e-ir.info/2016/03/11/continued-challenges-in-rebuilding-haiti/
  22. https://www.unicef.org/press-releases/haiti-six-months-after-earthquake-more-4-out-5-schoolsdestroyed-or-damaged-are-yet
  23. https://www.unicef.org/press-releases/haiti-six-months-after-earthquake-more-4-out-5-schoolsdestroyed-or-damaged-are-yet

 

Article Original en anglais : https://brokenchalk.org/educational-challenges-in-therepublic-of-haiti/

 

 

  1. https://www.npr.org/sections/money/2021/10/05/1042518732/-the-greatest-heist-in-history-how-haitiwas-forced-to-pay-reparations-for-freed
  2. https://www.unicef.org/media/132191/file/2023-HAC-Haiti.pdf
  3. https://www.iiep.unesco.org/en/dropping-out-school-unwelcomed-trend-haiti-13528 iv https://www.scholaro.com/db/countries/Haiti/Education-system
  4. https://www.unicef.org/press-releases/unicef-executive-director-catherine-russells-remarks-ecosocspecial-session-haiti
  5. https://www.unicef.org/press-releases/unicef-executive-director-catherine-russells-remarks-ecosocspecial-session-haiti
  6. https://www.unicef.org/press-releases/unicef-executive-director-catherine-russells-remarks-ecosocspecial-session-haiti
  7. https://www.unicef.org/press-releases/unicef-executive-director-catherine-russells-remarks-ecosocspecial-session-haiti
  8. https://schoolsforhaiti.com/facts-about-haiti/
  9. https://www.iiep.unesco.org/en/dropping-out-school-unwelcomed-trend-haiti-13528 xi https://education-profiles.org/latin-america-and-the-caribbean/haiti/~financing-for-equity xii https://www.statista.com/statistics/1070168/gross-national-income-per-capita-haiti/ xiii https://www.statista.com/statistics/576437/fertility-rate-in-haiti/

xiv https://education-profiles.org/latin-america-and-the-caribbean/haiti/~financing-for-equity xv https://data.unicef.org/country/hti/#education xvi https://data.unicef.org/country/hti/#education xvii https://countrymeters.info/en/Haiti xviii https://blogs.iadb.org/educacion/en/aid/

xix http://www.e-ir.info/2016/03/11/continued-challenges-in-rebuilding-haiti/ xx http://www.e-ir.info/2016/03/11/continued-challenges-in-rebuilding-haiti/

  1. https://www.unicef.org/press-releases/haiti-six-months-after-earthquake-more-4-out-5-schoolsdestroyed-or-damaged-are-yet
  2. https://www.unicef.org/press-releases/haiti-six-months-after-earthquake-more-4-out-5-schoolsdestroyed-or-damaged-are-yet

(French) Educational Challenge in Rwanda

Les Défis Éducatifs au Rwanda: Une Voie Prometteuse

Écrit par Florian Dams

Traduit par Charlotte Codd

Le Rwanda est une république présidentielle qui, dans son état actuel, n’a été formée qu’en 2003 avec sa constitution. Il a été colonisé successivement par l’Allemagne et la Belgique avant de sombrer dans une guerre civile suivie d’un génocide fondé sur des lignes ethniques promues par le divisionnisme ethnique des pays colonisateurs (Rwanda – History, n.d.).

Tout au long de cette histoire d’exploitation, d’oppression et de tensions ethniques, l’éducation, en particulier l’accès et la qualité de l’éducation, a été négligée. Comment cette négligence historique joue-t-elle un rôle dans les obstacles actuels à l’éducation au Rwanda ? Quels sont les groupes spécifiquement affectés par le manque d’accès à l’éducation, et ces lignes suivent-elles peut-être les mêmes lignes ethniques que celles qui ont été associées au génocide de 1994 ? La politique a-t-elle pris des mesures pour améliorer l’accès à l’éducation et celles-ci ont-elles été efficaces ? Ce ne sont là que quelques-unes des questions que l’on se pose couramment lorsqu’on étudie les obstacles à l’éducation.

Le Rwanda a un faible indice de développement humain, se classant 165e sur 191 pays, et un faible PIB par habitant (Rwanda HDI, n.d.). Cela a une influence significative sur le revenu imposable qui est proportionnel aux fonds publics disponibles pour les dépenses d’éducation. En 2021, le Rwanda a consacré 15,2 % de son budget national à l’éducation, ce qui en fait le deuxième secteur le plus dépensier. Sur ce budget, qui a augmenté de manière significative au cours des dernières années, 44% vont à l’enseignement primaire, 32% à l’enseignement secondaire et post-secondaire, et 22% à l’enseignement supérieur (UNICEF, 2020).

Cette part élevée des dépenses d’éducation reflète bien le rôle attribué à l’éducation par le gouvernement rwandais, qui considère le capital humain comme sa plus grande ressource, car il n’est pas doté de ressources naturelles.

En dépit de ces facteurs, l’éducation se heurte encore à des obstacles importants, dont les causes nécessitent des investissements encore plus importants pour être efficacement combattues. Les plus importants d’entre eux sont les suivants :

UNICEF, 2020

L’Écart Entre les Inscriptions à l’École Primaire et à l’École Secondaire

L’éducation rwandaise est structurée comme un système 6-3-3, six années d’école primaire, trois années d’école secondaire inférieure et trois années d’école secondaire supérieure. Alors que 98% des enfants âgés de sept ans et plus étaient au moins inscrits dans l’enseignement primaire, le taux d’abandon est élevé (7%). Le taux de transition vers le niveau secondaire est également assez faible, avec 46% en 2021 (Dufitumukiza, Wanjala, & Khatete, 2021). Bien que le gouvernement suive un plan d’éducation de base obligatoire de 9 ans, tous les enfants en âge d’être scolarisés sont loin d’achever ces neuf années, ce qui est rendu possible par la non-application de la loi en vigueur. Précédemment, le gouvernement concentrait ses ressources sur l’augmentation des taux de scolarisation dans le primaire, ce qui s’est avéré être une réussite, mais il a négligé les taux de scolarisation dans le secondaire. Cet objectif a été modifié dans le cadre de la « Vision 2020 Rwanda », qui mettait davantage l’accent sur l’augmentation des taux de scolarisation dans le secondaire, dont les effets se font encore attendre (Ministère de l’éducation du Rwanda, 2021).

Faible Qualité de l’Enseignement

La qualité de l’enseignement est essentielle pour les résultats d’apprentissage des élèves et donc pour leur vie future en tant que citoyens contribuant à une société prospère. Une étude de 2014 a montré que le remplacement d’un enseignant appartenant aux 5 % de qualité d’enseignement les plus faibles par un enseignant se situant dans la médiane augmente le revenu à vie de 250 000 USD par salle de classe, ce qui est significatif compte tenu du revenu moyen rwandais (Bower, 2019). Au Rwanda, la qualité de l’éducation a été identifiée comme une lacune majeure dans la réalisation des objectifs fixés (UNICEF, n.d.). En 2008, l’anglais est devenu la langue officielle d’enseignement au Rwanda à partir de la troisième année de l’école primaire, remplaçant le français comme principal mode d’enseignement (Eysette, 2022). Pourtant, en 2008, seuls 4 % de la population parlaient l’anglais, chiffre qui a considérablement augmenté pour atteindre 38 % en 2018 grâce à une politique efficace (English Proficiency Index, n.d.). Cependant, un nombre important d’enseignants ne maîtrisent pas ou peu l’anglais, ce qui laisse les élèves mal préparés à un éventuel enseignement secondaire ou supérieur où la maîtrise de l’anglais est considérée comme indispensable. En outre, la formation inadéquate des enseignants et les méthodes d’enseignement désuètes ont été identifiées comme un défi pour l’éducation au Rwanda. Alors que le salaire des enseignants a augmenté ces dernières années, les dépenses consacrées à la formation professionnelle des enseignants ont diminué proportionnellement (UNICEF, 2020).

Ratio Enseignant/ Élèves

Outre les défis mentionnés précédemment, les enseignants sont également surchargés de travail et soumis à des contraintes excessives en raison de la taille des classes. La taille moyenne des classes dans les écoles primaires rwandaises est de 62 élèves par enseignant. Si ce ratio s’améliore dans les écoles secondaires inférieures et supérieures, l’école primaire jette les bases de l’apprentissage futur et a donc désespérément besoin d’un plus grand nombre d’enseignants bien formés. Le gouvernement a pris des mesures pour réduire la taille des classes, notamment en demandant aux enseignants du primaire de travailler deux fois six heures par jour, ce qui, étonnamment, a eu un effet positif à la fois sur les enseignants et les élèves, en réduisant le stress des premiers et en améliorant l’éducation des seconds (ATHANASE, 2015). Cependant, il existe certainement des solutions plus durables ayant un effet plus important sur la qualité de l’éducation qui pourraient être obtenues par l’emploi d’un plus grand nombre d’enseignants.

5 points d’action pour des écoles résilientes au Rwanda. (n.d.). VVOB.

Compétences en TIC

Dans un monde de plus en plus connecté, les compétences en informatique et en TIC sont plus importantes que jamais. Pour s’imposer sur un marché du travail compétitif et stimuler l’économie rwandaise de demain, ces compétences sont impératives, mais pour les développer, l’accès à la technologie est nécessaire. Pourtant, de nombreuses écoles ne disposent pas des infrastructures nécessaires à l’utilisation des technologies, telles que l’électricité ou la connexion à Internet (UNICEF, 2020). En outre, le financement limité des initiatives technologiques et l’inégalité d’accès à la technologie créent une inégalité des chances pour les élèves, en particulier entre les zones urbaines et rurales, où les premiers ont un meilleur accès et les seconds un moins bon (Gahima, 2009). En outre, certains élèves et enseignants peuvent ne pas avoir les compétences numériques nécessaires pour utiliser la technologie de manière efficace. Le gouvernement rwandais a lancé des initiatives visant à améliorer l’accès aux technologies dans les écoles et à former les enseignants à l’utilisation des technologies en classe. Cependant, il reste encore beaucoup à faire pour que tous les élèves rwandais aient un accès égal à la technologie et aux compétences nécessaires pour l’utiliser efficacement.

Inaccessibilité de l’Éducation

Les objectifs de développement durable des Nations unies font de l’éducation accessible et équitable un objectif commun. Au Rwanda, cet objectif est poursuivi, mais il est loin d’être atteint. Bien que l’éducation soit gratuite, de nombreuses familles n’ont pas les moyens de payer les coûts indirects ou les pertes de revenus associés à l’éducation, tels que les dépenses pour les uniformes, les livres, les repas et les fournitures scolaires, ou les pertes de revenus dues au fait que les enfants ne peuvent pas aider dans les fermes de leurs parents, par exemple. Ces obstacles sont amplifiés par certaines pratiques culturelles qui donnent la priorité aux travaux ménagers plutôt qu’à l’éducation, en particulier pour les filles, ce qui peut les empêcher d’aller à l’école, entraînant une inégalité d’accès à l’éducation en fonction du sexe. Comme c’est le cas dans la plupart des pays, il existe un fossé important entre les zones urbaines et les zones rurales en ce qui concerne ces facteurs, l’éducation étant généralement plus accessible dans les zones urbaines que dans les zones rurales et les barrières culturelles à l’éducation étant moins nombreuses.

En outre, les enfants handicapés sont confrontés à d’importants problèmes d’accès à l’éducation. De nombreuses écoles au

Rwanda ne disposent pas des infrastructures nécessaires pour soutenir les élèves handicapés, comme des rampes ou des toilettes

Lancement d’Educate ! au Rwanda. (n.d.).Educate!

accessibles, ce qui entraîne une baisse significative du nombre d’inscriptions de personnes handicapées à l’école primaire (UNICEF, n.d.). En outre, il y a une pénurie d’enseignants formés qui peuvent fournir une éducation spécialisée et un soutien aux élèves handicapés.

Pour relever ces défis, le gouvernement rwandais a, outre la gratuité de l’enseignement primaire et secondaire, construit davantage d’écoles dans les zones rurales et lancé des initiatives visant à améliorer les infrastructures et l’accès à l’éducation dans les zones reculées. En outre, le gouvernement a introduit des politiques visant à promouvoir l’égalité des sexes et l’éducation inclusive, ce qui conduit à l’observation inhabituelle dans les pays à faible revenu que les filles sont maintenant plus nombreuses que les garçons dans l’enseignement primaire et secondaire (Ministère de l’Éducation du Rwanda, 2021).

Société Post-Génocide

En tant que société post-génocide, le Rwanda a adopté une approche unique pour s’assurer que l’histoire ne se répète pas. Au lieu de traiter, d’embrasser et d’apprendre collectivement l’histoire, le Rwanda a adopté une approche consistant à interdire tout débat sur l’histoire et à fournir une version incontestable de l’histoire. Comme les vainqueurs écrivent l’histoire, cette version de l’histoire s’aligne sur le point de vue des Tutsis qui ont pris le pouvoir en 1991 et qui sont encore au pouvoir aujourd’hui. Dans le cadre de cette approche de l’histoire, toute forme d’auto-identification ethnique est interdite et punissable. Ces facteurs font que la pensée critique est absente de l’éducation, en particulier en ce qui concerne l’histoire et la nature politique (Hilker, 2010). Alors que les lignes ethniques ne sont plus la base d’un défi éducatif systématique, le traitement de l’histoire au Rwanda englobe très largement des formes de contrôle intellectuel et de suppression.

 

 

Références

ATHANASE, N. (2015, Novembre). LA GESTION DU SYSTÈME À DOUBLE VACATION DE.

Bower, J. (2019, Janvier ). Récupéré de IGC: https://www.theigc.org/blogs/challenges-and-choicesrwandan-education-system-r3-roundtablediscussion#:~:text=Education%20is%20a%20vital%20part,to%20develop%20a%20reading%20cultur e.

Dufitumukiza, A., Wanjala, G., & Khatete, I. (2021). Interventions de la politique d’éducation de base sur neuf ans et taux d’inscription des élèves dans le secondaire inférieur : Une leçon du Rwanda. Journal of Higher Education Policy and Leadership Studies , 94-112. English Proficiency Index . (n.d.). Récupéré de EF: https://www.ef.com/wwen/epi/regions/africa/rwanda/

Eysette, J. (2022, Juin). Comment le Rwanda est devenu un creuset de langues officielles. Récupéré de Quartz: https://qz.com/africa/2183742/how-rwanda-became-a-melting-pot-of-official-languages

Gahima, E. (2009, Septembre). Le secteur rwandais de l’éducation a besoin de politiques d’innovation numérique pour l’ère post-pandémique. Récupéré de Southernvoice: http://southernvoice.org/therwandan-education-sector-needs-digital-innovation-policies-for-the-post-pandemic-era/

Hilker, L. M. (2010). Le rôle de l’éducation dans la gestion des conflits et la construction de la paix – Le cas du Rwanda.

Rwanda – L’Histoire. (n.d.). Récupéré de African Studies Center:

https://www.africa.upenn.edu/NEH/rwhistory.htm

Rwanda HDI . (n.d.). Récupéré de Countryeconomy: https://countryeconomy.com/hdi/rwanda Ministère de l’Éducation du Rwanda. (2021). Kigali.

UNICEF. (2020). Briefing sur le budget de l’éducation. Kigali.

UNICEF. (n.d.). L’Éducation au Rwanda. Récupéré de https://www.unicef.org/rwanda/education

 

Article original en anglais : https://brokenchalk.org/educational-challenges-in-rwandaa-promising-path/