4 Cadets Qui Ont Perdu La Vie En Voulant Servir Le Pays

Introduction

Depuis le 15 juillet 2016, rien n’est plus pareil en Turquie. Cette date marque la tentative de coup d’État infructueuse contre le président Recep Erdogan et son parlement. Il y a de nombreuses spéculations selon lesquelles le coup d’État a été comploté par le président lui-même, mais le principal groupe de personnes à blâmer sont les partisans du mouvement Gulen. Des milliers de personnes ont été arrêtées et emprisonnées, encore plus ont perdu leur emploi et des centaines sont mortes cette nuit-là.[1] Plus de 400 anciens étudiants de l’Air Force Academy ont été accusés d’avoir participé à la tentative de coup d’État du 15 juillet 2016, et environ 250 d’entre eux sont toujours en prison et risquent la réclusion à perpétuité.[2]

Cet article fournira des informations sur quatre cas de jeunes cadets qui ont perdu la vie à la suite des événements survenus la nuit du coup d’État. Tous les quatre partagent une foi similaire, dont l’esprit peut être saisi dans cet article.

 

L’histoire de Murat Tekin et Ragip Katran – de jeunes vies sous une terrible influence

La nuit du coup d’état, Murat Tekin, 21 ans, qui avait étudié au lycée militaire d’Işıklar à Bursa pendant cinq ans, puis s’était inscrit à l’Air Force Academy à Istanbul l’année dernière, était, avec beaucoup de ses amis, stationné sur le pont du Bosphore d’Istanbul par leurs commandants. Même si les cadets étaient sur le pont cette nuit-là, aucun d’eux ne savait ce qui allait se passer et qu’un coup d’État allait éclater. Les cadets ont été attaqués par une foule en colère sur le pont qui voulait mettre fin au coup d’État et punir les soldats qu’ils pensaient être des putschistes. Deux des cadets ont été tués par des assaillants inconnus, tandis que des dizaines d’autres ont été blessés, ce que des séquences vidéo ont montré plus tard. Murat Tekin a été brutalement assassiné sur le pont du Bosphore, la gorge tranchée et le corps frappé à mort. Ragip Katran était une autre victime cette nuit-là, qui a également été assassinée par erreur, mais pourtant brutalement. Les cadets ont été informés par leurs officiers qu’il y avait huit personnes présentes avec des bombes attachées à elles-mêmes, également appelées terroristes sur le pont, mais il n’y avait rien de tel. Les étudiants, dont Tekin et Katran, allaient porter de l’aide, mais tout à coup, ils se sont retrouvés au milieu du coup d’État. La sœur de Murat, Mehtap, a publié une vidéo des derniers instants de son frère sur Twitter en disant : “Regarde ça, je ne peux pas”, avec la vidéo montrant son frère allongé dans une mare de sang avec des dizaines de personnes maudissant son corps. La vidéo a été retirée par la plateforme en ligne car elle a été juger trop brutale,[3] Ragip Katran a également été victime de cet horrible événement mais son frère ne pense pas qu’Erdogan dise la vérité. De l’avis du frère, il y avait un scénario tracé, que des terroristes essayaient de prendre le pouvoir, mais en réalité, il n’y avait rien de tel. Les cadets ne savaient pas quelle était la situation réelle dans le pays, mais à la fin, ils ont fini par en payer de leur vie. Plus de 250 des cadets sont toujours en prison, au motif qu’ils ont tenté un coup d’État. Donc, à la fin, les civils ont battu les cadets, dans deux des cas ont tués, parce qu’ils pensaient qu’ils protégeaient les intérêts d’Erdogan, d’autre part, Erdogan les a mis en prison parce qu’ils faisaient partie du coup d’État.

 

Histoire de Yusuf Kurt

Yusuf Kurt faisait également partie des événements ce soir-là Pont du Bosphore d’Istanbul. Même s’il n’a pas été tué sur le pont cette nuit-là, il a été condamné à la réclusion à perpétuité en 2016. Le jeune homme a été en prison pendant 4 ans, jusqu’en janvier 2020, date à laquelle il a été libéré en raison de la détérioration de son état de santé. L’ancien cadet de l’armée de l’air souffrait d’un cancer des os et dix mois après sa libération, il est décédé. La mère d’un des co-étudiants de Kurt affirme que les cadets ignoraient qu’un coup d’État était en cours lorsqu’une tentative putschiste s’est déroulée le 15 juillet 2016, lorsque des soldats voyous ont échoué dans leur tentative de prendre le pouvoir après des escarmouches avec des factions pro-gouvernementales.[4]

 

Le dernier ami

Il y a deux semaines, un ancien cadet et ami des personnes mentionnées ci-dessus s’est suicidé, car il ne pouvait plus porter le fardeau. Il a été témoin de tout ce qui s’est passé cette nuit-là, il a été arrêté et libéré, persécuté pendant des années avec des accusations injustes et il ne pouvait plus le supporter. Son frère est également en prison, purgeant sa peine. Et comme sa famille ne peut le voir que 40 minutes par mois derrière les barreaux, le jeune frère ne pouvait plus vivre comme ça et il a décidé de mettre fin à ses jours.

 

Conclusion

Malgré de nombreux recours auprès de la Commission des droits de l’homme de l’ONU et sa décision de libérer momentanément les cadets, Erdogan n’accepte aucun ordre qui ne soit pas donné par lui. Ce ne sont que quatre cas de garçons qui ont perdu leur chance de mener une vie normale, mais la situation dans son ensemble montre comment des milliers de personnes ont perdu leur emploi ou ont été forcées de quitter le pays pour chercher une nouvelle vie.

Au nom de Broken Chalk, je tiens à dire que les personnes qui font souffrir des milliers de personnes doivent faire face à des conséquences juridiques. Nous insistons sur le fait que les tiers, qui sont en dehors de la Turquie, doivent agir immédiatement parce que le premier et le plus important des droits de l’homme est le droit à la liberté. Comme Herbert Hoover l’a dit un jour :”La liberté est la fenêtre ouverte par laquelle se déverse la lumière du soleil de l’esprit humain et de la dignité humaine.” Sans notre liberté, l’âme humaine est perdue.

 

Écrit par : Ivan Evstatiev

Traduit par : Esther Musau Tshimanga

 

Sources:

[1] Reporter, G. S. (2017, July 15). Turkey sacks more than 7,000 civil servants one year on from failed coup. The Guardian. Retrieved May 31, 2022, from https://www.theguardian.com/world/2017/jul/15/turkey-sacks-over-7000-civil-servants-for-alleged-links-to-terror-groups

[2] R.A. (2022, May 17). Ridvan A. on LinkedIn: I am aware LinkedIn is supposed to be used for business inquiries, [LinkedIn post]. LinkedIn. https://www.linkedin.com/feed/update/urn:li:activity:6932233850878087168/

[3] T. (2018, January 14). [VIDEO] Sister releases video of last moments of 21-year-old air force cadet murdered on night of coup attempt | Turkey Purge. Turkeypurge.Com. Retrieved May 31, 2022, from https://turkeypurge.com/video-sister-releases-video-last-moments-21-year-old-air-force-cadet-murdered-night-coup-attempt

[4] S. (2021, January 28). Air force cadet sentenced to life in prison succumbs to bone cancer: report. Stockholm Center for Freedom. Retrieved May 31, 2022, from https://stockholmcf.org/air-force-cadet-sentenced-to-life-in-prison-succumbs-to-bone-cancer-report/

Les Talibans abolissent le droit des femmes en Afghanistan

 

by Leticia Cox

Taliban est devenu un synonyme d’élimination des femmes. Taliban est aussi devenu un autre mot pour évoquer la dégradation des conditions de vie, de la place et du rôle de la femme dans la société, et plus généralement de l’absence d’éducation ou de travail pour les femmes en dehors des tâches ménagères et de la procréation. Les talibans sont synonymes de privation des droits humains fondamentaux des femmes, qui vivent dans la peur, sans qu’aucune forme de dignité ne leur soit reconnue.

La plupart des Afghans, y compris certains talibans, ne sont pas favorables à l’exclusion des femmes et des filles du système éducatif et s’inquiètent sérieusement des conséquences pour l’ensemble du pays. Après l’annonce par les talibans de l’interdiction de l’accès des femmes à l’université, les étudiants ont abandonné leurs examens en signe de protestation contre la décision des talibans, et plusieurs professeurs ont démissionné. Des pays musulmans, tels que la Turquie, l’Arabie saoudite, le Pakistan et le Qatar, ont exprimé leurs inquiétudes face à l’interdiction de l’accès à l’université et ont exhorté les autorités talibanes à revenir sur leur décision. Depuis des décennies, le rôle de la charia est de plus en plus contesté dans le monde entier. La Cour européenne des droits de l’homme de Strasbourg (CEDH) a statué dans plusieurs affaires que la charia était « en conflit avec les principes fondamentaux de la démocratie ». Certaines pratiques traditionnelles entraînent de graves violations des droits de l’Homme, notamment en ce qui concerne les femmes et leur liberté d’éducation.

Les Talibans, connus sous le nom de Talib qui signifie « étudiant », ont cherché à mettre fin au règne des seigneurs de la guerre en Afghanistan par une adhésion plus stricte à la charia. Ils dirigèrent le pays de 1996 à 2001 sous le nom d’Émirat islamique d’Afghanistan, puis de nouveau depuis août 2021. Dès leur arrivée au pouvoir, les Talibans ont aboli le ministère de la femme ; les femmes ont été progressivement retirées du milieu médiatique. Les services de santé qui leur sont offerts sont limités, leurs possibilités d’emploi sont limitées et leur droit à l’éducation leur a été retiré. Au total, ce sont dizaines de milliers de femmes étaient au chômage dans différents secteurs. Toute vie sociale leur est déniée. Les femmes ont désormais besoin d’un tuteur masculin pour parcourir plus de 50 kilomètres ou pour entreprendre des tâches de base telles que pénétrer dans les bâtiments gouvernementaux, consulter un médecin ou prendre un taxi. Elles sont interdites de presque tous les emplois, à l’exception des professions médicales et, depuis mercredi, de l’enseignement. Les femmes ne peuvent plus non plus se rendre dans les parcs publics. L’interdiction faite par les talibans aux femmes et aux jeunes filles de s’instruire a condamné définitivement les Afghanes à un avenir plus sombre et sans perspectives d’avenir.

L’annonce récente des talibans de suspendre immédiatement et jusqu’à nouvel ordre l’accès des femmes aux universités du pays constitue une nouvelle étape dans la violation flagrante de l’égalité des droits de l’homme et de la femme consacrée par le droit international, mais aussi une violation des règles religieuses. Nous nous sommes entretenu avec Ali Unsal, écrivain, enseignant-chercheur et prédicateur expérimenté, docteur en théologie et en jurisprudence islamiques. Il a étudié dans les meilleures écoles de théologie de Turquie et vécut plusieurs années aux États-Unis, où il approfondit ses études et son expérience académique et professionnelle en s’engageant auprès des Américains musulmans et non musulmans par le biais de séminaires, d’ateliers, de conseils, de services communautaires locaux et d’écrits académiques. Il a dirigé l’Institut d’études islamiques et turques (IITS) à Fairfax, en Virginie. Le Dr Unsal organise différents séminaires et des discussions avec des universitaires de différents pays, et il parle couramment l’anglais, le turc, l’arabe, le dialecte indonésien et le tatar.

« Le premier commandement de l’islam est : lisez. L’islam exhorte les hommes et les femmes à rechercher la connaissance. Si le Coran s’adresse aux êtres humains, il conseille aux hommes comme aux femmes d’acquérir des connaissances, de trouver la vérité, de révéler et de développer leur propre potentiel et de devenir des êtres humains parfaits », a affirmé le docteur Ali Unsal, titulaire d’un doctorat en théologie islamique, lors d’une récente interview pour Broken Chalk. Selon le Dr Unsal, le prophète Mahomet lui-même a encouragé l’éducation et l’instruction des filles, qui ont été particulièrement méprisées et sous-estimées au cours de l’Histoire. « Par exemple, dans l’un de ses hadiths, Quiconque élève et discipline deux filles jusqu’à ce qu’elles atteignent l’âge adulte, sera à nos côtés le jour du jugement », explique le Dr Unsal. « Lorsque des femmes sont venues le voir pour lui dire qu’il enseignait constamment aux hommes dans la mosquée et transmettait le message d’Allah, mais que les femmes en étaient privées, il leur a accordé un temps spécial et leur a donné une sorte d’éducation. « Aïcha, l’épouse du prophète Mahomet, est devenue l’une des plus éminentes érudites de son temps. Tout le monde venait apprendre d’elle ce qui lui manquait. Dans l’Histoire de l’islam, les femmes ont occupé une place importante dans la vie scientifique et culturelle. La poursuite de l’éducation dans une structure non officielle dans le monde islamique et l’attachement au maître plutôt qu’à l’école ont permis aux femmes de recevoir plus facilement l’enseignement des savants de leur entourage. Parmi les maîtres de Tâceddin es-Subki, l’un des grands savants islamiques, qui ont écouté et appris des hadiths, 19 femmes sont mentionnées. Suyûtî a appris des hadiths de 33 femmes, İbn-i Hacer de 53 et İbn-i Asâkir de 80 d’entre elles», poursuit le Dr Unsal.

Plusieurs sources médiatiques ont fait état de la présence de forces talibanes devant les universités de Kaboul depuis l’interdiction, empêchant les femmes d’entrer dans les bâtiments tout en permettant aux hommes d’y pénétrer et de terminer leur travail. Le ministre de l’enseignement supérieur, Nida Mohammad Nadim, ancien gouverneur de province, chef de la police et commandant militaire, s’oppose fermement à l’éducation des femmes, estimant qu’elle va à l’encontre des valeurs islamiques et afghanes. Le ministre Nadim a également déclaré aux médias que l’interdiction était nécessaire pour plusieurs raisons : empêcher la mixité dans les universités car les femmes ne respectent pas le code vestimentaire, parce que les étudiantes allaient dans d’autres provinces et vivaient sans leur famille, et parce que l’étude de certains sujets et les cours enseignés violaient les principes de l’islam. Ces raisons ne semblent pas convaincantes pour l’opinion publique mondiale. Le 24 août de l’année dernière, les ministres des affaires étrangères du G7 – réunissant l’Allemagne, le Canada, les États-Unis d’Amérique, la France, l’Italie, le Japon et le Royaume-Uni – ont exhorté les talibans à revenir sur l’interdiction de l’éducation des femmes, avertissant que « la persécution fondée sur le sexe peut constituer un crime contre l’humanité qui fera l’objet de poursuites judiciaires. » (verbatim).

« À mon avis, cela n’a rien à voir avec l’islam », nous a affirmé le Dr Unsal durant notre entretien. « Parce que cela va totalement à l’encontre des traditions pachtounes. Selon les mœurs locales, une femme ne doit rester à la maison, ne faire que la cuisine, ne donner naissance à un enfant et ne pas sortir que si c’est absolument nécessaire. Cela n’a rien à voir avec l’islam. Car la femme du prophète elle-même était une grande femme d’affaires. Les femmes étaient présentes dans tous les domaines de la vie sociale. Au marché, à la mosquée. Le calife Omar a nommé une femme, Sifa, comme inspectrice pour superviser le bazar ».

« À mon avis, il peut y avoir deux raisons à ces mesures restrictives », nous a détaillé le Dr Unsal. « D’une part, ces hommes n’ont aucune expérience de l’État. Ils ne sont pas en mesure d’interpréter correctement la dynamique de la société. Ils ont encore une mentalité tribale. Cela les pousse à mener une politique nocive et nuisible au collectif puisqu’ils peuvent pas englober tous les segments de la société. Le second est une sorte de changement de perspective ou une sorte d’ignorance. Ils interprètent l’Islam en fonction de leur propre culture tribale. Malheureusement, cette interprétation est à la fois contraire à l’universalité de l’Islam et est loin de répondre aux besoins des temps modernes. C’est pourquoi ils agissent avec une interprétation radicale et marginale. »

Dans tout le pays, les talibans ont interdit aux filles d’aller à l’école au-delà de la sixième année, ont empêché les femmes de travailler et leur ont ordonné de porter une burqa ou un vêtement de la tête aux pieds en public. Les femmes ont également été interdites dans les parcs et les gymnases.

« De nombreuses jeunes filles sont traumatisées lorsqu’elles sont détenues. Certaines familles qui ont fait l’objet de reportages ont déclaré que leur fille pleurait constamment et qu’elle ne pouvait pas être réconfortée. Les jeunes et les familles sont inquiets pour leur avenir », affirme le Dr Unsal.

« Nos sœurs et nos hommes ont les mêmes droits ; ils pourront bénéficier de leurs droits. Bien sûr, dans le cadre qui est le nôtre », a déclaré en janvier dernier Zabihullah Mujahid, porte-parole et vice-ministre de l’Information du gouvernement taliban.

Malgré les promesses initiales d’une charia plus modérée et du respect des droits des femmes, les talibans ont mis en œuvre leur interprétation de la loi islamique (charia) depuis qu’ils ont pris le contrôle du pays en août 2021, et des preuves montrant que les talibans violent ce droit fondamental à l’égalité des sexes continuent d’apparaître aux yeux du monde entier.

Husna Jalal a fui l’Afghanistan en août de l’année dernière, après la prise de contrôle de la ville de Kaboul par les talibans. Elle a travaillé pendant quatre ans à Kaboul après avoir obtenu son diplôme universitaire, mais comme de nombreuses femmes afghanes qui travaillent, elle avait prédit que la charia stricte serait mise en œuvre peu après la prise du pays par les talibans.

« Il n’y a aucune justification religieuse ou culturelle à cela », a déclaré Husna Jalal, 26 ans, diplômée en sciences politiques à Kaboul. « C’est déchirant de voir mes sœurs violer leurs droits humains fondamentaux. Je les ai vues défiler dans les rues en réclamant la liberté et l’égalité, et j’ai vu les forces de sécurité talibanes utiliser la violence pour disperser le groupe et les empêcher d’exercer leur liberté d’expression. Les gens du monde entier doivent élever la voix pour mes sœurs ; les talibans nous ont ôté tous nos espoirs. »

Husna Jalal est explicite en ce qui concerne l’aide que peut apporter la communauté internationale :    « Les femmes afghanes sont fatiguées de parler et de partager leurs histoires avec la presse et les organisations étrangères. Elles ont l’impression que personne ne les aidera ou ne peut les aider. » Selon le professeur Jalal, arrêté le 8 janvier dernier par le régime taliban pour avoir critiqué le régime, « l’Union Européenne devrait cesser de financer les activités des talibans. Les enfants des familles talibanes dans les universités étrangères devraient être renvoyés en Afghanistan pour y étudier. Les donateurs internationaux devraient quant à eux identifier et exercer l’influence qu’ils ont sur les talibans, que ce soit par des sanctions diplomatiques, des sanctions économiques, de l’aide, des pressions politiques ou d’autres moyens. Ils devraient s’en servir pour faire pression en faveur d’engagements concrets en matière de droits des femmes, qui soient significatifs pour les femmes et les jeunes filles et mesurables par le biais d’un suivi. »

Toutefois, selon le Dr Unsal, les sanctions des donateurs internationaux risqueraient d’avoir des effets limités : « Les Talibans ont un caractère tenace et rude. Leur argumentaire est le suivant : ‘Ne vous mêlez pas de nos affaires intérieures’. Le mieux serait que les sociétés musulmanes, telles que l’Organisation de la conférence islamique ou l’Organisation de la coopération islamique, ou encore les communautés d’érudits islamiques, agissent en collaboration avec les organisations de défense des droits de l’homme, ce qui permettrait d’obtenir des résultats plus rapides. »

« Par ailleurs, certains pays avec lesquels les talibans, certes non pas ceux du monde occidental mais du monde islamique, peuvent coopérer, peuvent contribuer à apaiser cette tension par l’intermédiaire de leurs universitaires. En outre, certaines universités ou organisations internationales peuvent offrir des possibilités de formation et proposer des conférences, des cours et des diplômes gratuits. », a suggéré le Dr Unsal.

L’éducation est un droit de l’homme internationalement reconnu, essentiel à la croissance économique et à la stabilité de l’Afghanistan. Les Talibans sont tenus, en vertu du droit international et de la Déclaration universelle des droits de l’homme, de respecter pleinement les droits des femmes. L’Afghanistan a ratifié la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes en 2003. Les Talibans héritent des obligations de l’Afghanistan en vertu de cette convention, notamment celle de « poursuivre par tous les moyens appropriés et sans retard une politique tendant à éliminer la discrimination à l’égard des femmes ».

La conclusion du Dr Unsal est claire : « La moitié de la société est composée d’hommes et l’autre moitié de femmes. Les filles ont donc le même droit à l’éducation que les garçons. Les femmes peuvent jouer un rôle essentiel dans tous les domaines de la vie. Dans certains domaines, elles peuvent faire mieux que les hommes. Cette décision du ministère afghan de l’éducation nationale est à la fois une violation des droits de l’Homme et un malheur pour l’Afghanistan ».

 

*La Déclaration universelle des droits de l’homme (DUDH) est un document qui fait date dans l’histoire des droits de l’Homme. Rédigée par des représentants de toutes les régions du monde, issus de milieux juridiques et culturels différents, la Déclaration a été proclamée par l’Assemblée générale des Nations unies à Paris le 10 décembre 1948 (résolution 217 A de l’Assemblée générale) comme l’idéal commun à atteindre par tous les peuples et toutes les nations. Elle énonce, pour la première fois, les droits fondamentaux de l’homme qui doivent être universellement protégés et a été traduite dans plus de 500 langues. La DUDH est largement reconnue comme ayant inspiré et ouvert la voie à l’adoption de plus de soixante-dix traités relatifs aux droits de l’homme, appliqués aujourd’hui de manière permanente aux niveaux mondial et régional (tous contiennent des références à la DUDH dans leur préambule).

 

 

 

 References;

https://en.wikipedia.org/wiki/War_in_Afghanistan_(2001–2021)

https://www.pbs.org/newshour/world/talibans-higher-education-minister-defends-ban-on-women-from-universities

https://www.ohchr.org/en/countries/afghanistan

https://www.pbs.org/newshour/world/afghan-women-weep-over-university-ban-as-taliban-begin-enforcement

https://www.bbc.com/news/world-south-asia-11451718

https://www.theguardian.com/global-development/2022/mar/10/robbed-of-hope-afghan-girls-denied-an-education-struggle-with-depression

https://amp.cnn.com/cnn/2021/12/03/asia/afghanistan-taliban-decree-womens-rights-intl/index.html

https://edition.cnn.com/2022/12/20/asia/taliban-bans-women-university-education-intl/index.html

https://www.right-to-education.org/page/campaign

https://www.unesco.org/en/education/right-education/campaign

https://www.hrw.org/news/2021/09/02/how-international-community-can-protect-afghan-women-and-girls

 

 

Entretien avec Marcel Voorhoeve et la qualification des enseignants refugies pour enseigner aux Pays-Bas.

Par Serena Bassi

Le témoignage de Marcel Voorhoeve un homme inspirant opérant dans le domaine de l’éducation aux Pays-Bas.

 

Après avoir passé une grande majorité de sa vie comme étant professeur de mathématique et physique, et directeur adjoint d’un lycée, Marcel Voorhoeve fonda l’organisation DVDK (Docentvluchteling voor de Klas) ou “ Enseignant réfugié pour la classe”.

En la collaboration avec l’Association Néerlandaise des Professeurs de Mathématiques et le VluchtelingenWerk Nederland (le Conseil néerlandais pour les réfugiés), les bénévoles du DVDK travaillent pour assurer que les enseignants réfugiés puissent exercer leur profession également aux Pays-Bas.

A l’occasion de la journée pour l’éducation 2023, Broken Chalk entreprit une conversation avec Marcel Voorhoeve sur son expérience, de la création de DVDK et les conseils qu’il donnerait aux autres qui voudraient s’impliquer dans la promotion de “l’enseignement des enseignants réfugiés”.

 

Pourriez-vous nous parler de votre parcours ?

 

« Je suis né dans le sud, en Maastricht, je suis âgé de 67 ans en ce moment, J’ai étudié les mathématiques et la physique à l’université d’Utrecht. C’était cinq années d’études et après cela il était possible d’obtenir une licence pour devenir enseignant. Après j’avais commencé à chercher de l’emploi dans le domaine de l’éducation, ce qui n’était pas si simple à cet époque… Finalement j’en ai trouvé un à Utrecht, je suis devenu un enseignant dans une école catholique romaine et j’ai commencé à enseigner la physique ».

 

Après cela, Marcel commença comme étant professeur de Math et au milieu des années 1980, avec le développement des ordinateurs, il commença également à donner des cours d’informatiques. Selon lui, C’était une période assez intéressante pour le système éducatif car des nouvelles idées sur la façon d’enseigner les mathématiques émergeaient.

« À l’université d’Utrecht le département développait des nouvelles idées sur l’enseignement des Mathématiques. Pour plusieurs projets, notre école était une « école d’essai » et c’était très intéressant aussi pour moi car cela m’a permis de me développer en tant un bon enseignant. »

Il ajoute, « Dans de nombreux pays, les mathématiques sont des choses que vous devez apprendre et faire, mais faire est la chose la plus importante… Cette approche n’aide pas tellement dans le développement sa propre pensée, ce qui n’est possible que lorsque vous aurez pu essayer ces choses par vous-mêmes, évidemment avec l’aide d’un bon professeur. »

 

Après avec été enseignant pour la majeure partie de sa vie, les 15 dernières années de sa carrière Marcel était membre du conseil d’administration l’école. Finalement, les dernières quatre années avant de conclure sa carrière, il enseigna à l’université des Sciences Appliquées d’Amsterdam au département de formation des enseignants. Il se retrouva à enseigner les matières de mathématique, en particulier les statistiques, et la didactique des mathématiques à des jeunes étudiant qui voulaient devenir professeur de mathématiques.

 

Comment avez-vous eu l’idée de DVDK ?

 

« J’ai arrêté de travailler il y’a trois ans, vers le début de l’époque du coronavirus, mais j’aimais beaucoup mon travail. Ma partenaire et moi avons commencé à voyager pour le moment… Dans le mois de Janvier, après noël, je pensais à ce que je pourrais faire. Attendre le prochain voyage n’était pas satisfaisant pour moi ».

 

Un jour, Marcel décida d’aller au Plan Einstein, une place développée par la municipalité d’Utrecht et VluchtelingenWerk Nederland, une organisation qui assistait avec la réception et l’intégration dans la ville. En parlant avec un employé, Marcel a été introduit à un refugié Turque qui était professeur de math dans son pays et qui voulait vraiment enseigner de nouveau. Le seul problème était qu’il ne pouvait pas parler néerlandais et ne connaissait rien de l’enseignement de mathématiques and du système scolaire du Pays-Bas.

« Nous sommes ainsi devenu ami, je l’aidais avec la langue et la compréhension du système éducatif. Après il me dit qu’il était membre d’un WhatsApp group de plus de 100 professeur de Mathématique en provenance de Turquie qui quitter le pays car ils avaient des problèmes avec le développement politiques en Turquie, et qu’ils n’étaient plus capable d’enseigner ici ».

Au même moment, Marcel expliquai, le Pays-Bas était affecté avec une grande problématique en carence de professeur de math.

 

Cela crée une situation paradoxale : dans un pays avec moins en moins d’enseignant, il y’a des refugies enseignant compétents qui peuvent être capable d’aider leur communauté d’accueil et en même temps exercer la profession qu’ils aiment et ont choisi.

L’idée de DVDK venu comme ce paradoxe. Avec l’aide de la fondation des professeurs de mathématiques au Pays-Bas et l’organisation VluchtelingenWerk Nederland, Marcel débuta un projet avec pour but d’aider des enseignant étrangers à devenir enseignants au Pays-Bas.

 

« En théorie tous ces refugies de la Turquie sont autorisés d’enseigner dans nos écoles car ils avaient une licence compatible avec le système éducatif néerlandais. Néanmoins, bien évidemment, la langue est problématique, aussi le système éducatif néerlandais et même la manière dont les mathématiques était enseignées au Pays-Bas se différencie énormément de la Turquie, l’Iran ou la Syrie…  L’on entendait beaucoup de ces professeurs de mathématiques, qui n’étaient pas satisfaits des projets existants dans d’autres universités, et nous pensions que nous pourrions réfléchir à une bonne idée pour l’améliorer ».

« Nous avons conçu un plan, qui nous avons envoyé au ministère de l’éducation, sur une manière bonne et structurée d’aider les refugies de l’étranger a commencé dès leur arrivés en Hollande, en les aidant à valorises leurs certifications et licences en Hollande, et les préparant à devenir enseignant d’une manière rapide et durable ».

 

En février 2022, un groupe de 15 enseignants, 13 professeurs de mathématiques et 2 professeurs d’informatique commencèrent un cours à l’Université de Sciences Appliques d’Utrecht, basé sur les idées du DVDK.

(Photo : Deux professeurs d’informatique étant instruit par leur professeur en didactique de la Vrije Universiteit Amsterdam)

 

Comment fonctionne DVDK en pratique ?

Selon DVDK, les formations sur la langue, la didactique et le système scolaire en Hollande ne sont qu’une partie de ce que DVDK fait actuellement, nommée « Periode Two ».

En effet, il a souligné à quel point ces refugies venant aux Pays-Bas ont un besoin urgent d’une phase qui doit précéder ce type de formation.

« Ces réfugiés, lorsqu’ils arrivent en Hollande, devraient connaitre la langue avant qu’ils puissent commencer cette deuxième étape. Nous voulons commencer immédiatement après qu’ils aient reçu leur statut ou même avant qu’ils aient reçu leur statut. Dans les centres d’asile ils ne sont pas autorisé à prendre un cours ou de pratiquer le néerlandais… C’est terrible et démotivant. Évidemment il y’a des cours et des actions organisaient des bénévoles mais pour le moment aucune aide bien élaborer pour des professeurs en asile. Un démarrage rapide aidera ces enseignants refugies à faire des débuts motivant et en développant des choses pour leur nouvel avenir ».

 

« Notre idée, et nous l’appelons la Première Période, est que lorsqu’un enseignant venant de l’étrangers arrive en Hollande, il est nécessaire d’offre quelque chose à cette personne. Nous avons pensé qu’il est très important de le faire dès le début car cela donne la possibilité aux réfugiés de pouvoir être motivés à faire de bonnes choses pour leur propre vie ».

(Photo : En Juin 2022, l’équipe de Hogeschool Utrecht et membres du groupe projet DVDK (Docentvluchteling voor de Klas) ont félicité les participants avec la première partie de leur cours.)

En plus, selon Marcel, il est aussi nécessaire de fournir une orientation sur ce que signifie concrètement l’éducation en Pays-Bas, parce que les réfugiés n’ont que si peu ou pas d’idée de ce que signifie être un enseignant au Pays-Bas.

« Nous pensons aussi qu’il est vraiment important de commencer à pratiquer la langue un peu plus. Nous avons développé une sorte de site internet qui offre des leçons de néerlandais. En plus, les tâches, exercices et le contenu dans ces leçons sont oriente vers la profession, de sorte que le contexte et les travaux sont lies aux métiers d’enseignant. Cette conception motive fortement les refugies. Beaucoup d’enseignant sont vraiment des enseignant par le cœur et leur donner la possibilité d’assister à ces leçons est aussi une manière de leur dire qu’ils sont les bienvenus dans notre pays et dans notre communauté mathématique, et que nous voulons les aider ».

 

Dans ce sens DVDK est la seule organisation dans le pays à avoir développé des idées et matériels dans cette première période.

Enfin, Marcel m’a parlé de la Troisième Periode de la formation. Cette partie finale est à être mise en pratique lorsque les professeurs de mathématiques commencent à avoir leur premier emploi car beaucoup de coaching est encore nécessaire.

« Même lorsque la langue est en peu mieux, et même quand la didactique est bonne, l’enseignant devra se développer lui-même dans le contexte d’une nouvelle école et aura besoin de beaucoup d’aide. En particulier pour la langue, par exemple lors des commentaires sur la rédaction des e-mails et des lettres aux parents ou sur la conception de bonne tâche ou d’un bon test pour les élèves… »

 

Si vous deviez donner des conseils a d’autres personnes dans le domaine de l’éducation, quelles sont les principales difficultés à surmonter et comment le faire ?

« Plusieurs choses…premièrement, les participants doivent passer beaucoup de temps, ce qui est possible que lorsqu’ils croient en cette idée et lorsqu’ils ont un groupe de personnes et des organisations qui croient aussi cette idée. Il est vraiment important d’avoir une bonne coopération. Je peux dire qu’avec les personnes avec qui je suis impliqués dans ce projet maintenant, nous sommes en fait devenus amis. Cela permet de faire face aux hauts et aux bas que le projet rencontre toujours.

Deuxièmement, DVDK a cherché à savoir si la structure du projet s’appliquait également à d’autres matières. Nous avons aussi découvert des professeurs de physique, de chimie, de techniques et d’informatique à cause du manque d’enseignants qui avait aussi besoin d’idée créatives pour recruter des nouveaux enseignants. Ils ont l’intention de se connecter et cela signifie que DVDK va développer et contribuer réellement à fournir un nombre croissant de bons enseignants.

Cela est un exemple de notre politique : impliquer autant d’organisations et de participants avec pour but de mettre à disposition autant d’expertise que possible. Et troisième, il y’a beaucoup d’expertise et de « pouvoir du peuple » disponibles. Expertise en didactique des langues (CLIL), dans didactiques des mathématiques spécialement pour les enseignants, dans le coaching des enseignants étrangers, etc. DVDK est heureux de la contribution des universités et spécialement celle de la Hogeschool Utrecht qui a forme notre premier group. Et maintenant nous attendons sur notre Ministère de l’Éducation. Nos efforts se sont traduits par l’engagement de notre nouveau ministre envers une approche structure et les besoins financiers. Notre travail bénévole va continuer ! »

(Photo : Un groupe de 15 enseignant-refugies qui ont commencé leur formation Hogeschool Utrecht en février 2022)

Traduction par Esther Tshimanga https://brokenchalk.org/interview-with-marcel-voorhoeve-and-the-qualification-for-refugee-teachers-to-teach-in-the-netherlands/

Mustafa Simsekler et l’Académie des Petits Ingénieurs (Little Engineers Academy)

Un entretien avec un jeune homme turque très inspirant concernant son implication dans le secteur de l’éducation.

Nous sommes dans un centre culturel dans la ville d’Utrech, Pays-Bas.

Mustafa Simsekler est entouré d’environ vingt enfants âgés entre trois et dix ans et de leurs parents. En juste une heure, dans le cadre de son atelier pédagogique robotique, son objectif est de leur apprendre comment construire le « modèle de la voiture la plus rapide ».

Au milieu d’une pile de batteries, de moteurs and de cartes colorées, il est facile de percevoir les sourires sur le visage de ces enfants et de leurs parents, qui ont l’air de s’amuser comme leurs enfants.

L’Organisation de Mustafa s’appelle « l’Académie des Petits Ingénieurs »« Little Engineers Academy ». Elle regroupe des ateliers robotiques durant lesquels les enfants peuvent non seulement développer des atouts manuels et productifs, mais plus particulièrement leur habilité d’être des résolveurs de problèmes.

J’ai discuté avec Mustafa pour mieux connaitre son histoire et le fonctionnement de son organisation. Ce qui suit relaie l’interview :

 

Peux-tu me parler de ta carrière ?

« J’ai une licence en Ingénierie électrique et électronique d’Italie et j’ai fait une autre licence en droit en Turquie. J’ai aussi fait un master en Robotique et développement du cerveau des enfants.

Ensuite j’ai travaillé pour la compagnie aérienne Boeing aux Etats-Unis, dans trois différents endroits : Los Angeles, Boston et Seattle. Après, j’ai travaillé au Chili et mon dernier emploi était en France. Je travaillais pour l’OTAN dans le secteur des recherches. Et puis je suis retourné en Turquie où j’ai également travaillé pour la compagnie aérienne turque. »

 

Que s’est-il passé quand vous étiez en Turquie ?

« En 2016,ils m’ont licencié parce qu’on ne faisait pas ce que le gouvernement nous demandais et j’étais contre la possible guerre entre la Turquie et la Syrie, le gouvernement n’a pas apprécié. Donc, j’ai perdu mon travail. Le gouvernement commençais à nous qualifier de terroristes, mes frères sont allés en prison, ils ont tous perdu leurs emplois et un d’eux a été banni de l’université. Mon père est décédé car il ne pouvait pas supporter la situation. C’était difficile pour nous et à ce moment-là il y avait beaucoup de pression de la part du gouvernement… C’est à ce moment-là que j’ai trouvé cette compagnie, « l’Académie des Petits Ingénieurs » –  « Little Engineers Academy », il y a 7 ans.

Avec mes collègues on a tracké le travail de l’académie qui était disponible pour tout ce qui est en rapport avec le développement du cerveau des enfants et cette compagnie est devenue très connue en Turquie. Nous basons nos formations sur « les jeux ». En effet, les enfants aussi ont un travail qui consiste à résoudre un jeu. Dans ces formations on propose seulement des jeux aux enfants sans ordinateurs, sans téléphones ou tout autre sorte d’écrans car ils sont dangereux pour l’enfance. »

 

Little Engineers Academy

Je comprends que c’était difficile, pourquoi avez-vous quitté la Turquie ?

« J’ai fondé cette compagnie en Turquie, où elle est devenue très connue qu’on avait à peu près 20 employés. Cependant, après un certain temps le gouvernement turc commençait à nous demander des consultations, ils m’ont donné un jugement de 6 ans, ils me considéraient comme étant un terroriste.

Donc, un jour j’ai décidé de partir, j’ai commencé à nager de la Turquie à 12 et j’étais en Grèce à 6. Ensuite je suis allé en Italie, car j’avais sur moi une carte d’identité datant de la période de mes études, et enfin je suis venu aux Pays-Bas, en 2021, cela fait 15 mois que j’y suis.

Je suis venu en tant que réfugié et j’étais dans un camps, et à ce moment-là c’était bizarre pour moi de passer mon temps à dormir dans un lit donc j’ai commencé à donner des leçons aux enfants dans le camp. J’ai commencé à faire des volontariats et à ce moment j’avais aussi un contact avec Madame le maire Sharon Dijksma d’Utrech qui m’a beaucoup aidé à trouver des subventions. J’ai commencé à donner des leçons partout aux Pays-Bas et maintenant je donne des cours à 14 classes dans différents coins du pays. Même si d’autres compagnies d’hautes technologie m’ont fait des offres avec un salaire plus élevé, je suis très heureux avec mon travail, je veux faire quelque chose avec les enfants c’est pour cela j’ai choisi cette voix. C’était aussi une façon de dire merci à ce pays ».

 

Dis-moi plus à propos de ton atelier, comment ça marche ?

« En général, toutes les compagnies robotiques utilisent des matériaux déjà prêt et résolu des programmes qui sont aussi prêt et sont toutes dépendantes des écrans et qui sont dangereux pour les enfants en bas âge. Notre objectif est de donné aux enfants seulement le moteur et les batteries, et tout autres matériaux qui viennent de la nature et qu’on peut trouver partout. Par exemple, on est entrain de faire des robots à partir de racines, pierres, châtaigne… Les enfants peuvent faire de la robotique à partir de tout, ils n’ont pas besoin d’autres matériaux. Et nous aussi entrain de faire quelque chose qu’ils vont vraiment utiliser chez eux à la maison, dans les avions, et lampes de chambre…

Actuellement, nous avons entrainé 1000 enfants aux Pays-Bas et plus de 6000 enfants dans le monde entier. Ce programme éducatif est aussi en marche aux Etats-Unis, au Royaume-Unis, aux Pays-Bas et en Turquie.

Notre objectif est de leur apprendre à résoudre des problèmes, non pas du codage ou de la programmation. Les gens pensent que le codage et la programmation sont un but, mais ce n’est pas ainsi, c’est le développement du cerveau, les aidant à développer une agilité de résoudre des problèmes. Ceci est dû au fait qu’on ne connait pas les soucis et les technologies qui vont voir le jour dans le futur auxquels ils vont faire face mais nous savons qu’ils vont avoir des problèmes dans leur vie… Si tu es un bon résolveur de problème dans ta vie, dans toute sorte d’occasion, de stress ou bien critiqué par les autres, tu vas avoir l’agilité de prendre la meilleure décision ».

 

Little Engineers Academy

C’est indéniable que Mustafa a dû surmonter des difficultés dans la vie et poursuivre une passion qu’il a commencé en Turquie, à travers les Pays-Bas. C’est admirable qu’il se soit battu pour son rêve d’éducation and persévérer avec durant une période difficile dans sa vie. C’est un exemple qui fait chaud au cœur d’un vrai dévouement à l’éducation et la passion de Mustafa pour les générations futurs.

 

By Serena Lucia Bassi

Translated from https://brokenchalk.org/mustafa-simsekler-and-the-little-engineers-academy/

COMMUNIQUÉ DE PRESSE : JOURNÉE INTERNATIONALE DU DROIT DES FEMMES 2023

8 Mars 2023

Bonne journée dédiée aux Droits des femmes ! Une journée dédiée à la célébration et la commémoration de toutes les progrès scientifiques, techniques et littéraires accomplis par les femmes partout dans le monde, mais également aux défis qu’il reste à surmonter pour que l’égalité entre les hommes et les femmes deviennent enfin une réalité concrète. Cette année est consacrée tout particulièrement au thème des Femmes dans l’Éducation, la Technologie et l’Innovation, pour lequel toute l’équipe féminine de Broken Chalk y a consacré une vidéo : célébrer les réussites de toutes les enseignantes, pédagogues, chercheuses et médecins de par leur engagement tout autour du globe, mais aussi pointer les multiples problèmes auxquelles encore de nombreuses femmes sont confrontées dans ce domaine de la recherche et l’innovation et proposer des solutions.

L’égalité entre les sexes est le traitement équitable des hommes et des femmes et cela doit être notre objectif à toutes et tous. Cette objectif nous engage. Les femmes ont pu, grâce à un combat ô combien difficile mais jamais sans relâche, obtenir le droit de poursuivre une carrière professionnelle. Pour continuer ce combat et enfin assurer l’égalité de traitement des deux sexes, tous les efforts possibles doivent être mis en œuvre pour aider et assister toutes les femmes partout dans le monde dans leur lutte contre tous les comportements sexistes, les clichés et les stéréotypes misogynes auxquelles elles peuvent faire face tout au long de leur vie.

Le lien de notre vidéo :

https://www.youtube.com/watch?v=y-dXbmtxh9

 

L’article 28 de la Convention des Droits de l’Enfant reconnaît l’égalité d’accès à l’éducation gratuite et obligatoire sans distinction de sexe ou d’appartenance ethnique. Malgré le fait que le nombre de filles sur les bancs de l’école n’ait jamais été aussi important dans notre Histoire, c’est quelque 129 millions de filles qui sont encore aujourd’hui privées de ce droit fondamental d’aller à l’école. Les stéréotypes et réflexes patriarcaux continuent encore de nos jours à entraver la scolarité des filles ainsi que des pratiques comme le mariage forcé de jeunes adolescentes, la grossesse précoce, la pauvreté et les violences domestiques et sexuelles. Bien que l’éducation des garçons comme celle des filles contribue au développement social et à la prospérité des Nations, nombre de familles priorise excessivement l’éducation de leurs fils.

L’éducation des filles commence bien avant le début de la scolarité :  il est d’une impérieuse nécessité d’assurer un environnement sain et sûr pour permettre aux filles d’acquérir les savoirs fondamentaux et les compétences nécessaires à leur réussite dans leurs parcours professionnels. Malgré cela, un nombre trop important d’écoles où la sûreté des élèves  et l’hygiène de base persiste, constituant ainsi une entrave au bon développement des élèves et une barrière critique à l’égalité entre les Hommes et les femmes.

 

Notre équipe est toute entière mobilisée sur le sujet des défis éducatifs que rencontrent hélas trop souvent de femmes dans leurs pays en analysant chaque situation et en proposant des solutions. Dans ce que l’on appelle les pays du Nord, l’éducation des femmes n’est certes pas – ou plus – conditionnée à leur genre, mais les stéréotypes misogynes malveillants continuent trop souvent à reléguer les femmes dans les humanités et faisant des disciplines scientifiques un milieu exclusivement réservé aux hommes. Dans des pays comme l’Italie, les injustices et les discriminations dans l’accès au marché du travail restent encore très fortes. Les étudiantes turques restent confrontées à des fouilles corporelles de la part d’officiers de police. En ce qui concerne des pays dit du Sud, et en particulier en Afrique, la pauvreté constitue le défi majeur face à l’éducation des filles. Dans le cas du Kenya, la scolarité des filles est hachée et de fait incomplète et lacunaire due à des situations de crise alimentaire ou de sècheresses intenses. L’abandon de la scolarité est également liée à des grossesses précoces, souvent non désirées par des adolescentes jeunes, et des mariages forcés. En Ouganda et au Mozambique, ce phénomène est persistant : la société toute entière doit être sensibilisée et mobilisée à ce sujet. Dans des pays d’Asie du Sud-Est comme l’Indonésie, le mariage forcé des jeunes filles est toujours un motif d’abandon de l’école et ces dernières sont encouragées à se concentrer plutôt sur les tâches domestiques et l’éducation des enfants. Le gouvernement indonésien est mobilisé sur le sujet et continue à mettre en place des politiques en faveur de l’éducation des filles, mais ce qui doit être fait est avant tout la sensibilisation de la population. Investir dans l’éducation des filles, c’est investir dans le progrès social et lutter contre la pauvreté.

Comme toujours, c’est la mission de Broken Chalk que d’insister encore et toujours sur l’importance cruciale que revêt l’éducation des filles. Se battre pour l’égalité des hommes et des femmes dans l’éducation, c’est prolonger notre lutte en faveur des Droits de l’Homme. Cette année, Broken Chalk va se concentrer tout particulièrement sur l’accès équitable à l’éducation, continuera de promouvoir les réalisations professionnelles des femmes à travers notre monde. Parce que le Droit des femmes est intimement liée aux Droits de l’Homme, nous continuerons de soutenir tous les efforts entrepris pour l’égalité des sexes dans tous les domaines. L’égalité des Hommes et des Femmes, c’est tendre vers le progrès social et le bien-être. L’égalité des Hommes et des Femmes, c’est améliorer les opportunités professionnelles pour toutes et tous. L’égalité des Hommes et des Femmes, c’est permettre à chacune et chacun d’entre nous de poursuivre ses rêves.

L’équité mène à l’égalité.

 

Bonne journée du Droit des Femmes !

 

L’équipe de Broken Chalk

 

Translated  by Camille Boblet–Ledoyen from https://brokenchalk.org/press-release-international-womens-day-2023/

 Communique_Journee_Internationale_Droits_Femmes

Communiqué de presse : Journée internationale de l’éducation 2023

Ce 24 janvier, Broken Chalk vous invite à vous joindre à nous pour célébrer la Journée internationale de l’éducation.

 

En ce jour, nous reconnaissons les réalisations de cette année en matière de politique d’éducation, tout en considérant simultanément les défis continus présentés par la pandémie de COVID-19, l’augmentation mondiale des conflits armés, les limitations accrues de la liberté d’expression, et le ralentissement économique mondial, qui a contribué à un financement limité de l’éducation, à la baisse des normes éducatives et à la diminution des taux d’inscription. Plus que tout, nous, à Broken Chalk, espérons amener la communauté mondiale des ONG à redoubler notre engagement collectif envers l’éducation.

 

Concentrons-nous d’abord sur la façon dont Broken Chalk a contribué positivement à la réalisation de l’éducation en tant que droit humain en 2022. Cette année, Broken Chalk a mené d’importantes recherches sur les défis éducatifs auxquels sont confrontés plus de 25 pays, notamment les dimensions du financement, les inscriptions, la race, l’ethnicité, la répartition socio-économique, l’égalité des sexes, l’accessibilité pour les étudiants handicapés, les taux d’emploi des diplômés et l’accès à la formation professionnelle pour les jeunes adultes. Ces rapports sur les défis éducatifs, publiés sur notre site web et sur les plateformes de médias sociaux, ont permis de sensibiliser le public aux problèmes académiques les plus urgents ou aux initiatives éducatives les plus positives de certains pays.

 

En outre, Broken Chalk a lancé une nouvelle série de rapports résumant et analysant le paquet d’élargissement 2021 de l’Union européenne pour les Balkans occidentaux et la Turquie. Plus précisément, cette série a produit sept rapports, un pour chaque pays dont l’adhésion est envisagée, notant les domaines dans lesquels l’UE a recommandé des réformes fondamentales. Chaque rapport a examiné la politique éducative du pays concerné, le respect des droits de l’enfant, l’égalité socio-économique et l’accès aux services publics en fonction des paramètres et des évaluations du paquet élargissement de l’UE. En conséquence, les rapports ont suscité une réflexion critique sur l’impact des réformes proposées par l’UE sur l’éducation.

 

Enfin, Broken Chalk a participé à l’Universal Periodic Review des Nations unies, comme nous le faisons depuis notre création en 2020. L’EPU est un processus unique par lequel les États examinent les politiques et les dossiers des autres États en matière de droits de l’homme dans le cadre d’un dialogue d’examen et de réforme entre pairs. Pour faciliter ce dialogue, les ONG, les institutions nationales des droits de l’homme et les organisations de la société civile sont invitées à soumettre des déclarations et des rapports sur les politiques et les résultats en matière de droits de l’homme du pays concerné. Cette année, Broken Chalk a complété les soumissions à l’EPU pour 30 pays. Ces soumissions sont essentielles à l’exercice de l’EPU car certains commentaires et recommandations d’amélioration sélectionnés sont envoyés directement à l’assemblée de discussion. Cette année, de nombreuses recommandations de Broken Chalk ont été acceptées par l’EPU, ce qui signifie que Broken Chalk génère des discussions significatives au sein de la communauté des droits de l’homme et contribuer de manière tangible à des réformes matérielles importantes dans les pays où les violations des droits de l’homme sont monnaie courante.

 

Maintenant, considérez comment Broken Chalk prévoit d’étendre son travail en cours avec des recherches, des rapports et des actions de sensibilisation. Nous continuerons nos rapports sur les défis éducatifs, en espérant qu’ils s’étendront à de nouvelles régions du monde. Des rapports sont prévus pour 35 pays supplémentaires, en tenant compte à nouveau des défis auxquels l’État, sa bureaucratie éducative, les écoles et les élèves sont confrontés. Nous participerons à nouveau à l’EPU de 2023, avec des plans pour soumettre des rapports pour 39 autres pays. Au-delà de cela, nous avons également prévu de nouvelles initiatives pour faire progresser l’éducation en tant que droit de l’homme en 2023. Nous espérons commencer de nouveaux projets, notamment de nouvelles séries de rapports et des projets proactifs avec des partenaires locaux et mondiaux sur le terrain.

 

En cette Journée internationale de l’éducation, alors que la nouvelle année vient de commencer, Broken Chalk reste concentré sur les problèmes les plus graves auxquels sont confrontés les établissements d’enseignement et les étudiants aujourd’hui. Collectivement, la société civile mondiale et les ONG doivent coopérer pour transformer l’avenir de l’éducation. Nous espérons susciter un dialogue sur le renforcement de la qualité de l’éducation accessible à tous, sur la transformation numérique des ressources éducatives, sur le soutien aux enseignants et sur la garantie d’une plateforme sûre et durable pour les voix des étudiants. En cette Journée internationale de l’éducation, réfléchissez à la manière dont vous pouvez contribuer à ces objectifs en tant qu’individu et membre de la communauté mondiale des droits de l’homme. L’éducation est à la fois un droit humain et une clé du développement durable, de l’harmonie politique et de la cohésion sociale. Bonne journée internationale de l’éducation !

 

Signé par

Broken Chalk

 

English Version : https://brokenchalk.org/press-release-international-day-of-education-2023/

PRINCIPAUX DÉFIS DE L’ENSEIGNEMENT PRIMAIRE ET SECONDAIRE EN RUSSIE

La Fédération de Russie elle-même est un État relativement récent. Elle a été créée il y a 30 ans, après la dissolution de l’Union soviétique. La Russie a un contexte historique, social et culturel unique, avec un mélange d’impérialisme, d’influence soviétique et de 30 ans d’histoire moderne. Toutes ces différentes périodes ont eu un impact sur le système éducatif. Il y a eu de nombreuses tentatives de réforme du système éducatif après la dissolution de l’Union soviétique. Parmi les plus importantes, on peut citer les innovations de la loi fédérale de 1992 “sur l’éducation”, notamment la possibilité d’avoir des écoles privées, de nouveaux manuels scolaires et l’autonomie financière des écoles (Dashchinskaya, 1997) ; la signature en 2003 de la déclaration de Bologne, qui marque le début d’un espace éducatif européen unifié dans certains établissements russes ; et l’introduction de tests standardisés nationaux, obligatoires depuis 2009 (Tsyrlina-Spady, 2016).

Selon un expert en éducation, des changements fondamentaux sont apparus avec les réformes de 2009-2010 et l’émission d’une nouvelle loi directive (On Education in the Russian Federation, 2012). Les réformes cruciales comprenaient le financement des écoles par élève, de nouveaux tests standardisés pour les diplômés des écoles et les étudiants de première année de collège, la priorisation de la proximité de l’école dans le processus d’admission, la création et la durabilité d’environnements scolaires sûrs, la promotion de l’éducation inclusive, et la fermeture progressive des établissements d’enseignement spécialisés.

Photo by Oleksandr P: https://www.pexels.com/photo/boy-looking-on-a-tidied-desk-2781814/ 

Des changements aussi réussis que l’investissement constant dans l’éducation, la création d’un système d’évaluation national et l’inclusion des scores obtenus comme principaux indicateurs pour l’admission à l’université (offrant un accès égal aux universités pour tous les adolescents, y compris les familles à faible revenu et les personnes provenant de régions éloignées), la couverture presque universelle de l’éducation préscolaire et le financement par habitant. Ces changements ont permis aux étudiants russes de dépasser les résultats de l’étude TIMSS (Trends in International Mathematics and Science Study) pour 2019, qui, lors de sa publication, montrait la Russie en tête du classement après les économies d’Asie de l’Est (Shmis, 2021). Néanmoins, l’objectif de cet article est de faire la lumière sur certains des problèmes les plus urgents au sein du secteur éducatif russe.

Les défis de l’éducation inclusive

Plusieurs types de défis entravent la réalisation de l’éducation inclusive. Tout d’abord, il n’y a pas assez de spécialistes qui possèdent les compétences et l’expertise nécessaires pour travailler avec des enfants ayant des besoins spéciaux. Une étude menée dans la région fédérale de l’Oural a mis en évidence qu’environ 60% des personnes interrogées ont noté l’absence de personnel hautement spécialisé (psychologues, pédagogues sociaux, tuteurs, etc.), en particulier dans les écoles des petites villes et des zones rurales (Grunt, 2019). Deuxièmement, il n’y a pas assez de matériel. Bien que la plupart des écoles inclusives disposent aujourd’hui d’ascenseurs, de rampes, de portes élargies, de panneaux en braille et d’un accompagnement sonore, il y a un manque de matériel éducatif et méthodologique pour enseigner aux enfants ayant des besoins spéciaux (Mironova, Smolina, Novgorodtseva 2019). Troisièmement, la bureaucratie autour de l’éducation est particulièrement pesante en ce qui concerne l’éducation inclusive. La répartition du pouvoir et des responsabilités entre les enseignants, les tuteurs, les psychologues ou les travailleurs sociaux peut constituer un obstacle à la conclusion d’accords. Enfin, il existe un énorme fossé en matière de communication, de collaboration et d’interaction adéquate entre les enseignants et les parents, entre les enfants avec et sans besoins de santé particuliers. Les conflits de valeurs deviennent apparents lorsque les classes sont mélangées avec des enfants handicapés et. Malheureusement, les acteurs impliqués dans les activités éducatives ne sont pas toujours disposés à comprendre les changements survenus au cours des dernières années.

Un déclin du prestige des collèges professionnels et techniques

La tendance généralisée à l’obtention d’un diplôme d’enseignement supérieur est sans aucun doute bénéfique pour la société ; cependant, toute médaille a deux faces. Dans le cas de la Fédération de Russie, cette tendance a entraîné une sursaturation du marché du travail en spécialistes ayant suivi un enseignement supérieur. Cela a, à son tour, diminué le prestige des collèges professionnels et techniques et a entraîné un manque de spécialistes techniques ou de travailleurs ayant une formation professionnelle secondaire (Ivanova, 2016). La Russie a l’un des taux d’accès à l’enseignement supérieur les plus élevés parmi les membres de l’OCDE, comme l’illustre le graphique 1 ci-dessous (OCDE, 2019). Malgré la baisse des niveaux de prestige des études professionnelles, les programmes professionnels restent relativement plus répandus que dans les autres pays de l’OCDE.

Ressource : OCDE. (2019). Regards sur l’éducation 2019 : note par pays. OCDE.

Augmentation des investissements résultant des nouveaux défis du système éducatif.

Pour accroître la qualité de l’éducation russe, de nouveaux investissements sont nécessaires. La Russie offre une grande infrastructure numérique, de sorte que la numérisation et la création de plateformes éducatives adaptées ne sont qu’une question d’investissements supplémentaires et d’efforts de collaboration. Il est crucial de s’adapter à l’évolution des modalités d’enseignement, comme les régimes hybrides et en ligne, pendant la pandémie de COVID-19. L’introduction de méthodes d’enseignement et d’apprentissage uniques augmentera la motivation et l’engagement des étudiants dans le processus.

Enseigner le développement de compétences dans la vie réelle

Après la participation des élèves russes à l’évaluation PISA des compétences en matière de résolution collaborative de problèmes (2015), l’écart négatif le plus important a été constaté entre les résultats en mathématiques, en sciences et en lecture (tests fondamentaux de PISA) et la capacité des élèves à résoudre des problèmes de manière collaborative (Shmis, 2021). Comme il s’agit de l’une des compétences modernes vitales, de nouvelles réformes devraient être adaptées pour introduire de nouveaux aspects du travail collaboratif dans les écoles et en faire un centre d’obtention de nouvelles connaissances et de maîtrise des compétences nécessaires au monde moderne.

By Elizaveta Rusakova

Translated by Serena Bassi https://brokenchalk.org/main-challenges-of-primary-and-secondary-education-in-russia/

Références :

Communiqué de presse : JOURNÉE DES DROITS HUMAINS 2022

10 décembre 2022

Communiqué de presse : JOURNÉE DES DROITS HUMAINS 2022

“Faciliter le droit à l’éducation contribuera à faciliter d’autres droits humains”

Ce 10 décembre, Broken Chalk souhaite non seulement célébrer le 74ème anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l’homme, mais aussi réfléchir aux nombreux défis et succès auxquels la communauté des droits de l’homme a été confrontée cette année. Comme toujours, la mission de Broken Chalk est aujourd’hui de faire connaître l’importance de l’éducation dans l’actualisation des droits de l’homme. Malgré la multiplicité des avancées en matière de droits de l’homme dans le monde, la pauvreté, la violence systématique et institutionnelle, la discrimination et la corruption continuent d’empêcher les enfants et les jeunes adultes de réaliser pleinement leur droit à l’éducation. En ce début d’année 2023, il convient de réfléchir aux politiques que les nations et la communauté internationale devraient adopter pour favoriser une éducation de qualité accessible à tous.

En 2022, l’un des plus grands obstacles empêchant cette éducation reste le financement. Les établissements d’enseignement du monde entier continuent de manquer d’infrastructures sûres, d’eau potable, de fournitures suffisantes, de livres et d’autres matériels pédagogiques. Les éducateurs reçoivent rarement un salaire décent alors qu’ils effectuent l’un des travaux les plus essentiels d’une société. Cette crise du financement s’aggrave à mesure que l’inflation mondiale augmente. Lorsque l’économie décline, les gouvernements resserrent les budgets de l’éducation, ce qui réduit encore la qualité de l’enseignement dispensé. Dans le même temps, les familles ont besoin de plus de revenus, ce qui fait que davantage d’enfants abandonnent l’école pour travailler. Ces deux faits se renforcent mutuellement ; si la qualité de l’éducation reçue par un enfant diminue, les familles qui effectuent une analyse coûts-avantages sont plus susceptibles de privilégier le travail à l’école, car le travail présente une valeur plus immédiate. Cela peut avoir des effets durables ; une main-d’œuvre non éduquée peut faire baisser les salaires pour tous, ce qui creuse les inégalités de revenus et exacerbe la pauvreté. Pour éviter ce cercle vicieux, nous devons rappeler à nos décideurs politiques – nationaux et internationaux – que l’éducation est un droit humain essentiel auquel il faut allouer des fonds suffisants.

Un autre problème auquel se heurte l’accessibilité et la qualité de l’éducation est la prévalence croissante des conflits internes. En raison des pratiques injustes d’application de la loi utilisées par le gouvernement actuel en Turquie, des enseignants ont été exposés à la torture, emprisonnés et ont perdu la vie. Entre la violence en Iran, les coups d’État répétés au Burkina Faso, l’invasion de l’Ukraine, la cristallisation du pouvoir des talibans en Afghanistan et les conflits en cours en Éthiopie, en Syrie, au Yémen, au Myanmar et dans bien d’autres pays, 2022 n’a pas mis fin à bon nombre des conflits les plus aigus du monde. Dans les zones de conflit, la réalisation du droit à l’éducation est confrontée à des défis presque insurmontables. La menace constante de la violence empêche toute éducation, d’autant plus que les établissements scolaires sont fréquemment pris pour cible par les groupes armés insurgés. Les familles subissent de lourdes pertes, qu’il s’agisse de la perte de vies humaines, de membres de la famille, de revenus ou de leur maison, et peuvent même devenir des réfugiés ou des personnes déplacées à l’intérieur du pays. Il est essentiel de consolider les efforts d’aide humanitaire pour garantir que certains services éducatifs de base continuent d’être fournis même pendant les conflits. À bien des égards, l’éducation est un médicament efficace pour prévenir les conflits avant qu’ils ne se produisent et pour traiter les conséquences sociales des conflits après qu’ils se soient produits. L’éducation est essentielle à la construction de la cohésion sociale et offre un moyen non violent d’exprimer et de promouvoir des objectifs politiques. Dans les sociétés présentant un risque élevé de conflit, une éducation ciblée qui aide les minorités sociales, politiques et ethniques peut prévenir la violence. Si un conflit survient dans une société, l’éducation après le conflit peut combler les lacunes en matière de développement laissées par les populations déplacées, contribuant ainsi à restaurer l’économie de la société. L’éducation après un conflit peut également aider ceux qui ont été affectés négativement par le conflit, en particulier ceux qui ont perdu leur vie, leur famille ou leur maison ; l’éducation peut fournir les outils nécessaires à la résilience et à de nouvelles et meilleures opportunités. Enfin, l’éducation aux droits de l’homme peut réintégrer les anciens combattants en leur apprenant l’erreur de leur comportement violent et réconforter les anciennes victimes en leur apprenant à apprécier leur importance en tant qu’êtres humains.

Un dernier défi auquel l’éducation continue de faire face est celui des bouleversements permanents causés par la pandémie de COVID-19. Les élèves les plus touchés par l’apprentissage numérique, notamment les jeunes enfants et ceux qui n’ont pas les moyens d’accéder à Internet ou à la technologie numérique, continuent de prendre du retard à l’école. Nous devons empêcher ce que l’on appelle de plus en plus une “crise mondiale de l’apprentissage”, car les enfants ne reçoivent pas la qualité d’éducation qui était offerte avant la pandémie COVID-19 et les écoles ne parviennent pas à s’adapter aux exigences changeantes du 21e siècle. Les décideurs politiques nationaux et internationaux doivent solliciter les réactions des écoles et des familles pour savoir comment la politique éducative peut évoluer à l’ère du numérique, et comment la numérisation peut intégrer des élèves de tous horizons et de tous besoins d’apprentissage.

En 2023, Broken Chalk se concentrera sur ces questions en plus d’autres. Il est important de se rappeler, en cette Journée internationale des droits de l’homme, que tous les droits de l’homme sont interconnectés et se génèrent mutuellement ; faciliter le droit à l’éducation contribuera à faciliter d’autres droits de l’homme, comme le droit à la vie, à l’égalité devant la loi, à la vie privée, à la propriété, à la liberté de pensée, de conscience et de religion, à la liberté d’opinion et d’expression, etc. Réciproquement, les avancées dans d’autres droits de l’homme auront un impact positif sur l’éducation.

Broken Chalk s’engage à ce que cette nouvelle année, nous travaillions dur pour promouvoir tous les droits de l’homme en renforçant le droit à l’éducation.

Signé par

Broken Chalk

Human Rights Day 2022 Press Release_French

La corruption en Azerbaïdjan : un guide sur les défis en termes d’éducation

Educational Challenges in Azerbaijan

La corruption en Azerbaïdjan : un guide sur les défis en termes d’éducation 

L’Azerbaïdjan est un pays situé dans la région du Caucase et, jusqu’à son indépendance en 1991, il était dirigé par l’Union soviétique. Malgré l’immensité de ses ressources naturelles, l’Azerbaïdjan souffre d’infrastructures inadéquates qui affectent de nombreux secteurs, notamment celui de l’éducation.  

Bien que l’éducation soit gratuite dans les écoles publiques, l’enseignement plus avancé est déterminé par la situation financière du ménage. Le revenu annuel d’une famille azerbaïdjanaise moyenne est de 4 250 manats (2 500 dollars), ce qui affecte le budget de l’éducation des familles ordinaires. L’embauche de professeurs particuliers et le paiement du matériel scolaire nécessitent un budget plus important que celui que les familles peuvent actuellement se permettre. Les systèmes d’enseignement supérieur ont tendance à choisir d’admettre les étudiants issus de milieux aisés et à écarter les étudiants issus de familles rurales et à faibles revenus. 

En ce qui concerne la qualité du système éducatif, le fait que les écoles secondaires ne préparent pas correctement les étudiants aux admissions universitaires conduit de nombreux étudiants à échouer aux examens d’entrée à l’université en raison de leurs faibles performances.  Compte tenu des lacunes du système éducatif, les parents des milieux les plus aisés engagent des professeurs particuliers afin de garantir un enseignement de qualité. Ceux qui profitent de cette situation sont les élites gouvernementales, car leurs possibilités de fournir une meilleure éducation à leurs enfants sont beaucoup plus élevées. Ces enfants sont parfois envoyés à l’étranger, dans des pays tels que les États-Unis, le Canada et les pays d’Europe occidentale, afin de poursuivre une éducation de qualité. Ceux qui n’ont pas les moyens de le faire se retrouvent avec un niveau d’éducation insuffisant.  

L’accès aux supports éducatifs tels que les livres, les articles, les journaux, etc. est minimal, en particulier ceux en langue azerbaïdjanaise.  Les bibliothèques universitaires ne disposent pas des ressources nécessaires à des fins éducatives, et les étudiants se plaignent de l’obsolescence du contenu de ces documents et de leur manque de pertinence par rapport à la situation actuelle. 

L’une des principales raisons de la pénurie de matériel et de ressources pédagogiques est le manque de soutien du gouvernement à la recherche universitaire et à la traduction. Les propositions budgétaires pour le développement du secteur de l’éducation et la restriction de l’aide financière et du soutien à la recherche universitaire laissent le pays dans une situation de pénurie intellectuelle. En outre, les universitaires migrent le plus souvent vers des pays plus développés qui leur offrent de meilleures incitations à la recherche. 

L’enseignement post-universitaire en Azerbaïdjan nécessite des changements importants dans son système. Il a besoin de beaucoup d’attention et de développement dans la mesure où les programmes de troisième cycle n’apportent pas aux étudiants le professionnalisme dont ils ont besoin pour devenir plus spécialisés dans leur domaine. Richard D. Kortum, professeur émérite à l’East Tennessee State University, décrit la médiocrité de l’enseignement dispensé dans le cadre de la maîtrise en Azerbaïdjan : “Les étudiants en maîtrise en Azerbaïdjan doivent généralement suivre le même cours, le même instructeur, le même livre, le même matériel de cours, les mêmes tests qu’en tant qu’étudiants de premier cycle”.

La corruption est un autre problème majeur qui se pose actuellement en Azerbaïdjan. Bien qu’illégale dans la Constitution, elle est devenue un moyen de survie normalisé au sein de la population. La population n’a d’autre choix que de payer des pots-de-vin pour accéder à tous les secteurs, notamment l’éducation, les soins de santé, les services gouvernementaux, l’emploi, entre autres. Les responsables de ces institutions tirent profit de ces pots-de-vin en mettant les gens dans une situation où ils doivent payer pour que tout problème soit résolu. 

Selon l’Institut de statistique de l’UNESCO, l’Azerbaïdjan affiche le plus faible taux d’inscription dans l’enseignement post-secondaire (tertiaire) par rapport aux autres pays de la région du Caucase et de l’Asie centrale, puisque 77 % des Azerbaïdjanais qui obtiennent leur diplôme ne s’inscrivent pas à l’université. Cela est probablement dû au “système d’attribution des quotas de l’État, mal conçu et très centralisé”. Le tableau 1 ci-dessous montre le pourcentage d’étudiants qui ont postulé à des universités entre 2010 et 2014 en Azerbaïdjan, en Arménie, en Géorgie et au Kazakhstan.

Educational Challenges in Azerbaijan

By Zinat Asadova

Translated by Serena Bassi  [Educational Challenges in Azerbaijan]

Sources;

[1] Souce: Mammadova, S., Guliyev, F., Wallwork, L. and Azimli, N., 2016. Human Capital Development in Azerbaijan. Caucasus Analytical Digest, (90), pp. 8,. Available at: <https://www.academia.edu/30431942/The_Quality_of_Education_in_Azerbaijan_Problems_and_Prospects>

[2] Mammadova, S., Guliyev, F., Wallwork, L. and Azimli, N., 2016. Human Capital Development in Azerbaijan. Caucasus Analytical Digest, (90), pp.8,. Available at: <https://www.academia.edu/30431942/The_Quality_of_Education_in_Azerbaijan_Problems_and_Prospects>

[3] Mammadova, S., Guliyev, F., Wallwork, L. and Azimli, N., 2016. Human Capital Development in Azerbaijan. Caucasus Analytical Digest, (90), pp. 7,. Available at: <https://www.academia.edu/30431942/The_Quality_of_Education_in_Azerbaijan_Problems_and_Prospects>

[4] Richard D. Kortum, “Emerging Higher Education in Azerbaijan”, Journal of Azerbaijani Studies, 12, 2009.

[5] Mammadova, S., Guliyev, F., Wallwork, L. and Azimli, N., 2016. Human Capital Development in Azerbaijan. Caucasus Analytical Digest, (90), pp. 7,. Available at: <https://www.academia.edu/30431942/The_Quality_of_Education_in_Azerbaijan_Problems_and_Prospects>

[6] Souce: Mammadova, S., Guliyev, F., Wallwork, L. and Azimli, N., 2016. Human Capital Development in Azerbaijan. Caucasus Analytical Digest, (90), pp. 8,. Available at: <https://www.academia.edu/30431942/The_Quality_of_Education_in_Azerbaijan_Problems_and_Prospects>

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Les défis de l’éducation dans l’État plurinational de Bolivie : des barrières éducatives à l’inadéquation des compétences

 

L’État plurinational de Bolivie a récemment connu plusieurs évolutions positives et négatives. L’Institut économique suisse KOF a souligné en 2019 que la Bolivie a conservé un taux moyen de croissance du produit intérieur brut (PIB) de 4,9 %, principalement grâce à ses exportations de ressources naturelles telles que l’or, le zinc, l’argent, le cuivre et les réserves de gaz naturel. Toutefois, avec un PIB de 3 117 dollars par habitant – nettement inférieur à celui de ses voisins – la Bolivie reste l’État le plus pauvre d’Amérique du Sud. L’indice du coefficient de GINI de la Banque mondiale a mis en évidence le taux élevé d’inégalité des revenus : La Bolivie a obtenu en 2016 un score de 44,6 sur 100 en matière d’égalité des revenus. 

Ces hauts et ces bas de développement sont perceptibles dans plusieurs sphères, dont celle de l’éducation. Comme le notent Andersen et al. (2020), l’éducation bolivienne manque de données statistiques car, au cours des vingt dernières années, le pays n’a pas participé aux grandes évaluations éducatives habituellement menées par des organisations internationales comme le Programme international pour le suivi des acquis des élèves (PISA) de l’OCDE ou l’étude TIMSS (Trends in International Mathematics & Science Study) de l’AIE. Les chercheurs et les responsables politiques ne savent donc pas quels sont les principaux défis en matière d’éducation et quelles solutions peuvent améliorer l’accès à une éducation de qualité pour que la Bolivie atteigne à temps le quatrième objectif de développement durable : “assurer une éducation de qualité inclusive et équitable et promouvoir des possibilités d’apprentissage tout au long de la vie pour tous”.  Pour se faire une idée plus précise de l’état de l’éducation en Bolivie et de la probabilité que les diplômés des niveaux d’éducation appropriés et supérieurs répondent aux demandes du marché du travail, il faut recueillir des informations auprès de sources diverses mais crédibles. 

Obstacles historiques à l’éducation

L’organisation « Borgen Project », qui vise à réduire la pauvreté dans le monde par le biais de la politique étrangère des États-Unis, a noté en 2015 qu’environ un étudiant sur sept en Bolivie ne termine pas ses études. Cela conduit à ce qu’une majorité d’entre eux ne commence pas l’enseignement secondaire. Bien que le taux global d’analphabétisme ait été réduit de 36,21% en 1976 à 7,54% en 2015, plus d’un million de Boliviens âgés de 15 ans et plus restent analphabètes. Quatre raisons sont avancées pour expliquer ces problèmes :   

1. Bien que la majorité des étudiants soient issus de milieux indigènes et parlent le quechua ou l’aymara à la maison, les cours sont normalement dispensés en espagnol ; 

2. Il existe toujours un écart important entre les habitants des zones rurales et ceux des zones urbaines. Les étudiants des zones rurales ne terminent en moyenne que 4,2 années d’études avant d’abandonner pour soutenir financièrement leur famille. En revanche, les élèves des zones urbaines achèvent en moyenne 9,4 années de scolarité ;

3. L’éducation ne relève pas de la compétence de l’État, ce qui se traduit par un manque de ressources pour créer un environnement propice à la poursuite d’une éducation de bonne qualité ; et

4. En lien avec le point précédent, les enseignants continuent de recevoir des salaires bas et font souvent grève, laissant les élèves sans accès à l’éducation pendant des jours ou des semaines. 

Certains des problèmes susmentionnés découlent du développement historique de l’éducation en Bolivie. Redin (2020) explique qu’après la fin de la dictature militaire, les réformes néolibérales entre 1980 et 1990 ont renforcé le soutien à la diversité ethnique mais ont réduit l’ingérence de l’État et les dépenses sociales. Cela a eu un impact considérable sur les inscriptions dans les écoles publiques. L’État a échoué dans ses tentatives de stimuler cette scolarisation en sortant les familles rurales de la pauvreté et en les encourageant à envoyer leurs enfants à l’école. Cet échec a incité les mouvements indigènes, tels que les conseils éducatifs des peuples indigènes (CEPOS), ainsi que les parents, à créer leurs propres fondations pour prendre les choses en main en donnant aux écoles et aux enseignants les moyens de dispenser une éducation de meilleure qualité, en tenant compte de la culture et de la langue indigènes et en les incorporant dûment. L’éducation s’est donc transformée en une institution privatisée gérée par la société plutôt que par l’État, en raison d’un “processus de mauvaise répartition” dans lequel les droits politiques civils ont été renforcés en échange d’efforts réduits en matière de droits sociaux.  

Accès à l’éducation et accessibilité 

Une autre caractéristique du système éducatif bolivien, relevée par l’étude qualitative de Muyor-Rodriguez et al, (2021), est que les universités publiques n’ont pas réussi à répondre aux besoins éducatifs des étudiants handicapés. Malgré l’engagement des universités publiques à fournir un accès à l’éducation à tous les étudiants dans des conditions d’égalité, les participants aux discussions de groupe ont affirmé qu’il y a un manque d’égalité de valeur dans l’éducation reçue par les étudiants handicapés en faveur de la diversité ethnique ou sexuelle, ce qui a exclu ou stéréotypé certains handicaps.  Bien que la résolution n° 9/09 de 2009 exempte les étudiants de passer des tests d’admission pour entrer dans les universités publiques, le degré d’autonomie résultant du système de co-gouvernance qui existe entre les enseignants et les étudiants, a fait que certaines universités n’ont pas appliqué cette politique.  Les participants ont également évoqué la discrimination dont ils ont été victimes de la part de professeurs qui ne faisaient pas de distinction entre les exigences éducatives des étudiants handicapés et celles des étudiants non handicapés, ainsi que les préjugés résultant du manque de ressources du personnel universitaire pour répondre à leurs besoins. L’effet cumulatif est l’inefficacité de la gestion à long terme de l’impact qu’apportent les campagnes d’inclusion. 

L’éducation depuis Evo Morales

Avec l’élection d’Evo Morales à la présidence en 2005, de nouveaux efforts ont été déployés dans le domaine de l’éducation afin de décoloniser le programme scolaire bolivien d’un “projet blanco-méstizo centré sur la science” et de l’orienter vers un “espace égal pour la science et le savoir ancestral”.  Le gouvernement a cherché à établir un équilibre qui reste axé sur le développement des compétences scientifiques tout en poursuivant l’intra-culturalité de 1994 qui conserve la ou les cultures, l’histoire et les connaissances indigènes de la société bolivienne. Ces changements ont obligé les enseignants à trouver des méthodes créatives pour équilibrer l’offre d’une éducation qui donnera aux apprenants les compétences nécessaires pour accéder à des niveaux d’éducation plus élevés et leur donnera les compétences requises pour être absorbés par le marché du travail.  

L’éducation ne répond pas aux exigences du marché du travail

Andersen et al. (2020) ont constaté l’inadéquation entre l’éducation et les compétences exigées par le marché du travail, qui a fait que de nombreux diplômés n’ont pas réussi à récolter les fruits de leur éducation entre 2007 et 2017.  Leur analyse souligne que les personnes particulièrement touchées par les failles systémiques de l’éducation sont les hommes urbains non indigènes, qui sont restés sans répartition appropriée des revenus tout au long des 15 premières années d’éducation. Le factbook du KOF établit qu’une grande partie de la population active bolivienne travaille dans les secteurs primaires de l’agriculture, de la chasse, de la sylviculture et de la pêche, ainsi que dans les secteurs secondaires de la fabrication, de la construction, de l’exploitation minière et des activités industrielles, soit respectivement 27,4 % et 22,6 %.  Cette situation est la conséquence de ce que l’on appelle le “super cycle des produits de base”, qui a augmenté la demande des produits de base d’exportation de la Bolivie, mentionnés ci-dessus, ce qui a conduit les jeunes hommes à abandonner l’école pour profiter des bénéfices de ces industries. En outre, il a déclenché ce que l’on appelle le “syndrome hollandais” dans le secteur de la construction.  Cela a créé un cercle vicieux de prix élevés des produits de base, conduisant à davantage de développement foncier qui, à son tour, nécessite davantage de travailleurs, qui s’appuient sur la formation en cours d’emploi plutôt que sur l’obtention de niveaux d’éducation particuliers. Ainsi, un marché du travail exigeant des travailleurs équipés se crée, préférant l’expérience pratique aux connaissances théoriques.  L’une des principales préoccupations de cette inadéquation est le taux accru de fuite des cerveaux en Bolivie. En 2015, 799 605 Boliviens (environ 7,5 % de la population nationale) ont émigré, soit pour poursuivre des études supérieures, soit pour récolter les fruits de l’éducation qu’ils ont déjà reçue. Par conséquent, la Bolivie perd les bénéfices des connaissances et des compétences acquises par ses étudiants. 

L’apparition de la pandémie de Covid-19 sert de multiplicateur de force pour ces problèmes existants. Comme l’indique le rapport national 2020 du Fonds des Nations unies pour l’enfance (UNICEF), 2,9 millions d’enfants au total n’ont plus accès à l’éducation et aux systèmes de soutien nutritionnel fournis par leurs écoles. La pandémie a également mis en évidence la fracture numérique entre les populations urbaines et rurales, car il est essentiel de disposer d’une connexion internet stable pour accéder aux services éducatifs virtuels. 

 

 

L’avenir de l’éducation en Bolivie

Le gouvernement bolivien a fait des efforts pour améliorer l’état de l’éducation, comme le montrent les exemples suivants :  

1. Il a supprimé, d’ici 2017, l’écart de scolarisation entre l’enseignement primaire et secondaire en fonction du revenu, du sexe ou de l’origine ethnique ; 

2. Il a triplé le nombre d’enseignants disponibles entre 2000 et 2017. Il y a désormais un enseignant pleinement qualifié pour 24 écoliers ; 

3. 39% de tous les Boliviens ont été investis dans une forme d’éducation formelle en 2017 ; et 

4. La base de données des indicateurs d’éducation de l’UNESCO explique que le gouvernement a investi en moyenne 7 % de son PIB dans l’éducation. Cela montre l’engagement du gouvernement à garantir l’accès à une éducation gratuite et publique de première qualité qui tient compte de la diversité et offre des chances et des avantages égaux sans discrimination. 

 

Les étudiants boliviens se préparent aux changements des facteurs externes qui régissent le cycle des matières premières en Bolivie. Comme l’ont déclaré Andersen et al., “il est certainement préférable d’opter pour une éducation trop importante plutôt que trop faible”.  

Le gouvernement bolivien doit harmoniser ses ressources avec le secteur privé et d’autres parties prenantes nationales afin d’améliorer la qualité de l’éducation reçue et les retours nécessaires du marché du travail qui favorisent un système éducatif qui ajoute de la valeur et, à son tour, crée de la valeur pour l’État et les Boliviens en général. Ce cycle positif de développement aiderait également la Bolivie à atteindre ses autres cibles des ODD, notamment l’élimination de toutes les formes de pauvreté, la création d’opportunités de travail décent, la promotion d’une croissance économique durable et inclusive, et la réduction des niveaux d’inégalité avec les autres États.

 

Traduction de Serena Bassi

Written by Karl Baldacchino

Edited by Farai Chikwanha and Olga Ruiz Pilato

 

 

Endnotes

 

[i] KOF Swiss Economic Institute (2019) ‘KOF Education System Factbook: Bolivia’. KOF Education System Factbooks: Zurich, 1st Ed., pp. 3-5.

[ii] Andersen, L. E. et al. (2020) ‘Occasional Paper Series No. 63 – A Country at Risk of Being Left Behind: Bolivia’s Quest for Quality Education’. Southern Voices, p. 11.

[iii] United Nations Department of Economic & Social Affairs. ‘Goal 4’. Available online from: https://sdgs.un.org/goals/goal4 [Accessed on 28/02/2022].

[iv] Binns, M. (2015) ‘Top 4 Reasons Education in Bolivia Lags’. The Borgen Project. Available online from: https://borgenproject.org/top-4-reasons-education-in-boliva-lags/ [Accessed on 28/02/2022].

[v] Muyor-Rodriguez, J. et al. (2021) ‘Inclusive University Education in Bolivia: The Actors and Their Discourses’. Sustainability, Vol. 13. Available online from: https://doi.org/10.3390/su131910818 [Accessed on 28/02/2022], p. 2.

[vi] ‘Top 4 Reasons Education in Bolivia Lags’.

[vii] Redin, M. C. B. (2020) ‘Dilemmas of Justice in the Post-Neoliberal Educational Policies of Ecuador and Bolivia’.  Policy Futures in Education, Vol. 18(1), pp. 53-56.

[viii] Ibid., p.58.

[ix] ‘Inclusive University Education in Bolivia’, p. 3.

[x] Ibid., pp. 8-10.

[xi] Ibid., pp. 4 & 9-10 & 12.

[xii] Ibid., pp. 13-14.

[xiii] Ibid., pp. 58-59.

[xiv] Ibid., p. 61.

[xv] ‘A Country at Risk of Being Left Behind’, pp. 15-16.

[xvi] ‘KOF Factbooks’, p. 4.

[xvii] ‘A Country at Risk of Being Left Behind’, pp. 19-20.

[xviii] Ibid., p. 27.

[xix] Ibid., p. 21.

[xx] United Nations Children’s Fund (2020) ‘Country Office Annual Report 2020 – Bolivia, Plurinational State of’, p. 1.

[xxi] ‘A Country at Risk of Being Left Behind’, pp. 27-29.

[xxii] Ibid., p. 29.

[xxiii] Ibid., pp. 22-26.

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